INTERIM OU CDD ? L’ENJEU DU 3ème TOUR
16 mars 2015Le verdict des urnes est tombé. Les masques aussi. Plus de l’esbroufe possible. Encore moins de démonstration de force. Les électeurs ont décidé dans leur âme et inconscience de redistribuer les cartes. Résultat des scrutins, un paysage politique morcelé. Obligation, donc, aux politiques de jouer au 3ème tour. Recomposer, Renouer des alliances, « dealer » des postes et des promesses de chasse gardée de part et d’autre pour constituer une majorité de circonstance à l’Assemblée. De la robustesse de cet attelage et des ambitions surdimensionnées des « Iznogoud » dépendent la durée du contrat de nos nouveaux élus.
L’UPDC en chasse
Même si l’UPDC célèbre sa « victoire » à la santé du peuple, moyennant tout de même 5000 Fc, avec des arriérés de salaire, force est de constater que le cœur des stratèges du parti n’est pas totalement aux réjouissances. Pour cause, la hantise que l’homme qui a fait Iki calife à la place du calife ne s’accapare malicieusement du Palais du peuple. Du coup, la fin, semble-t-il justifie les moyens. Et l’UPDC part à la chasse. Après les vaines tentatives de débauchage, place aux négociations, aux marchandages et même aux chantages.
Alors que pour RADHI, une alliance avec l’UPDC s’inscrit dans une dynamique amorcée avant les élections, donc naturelle, en somme une « officialisation » d’une bonne entente, pour d’autres partis, l’échéance de 2016 pèse lourd dans le positionnement.
A commencer par le gouverneur de Mohéli. Chez Djoumbé Fatima, le Sultan, c’est lui. Pas de président qui tient. Boléro encore moins. Les députés de l’île, ce sont ses hommes. Ceux du conseil de l’île aussi. Donc, son excellence Mohamed Ali Said est INCONTOURNABLE. Et il le fait savoir. Le deal est simple, claire et limpide. L’affiliation de ses députés à l’UPDC contre un engagement écrit de la première dame renonçant au gouvernorat de Mohéli. Sinon…
A Anjouan, la situation est moins tendue. Juwa a raflé la mise. Mais le gouverneur Anissi Chamsidine et le vice-président Nourdine Bourhane essaient de sauver les meubles. Tentatives de débauchage et opération séduction des « indépendants » seraient d’actualité.
A Ngazidja, le TSS (Tout Sauf Sambi) montre ses limites. Chaque parti, chaque leader revoit ses ambitions et sa stratégie. Si pour la CRC, rien n’a changé ou presque. Azali lorgne toujours Beit-Salam. Du coup, il faut écarter « la menace Sambi » tout en gardant les faveurs d’Iki, sans soutenir ouvertement la mouvance. En langage familier, la CRC se range du côté du pouvoir en place mais ne revendiquera probablement pas un portefeuille ministériel.
Il en va autrement de Mouigni Baraka. La défaite aux législatives le contraint à un peu plus de circonscription vis-à-vis du trio Mamadou-Boléro-Iki, soupçonné d’avoir lâché le RDC. Echaudé, le TSS ne serait pas une fin en soi. Le gouverneur compte bien négocier son soutien. Même si quelques hommes forts du parti font pression pour que l’homme de Ngazi Ngomé continue l’étroite collaboration avec Beit-Salam.
Les tractations continuent. La majorité au conseil de l’’île de Ngazidja sera le parfait reflet du jeu des alliances. Même si des rebondissements de dernière minute ne sont pas à écarter.
Juwa aux aguets
Pendant ce temps, Juwa joue son va-tout. Elle se tient aux aguets. Prêt à saisir la balle au bond. Malgré le net avantage de l’UPDC, donc, de ses propres résultats loin des objectifs voulus ; à savoir disposer de la majorité, les hommes de Sambi ne désespèrent pas de capitaliser sur les rivalités du « nid à crabes », des ambitions présidentielles de la mosaïque TSS et du retournement de veste de certains indépendants.
Il n’est pas non plus exclu de voir une alliance « objective » entre le RDC et Juwa. Même si cette hypothèse se heurte à une difficulté importante. La rivalité exacerbée entre le gouverneur et le président du PEC, Fahmi Said Ibrahim.
Des députés mohéliens transfuges ? Peu probable mais pas impossible. Tout comme des voix en off susurrent que des indépendants seraient attirés par les rayons du soleil.
A peine députés et déjà dépités
Le plus cocasse dans l’histoire, c’est l’incertitude qui plane sur la durée de la législature. A peine élus que nos députés sont dépités de constater que tous les partis parlent ouvertement d’une dissolution possible après les présidentielles. A moins que la majorité parlementaire soit conforme aux désidérata du président. D’où la tentation naturelle pour certains nouveaux élus de faire un pari qu’ils espèrent gagnant. Choisir un camp, qu’il soit celui qui l’a porté à Hamramba ou non. Choisir non pas uniquement pour des convictions. Mais aussi pour « le mangement » : s’assurer un petit CDD (Contrat à Durée Déterminée), le temps d’une mandature, en lieu et place de l’intérim d’un an promis. Par ces temps de crise et de retour aux arriérés de salaire, le Palais du peuple, contrairement au peuple, ne connait pas la crise.
Mais quel que soit le subtil attelage issu des différentes combinaisons imaginables, les citoyens attendent enfin des actes forts et justes.
Idjabou BAKARI
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