Les religieux doivent avoir des opinions distinctes de la politique pour mieux accomplir leur mission de guide. Mais ceux des Comores abandonnent actuellement leur position. Ils se mouillent à fond dans la politique. Ces derniers temps, on assiste à la politisation du culte. De cette orientation, la première victime est la population. Irrités par des propos « diffamatoires » de la radio La Baraka FM, incriminant des pays « amis », en l’occurrence, le Qatar et l’Arabie Saoudite, des prédicateurs comoriens se sont réunis à Mdé, le 3 mai 2015. Dans un communiqué, ils ont mentionné « Les informations tenues par la radio La baraka FM, ont choqué la population, qui porte un grand amour et beaucoup de respect sur les relations diplomatiques et fraternelles entre les deux pays… ». Mais de quelle population parle-t-on ici ? Ces Ulémas sont-ils au courant de l’existence d’une population au pays de « wandru dositirilana » ? Cette population affamée, désœuvrée, gueuse, dont les droits et les devoirs sont violés quotidiennement sous leurs yeux sans mot dire ?

« Un bouc-émissaire ?»

Ces politiques d’Ulémas veulent utiliser une seconde fois, la population comorienne, mais d’une autre manière. C’est de prendre les médias comme bouc-émissaire. Ces fortunés des ONG du golf et récipiendaires des largesses des pétrodollars, demandent à l’Etat comorien d’opprimer la liberté d’expression avec des prétextes perfides. Liberté d’expression qui est déjà agonisante. Combien de faits et de cas, desquels la population comorienne est victime, et que ces Ulémas cautionnent soit directement ou indirectement par leur silence complice ? Exemple, bien précis ; la non implication des uns dans la gestion des conflits locaux et la prise de position des autres dans ces mêmes conflits. Said A. Rifki, un Uléma comme eux, a été victime d’une menée du pouvoir Iki, et aucun de ses frères Ulémas n’a levé son petit doigt. Ces fortunés d’outre-organismes, restent de marbre face aux tueries, aux détournements de fonds, à la ruine de la société, à la dégradation des mœurs, à la délinquance, à l’insécurité… tous, au su et au vu de cette classe. En quoi les déclarations parvenant de la Radio La baraka FM, peuvent nuire à la diplomatie comorienne, si ce n’est pas la diplomatie des dattes et de la viande de moutons sacrifiés ? Ces Ulémas et les gouvernements comoriens sont les principaux bénéficiaires des relations entre les Comores et ces pays « amis » et leurs organisations d’embrigadement, pardon, de charité. Des missionnaires aux îles Comores. Il faut donc la vigilance de la population face à ce phénomène qui risque de faire plonger le pays dans un cataclysme puissant.

« Ca donne envie de rire »

Dans leur communiqué, ces Ulémas mentionnent « les propos diffamatoires tenus par des individus à la radio La baraka FM, constituent une insulte pour les Comores, et demandent au gouvernement comorien de prendre ses mesures fermes sur les auteurs de ces propos. » Une fatwa alors ? Hallucinant ! Quand ces ulémas parlent de protection de la dignité des pays frères, ça donne envie de rire. Et voilà « hunosiza mitso na mitrede ye hifa ». Et la dignité des Comores dont les enfants sont exploités, traités avec des effets pervers, vulgarité sans pareille et ont subi toutes les misères, dans ces pays « amis » où ils se trouvent en quête d’une vie meilleure, hélas ? Ces fortunés de la zakate ignorent que ces pays dits-amis torpillent la dignité humaine. Il n’est un secret pour personne que ce dogme wahhabite commence à grisailler les cieux comoriens. Et ça, personne n’en parle. Des heurts religieux, qui ne laisseront pas en sérénité la société comorienne connue pour sa placidité, sa convivialité et sa solidarité, sont prévisibles. Les valeurs religieuses et traditionnelles de notre pays sont en lambeau. L’expansion massive dans le paysage sociopolitique des Comores, des velléités de ces pays peu respectueux des droits de l’homme, est apocalyptique. C’est clair. Les conflits, inter-confessions desquels ces pays arabes font l’objet ne laisseront pas indemne nos Comores en souffrance. Donc s’il y a à interpeller l’Etat comorien, c’est le contrôle formel de la société, face à la prolifération des idées haineuses et des comportements des lobbys, bien fortunés de ces pays dits « frères », dans notre pays… Oui des fortunés dans nos Comores, dont on ferme les yeux sur les vraies missions. 

SAID YASSINE Said Ahmed

COMORESplus

 

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