SAMBI CANDIDAT EN 2016
17 mai 2015En meeting à Paris, Sambi lève le voile sur un secret de polichinelle. Oui il sera candidat aux primaires de 2016 à Ngazidja. Et rien, ni personne ne l’en empêchera. Rien, sauf la cour constitutionnelle. En attendant, il convie les présidents de la tournante à un débat sur les bilans respectifs et promet encore « le paradis touristique ». Pendant que ses nouveaux alliés, Achirafi Said Hachim du Cadim, Idi Nadhoime d’ADD Zamzam et Said Larifou du Ridja, en compagnie de Fahmi Said Ibrahim du Pec expliquaient l’original concept de « rassemblement de cœur et de conviction ».
Dans la série « Devines qui vient amadouer la diaspora ? » le public parisien a eu droit au « Sambi show and co. ». La dernière production de la toute nouvelle coalition de l’opposition. « nde turufu ne ze anzi nne », « le Joker et les quatre As » dixit Mdoukani, le maître de cérémonie. Deux heures et quart de discours sur « la constitution bafouée » à l’Assemblée nationale, à l’origine de l’offensive diplomatique internationale et de la hantise d’un coup tordu pour les élections présidentielles et contre la candidature de Sambi.
« Un débat entre présidents »
Or candidat, depuis hier, il ne fait plus de doute que l’ancien président A.A.M. Sambi l’est pour les primaires de 2016 à Ngazidja. Plus déterminé que jamais. « La volonté que j’avais hier au moment de la libération d’Anjouan demeure la même qu’aujourd’hui. Mais pour la bataille des urnes », a-t-il déclaré. D’autant que si il revient, et nous devons le croire, puisqu’il insiste deux fois « Na mni amini namni amini » « croyez-moi, croyez-moi », ce n’est pas pour « la gloire », encore moins pour « l’argent». Il n’en manquait pas non plus selon lui avant sa présidence. D’ailleurs, pendant qu’on y est, il est clean, « tsili halali, tsino halali » « J’ai consommé que du halal », pas d’abus de biens sociaux, ni de détournements a-t-il clamé.
Son retour en politique serait motivé par « le relais défaillant », ces héritiers qui auraient abandonné les projets légués par le parrain et qui bafoueraient les institutions. Dans le viseur, le gouverneur Anisse Chamsidine et le président Ikililou Dhoinine.
Côté promesse, il a ressorti encore « le rêve, son rêve : faire des Comores le paradis touristique ». Pour pimenter la sauce, il a lancé un défi au club des présidents de la tournante : un débat entre présidents pour parler bilans respectifs. Avant de mettre fin au faux suspens : « Nsiridjeyi Komori nambiye wami Tsa candidat » « Je rentre aux Comores pour annoncer que je suis candidat ».
« Des alliés pas tous sur la même longueur d’onde »
Si pour le fidèle Fahmi Said Ibrahim, malgré ses nombreux déboires avec le Raiss, il n’y a pas de tergiversation possible : « ye candidat wahatru yewuparoi A.A.M.Sambi », « notre candidat s’appelle A.A.M.Sambi. Tout comme pour le Vice-président Idi Nadhoime qui se retire de la course parce que « yewudjo shinda yawane nawo mdzima : Sambi », « le seul rempart contre eux est Sambi ». Il en va autrement pour les deux autres membres de la coalition. Tous les alliés ne sont pas sur la même longueur d’onde. A commencer par Achiraffi Said Hachim. « Harimoi sisi ze parti zontsanu humkiniha rivehe candidat Mdzima. Sha yayo mahadissi » « Il se peut que la coalition des 5 partis présente un candidat commun. Mais ce ne sont que des discussions ». Même légère flexion dans l’intonation du côté de Said Larifou : « ye president mdzima naye geye harimoisi so watsanu » « le président est l’un d’entre nous cinq ».
Cependant, les cinq leaders ont comme une seule voix, fait part de leur appréhension, qui confine limite paranoïaque par rapport à la volonté du clan TSS (Tout Sauf Sambi) de s’accaparer du pouvoir à tout prix « ha mizinga, ha ndrabo, nahayina makri piya » « par les armes, le mensonge ou toute autre subterfuge » a affirmé Idi Nadhoime.
Ils ont dénoncé le « tshenga » « coup » à l’Assemblée, avec l’intrusion de militaires au sein de l’hémicycle, comme preuve tangible et annonciatrice de lendemains sombres pour le respect des institutions. Raison pour laquelle, ils ont pris le bâton de pèlerin, pour entamer un marathon diplomatique, allant des instances africaines aux capitales régionales, afin de les sensibiliser sur « les incertitudes » qui pèseraient sur les présidentielles.
Mais l’essentiel était ailleurs. L’un après l’autre, ils ont délivré le seul message du jour. Ils soutiennent Sambi dans sa volonté de se présenter aux primaires de Ngazidja. « wako hamba shariya tsi waziri sha nde Cour constitutionnelle » « seule la cour constitutionnelle est habilitée à dire le droit et non un ministre » plaidait M. Larifou. Et Madame Sitti farouata Mhoudini, de Juwa France de prévenir : « ye mahakama mahuwu ndo wanatsi » « la cour suprême c’est le peuple ».
Un peuple qui en l’occurrence pour le meeting a dû patienter deux heures avant l’arrivée des stars et n’a eu droit qu’à des discours politico-politiciens dans une salle presque pleine, mais sans atteindre les affluences jadis réalisées par les précédents passages de Sambi à Paris.
Le collectif Rilamha a de nouveau marqué le coup. Fort d’une quinzaine de personnes Rilamha a sorti ses A4, avec toujours les mêmes slogans. Se mettant debout, tout au long du discours de Sambi, sans mot dire, juste les feuilles brandies. Un attroupement s’est fait autour, suscitant curiosité et adhésion aux messages. Le geste, c’est juste, pour rappeler aux visiteurs du jour, les mêmes attentes du peuple : eau, électricité, santé, éducation, etc… et qu’ils sont comptables de la situation actuelle au pays.
Idjabou BAKARI
COMORESplus