Une rencontre et des enseignements : Idi NADHOIM et A.A.MOHAMED SAMBI
27 mai 2015En politique certaines rencontres sont qualifiées d ‘informelles. Mais en politique jamais rien n’est fortuit. Quelquefois, d’une simple visite de courtoisie (comme celle rendue par Idi NADHOIM à Ahmed Abdallah Mohamed SAMBI avant son meeting du 16 mai) peuvent s’engager des discussions qui interrogent le destin d’un pays, mais plus encore la capacité des hommes à porter un véritable projet de société. De ce genre de rencontre peuvent aussi se dessiner les contours d’une pratique autre de la politique, une nouvelle conception, stimulée par des alliances nées d’une convergence de point de vue sur le diagnostic à poser sur les dérives et travers d’un pays et sur les solutions à y apporter.
Le samedi 16 mai donc l’ex-Président SAMBI et son ancien Vice-président Idi NADHOIM ont pris rendez-vous avec l’Histoire. Suite à un entretien préalable, ils se sont affichés côte à côte lors d’un meeting tenu à Paris auquel ont pris part également des membres de l’opposition au gouvernement actuel tels que M° Larifou (RIDJA), M° Fahami ( PEC), Achrafi Hachim (CADIM), et d’autres encore.
Loin de paraître comme une incongruité politique, un hiatus, cette rencontre a consacré les retrouvailles de ces deux éminences politiques qui ont collaboré ensemble pendant 5 ans et qui ont su l’un et l’autre conserver leur particularité tout en se respectant. De leur collaboration (nous le savons tous) plusieurs projets ont vu le jour, en l’occurrence : l’installation des banques, la pêche semi-industrielle et l'usine de transformation des produits halieutiques, les fonds pour l'entretien routier de l’Union européenne, la prospection pour le pétrole et le gaz dans les eaux comoriennes, la centrale au fioul lourd et les études sur la géothermie, la fibre optique, et tant d’autres encore sans oublier le retour d’Anjouan. Grâce à leurs efforts diplomatiques, le pays a acquis une aura et une crédibilité internationales incontestables.
Par conséquent, ce rapprochement montre la volonté de faire à nouveau un sursaut collectif pour rectifier dans les années à venir la gravité de la situation actuelle du pays. Les deux hommes ont ensemble un dénominateur commun: un fil conducteur, un cadre flexible qui permet de servir encore mieux le pays. L'union fait la force, nous dit-on.
Mais au-delà, quels enseignements pouvons-nous tirer de cette rencontre ?
- 1 : Les réalités politiques ne sont jamais immuables. Les frontières artificiellement établies, à tort ou à raison, entre les responsables politiques sont ténues. Elle signifie seulement que la politique est un art qui exclut, sur le long terme, l’improvisation. Elle prouve que la politique est aussi un métier et que l’exercice du pouvoir s’enrichit de l’expérience, de la vision que l’on a de l’Etat et de la société, car la politique est d’abord une vocation, peut-être même un sacrifice.
- 2 : Nous devrions mesurer la grandeur des hommes d’Etat à leur aptitude à dépasser leur égo. Une telle abnégation relativise le succès ou l’échec. Elle rehausse l’homme, lui conférant ainsi une stature politique et historique indiscutable. Il existe donc des hommes qui savent faire abstraction de leur cas personnel lorsque la situation l’exige, des hommes, de grands hommes, qui savent faire un pas vers les autres sans arrière-pensée politique. C’est en ce sens qu’il nous faut interpréter l’initiative du Vice-président Idi Nadhoim lorsqu’il partit déclarer à Sambi, à Paris, quelques jours avant ce samedi 16 mai le retrait de sa candidature à la présidentielle de 2016.
D’ici nous entendons déjà se soulever les cris d’orfraie de ceux dénoncent ce qu’ils nomment déjà la « coalition des revenants et des prédateurs» ; de ceux qui se demandent ce qui a poussé Idi Nadhoim à aller « se diluer », et son parti ZAMZAM avec, dans Juwa avec pertes et fracas ; de ceux qui se demandent si ZAMZAM n’a pas bradé son âme, son indépendance pour un strapontin, tel RICHARD III son royaume pour un cheval.
Que non !
ZAMZAM compte bien s’imposer dans les discussions et négociations politiques qui arrivent prenant ici l’engagement de ne jamais prendre part aux intrigues politiques qui ne vont pas tarder bientôt à se nouer. Seul l’avenir du pays compte. Peu importe qui l’incarne. Car nous savons aussi que :
« Le seul vrai courage en politique consiste à être fidèle à ses engagements sur le long terme, en refusant la fragmentation de ses actions par l'instant. », ainsi l’écrivait Vincent Delecroix dans Philosophie Magazine du mois de mai 2009. Rien de grand ne sortira de ce pays sans véritable union de toutes les bonnes volontés qui le composent et structurent. Alors plus qu’une allégeance, ce qui nous importe est la conjonction de toutes les forces prospectives décidées à aller de l’avant. Viendra ensuite le temps de la coordination des stratégies électorales et peut-être même celui de l’harmonisation des programmes électoraux.
Saandi Mohamed
Salim AHAMADA