AUX COMORES, QUE LE MAUVAIS GAGNE
11 mai 2015Je commence par cette anecdote :
Il y a dix ans, j’ai été en classe de première dans un des lycées de la capitale et dans ma classe, un élève attirait beaucoup mon attention. C’était le plus jeune de la classe mais, la manière dont il s’habillait, me faisait croire qu’il était bureaucrate plutôt qu’un élève et encore moins de son âge.
Plus curieux que j’étais, je me suis rapproché de lui de plus en plus afin de connaitre mieux son environnement familial ; et j’ai découvert qu’il était fils d’un diplomate comorien, et il était trop fier de me l’annoncer. Comme tous les jeunes lycéens, on se posait toujours des questions les uns, les autres sur nos projets professionnels. Quand vint son tour de s’exprimer sur le sien, il m’a dit qu’il attendait juste avoir son bac et ensuite partir à l’étranger pour aller faire des études des sciences politiques, car comme son père, il veut être diplomate, ministre et pourquoi pas président de la république. Je lui ai demandé ensuite, mais comment es-tu sûr que tu pourras partir à l’étranger et pouvoir faire une école de science po ? Il a souri et m’a dit, j’aurai forcément une bourse. Bien sûr c’est quand Sambi sera élu. Et mon père occupera une bonne place. Imaginez la suite, mon visage s’est crispé en écoutant cette dernière phrase. Moi qui étais premier de la classe et savais à l’avance qu’aucune chance, je ne peux avoir une bourse après l’obtention du bac, alors que lui, n’était même pas parmi les 15 premiers, il est déjà sur la liste des gagnants de cette opportunité.
Sambi a été élu« Ritsona Ntrongo ratsuparo ona » et le jeune a bien eu la bourse qu’il voulait. Il est parti dans un grand pays pour faire ses études des sciences politiques. Aujourd’hui ce jeune est de retour aux Comores et exerce bien le métier de diplomate, pendant que ceux qui étaient les premiers de la classe trainent à Moroni sans boulot, sans rien de promettant.
Alors comment voulez-vous que les Comores sortent du gouffre dans lequel il se trouve, si les futurs dirigeants sont ceux qui étaient au premier rang sur la liste des cancres et fils des canailles qui ont pilé les caisses de l’Etat ? Là on voit très bien que le pays se transforme en royaume, et c’est devenu un objectif pour chaque voyou qu’il soit remplacé par son fils, lui-même loin d’être Saint.
L’histoire qui suit en est le parfait exemple :
Récemment un ami m’a appelé et m’a parlé avec une voix désespérée. Il s’agit d’un jeune qui a eu son bac avec mention très bien dans un pays du golfe. Ne disposant de bource, il ne pouvait pas continuer dans une université. Donc, il est rentré aux Comores et passé une année sabbatique jusqu’au jour où il va rencontrer des diplomates arabes à Moroni qui vont lui accorder une bourse pour une école militaire. Les arabes lui ont imposé une seule condition : il faut que l’Etat comorien signe un accord avec le pays qui va l’accueillir. Le jeune s’est rendu au ministère de la défense de l’union des Comores et a obtenu son visa pour une des écoles militaires royales les plus prestigieuses du golfe.
Sans difficultés, le jeune a réussi son école militaire avec succès et a été gradé lieutenant par l’émir du pays au cours d’une cérémonie dont sa famille résidant aux Comores a été parmi les invités d’honneurs. Après avoir réussi ce parcours exceptionnel, la logique serait qu’il retourne aux Comores pour mettre son savoir au service de la nation qui manque des vrais officiers. Mais, mauvaise nouvelle, unministre de la défense des Comores lui annoncerait qu’il n’y a pas de place. Ce cas n’est pas isolé car il y en a beaucoup de jeunes qui sont aux Comores et qui vient pareils.
Comment peut-on laisser des jeunes aller faire des telles études spécifiques et ne pas leur ouvrir la porte d’entrée à l’AND ? C’est une trahison. Mais est-ce qu’il n’y a pas vraiment de place dans l’AND ou ces places sont réservées aux enfants de la famille royale ? Cette interrogation s’impose car un fils de l’un de des hauts dignitaires du pouvoir, a récemment fini ses études militaires et il serait actuellement officier de l’Armée des Comores ? Encore une fois, pas de place pour les bons éléments, qui malgré les faibles moyens de leurs parents se sont battus pour réussir dans les études.
N’est-ce pas bête ou idiot de laisser des jeunes militaires trainer dans la rue alors que le pays a vraiment besoin des bons militaires. Sachant qu’une fois ils seront nombreux ils pourront régler leurs comptes ?
Si l’Etat comorien, n’agit pas c’est le peuple qui est le plus grand perdant, car le moment où vous me lisez certains pays arabes entament des procédures pour recruter ces jeunes officiers qui ont été brillants mais laissées à l’abandon par le royaume d’Ikililou et ses télécommandes.
Tel est le royaume qui se dessine et les comoriens se massacrent dans leurs villages pour des histoires des votes dont les candidats ignorent leur existence. « Tchele bo wanama ».
Halifa S. Hassane
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