SAID MOHAMED SAID HASSANE: “MON PARTI C’EST NGAZIDJA”

Encore pour quelques jours dans son cabinet, sis au chic 16ème arrondissement à Paris, l’avocat et enseignant Said Mohamed Said Hassane plaide pour sa candidature aux élections de gouverneur à Ngazidja. Bénéficiaire de « l’Etat providence », « face au chaos » s’engager « c’est maintenant ou jamais ». Donc, S.M.S.H s’engage à relever l’île par le biais de l’économie, à travers un fond d’investissement, destiné au secteur privé, gisement de création d’emploi. Il propose une délégation de pouvoir pour Mamwé, avec libéralisation de la production. Il prône « l’Ecole publique pour tous » avec restauration, une formation professionnelle adaptée et une grande clinique privée de qualité.

Fort de son expérience professionnelle, il se revendique que d’un parti : « Ngazidja » et promet de faire de la politique autrement.

Comoresplus: Said Mohamed Said Hassane, bonjour. Vous êtes avocat bien installé à Paris, un cabinet cossu, dans le 16ème arrondissement, et de surcroît enseignant à la Fac. Pourquoi vous présentez-vous aux élections insulaires à Ngazidja ?

Said Mohamed Said Hassane:  Bonjour. Pourquoi ne pas me contenter de mon petit confort parisien ? Parce que j’estime que notre génération est la dernière à avoir bénéficié de l’Etat providence : éducation gratuite de qualité, soins gratuits, des bourses d’études … Personnellement, j’ai une dette envers mon pays, malgré quelques années de services aux affaires étrangères et à l’Université des Comores. Je lui dois ce que je suis devenu. Et face au chaos et à l’anarchie, rester indifférent n’est plus possible. Le pays est dans l’agonie. La situation est insoutenable. Pourtant le pays regorge de potentialités.  C’est maintenant ou jamais pour inverser la tendance. Donc, je m’engage pour défendre Ngagzidja.

CP : De belles déclarations d’intention, les Comoriens en ont assez entendu. Maintenant, ils attendent des actes. Vous, gouverneur, quelles seront vos priorités pour répondre aux attentes du peuple ?

S.M.S.H : Ma priorité demeure la création d’emploi. Le pays en général et Ngagzidja surtout ne peuvent s’en sortir autrement que par le biais de l’économie. Je mets l’accent sur une politique volontariste d’accompagnement  à la création d’emploi. Le fond d’investissement de 10 Millions d’Euros, susceptible d’être porté à 50 Millions servira de soutien aux créateurs d’entreprise. Les entrepreneurs emprunteront à taux zéro, des crédits garantis par le gouvernorat et gérés par les Mecks. Mais condition sine qua non, le projet doit se réaliser à Ngazidja. Peu importe le porteur du projet. Allongement de l’endettement, fond de garantie et fond d’épargne permettront aux sociétés en place de disposer d’un peu plus de trésorerie pour mieux se développer. Tout le monde est parfaitement conscient que la fonction publique est saturée. D’où la nécessité d’octroyer plus de moyens au secteur privé pour créer des emplois. La moitié de la population est au chômage. D’où la nécessité d’octroyer plus de moyens au secteur privé, seul encore capable de créer des emplois. Cependant, il ne peut y avoir de projet viable pour un peuple plongé dans l’obscurité. Même si ce domaine relève de la compétence de l’Union, je ne peux rester les bras croisés. Donc, je demande une délégation spéciale pour la gestion de l’énergie sous tutelle de l’Etat. Après je lance la libéralisation de la production d’électricité. Tandis que Mamwe garde le monopole de la distribution. Par ailleurs, l’école publique pour tous, ouvrira ses classes en journée complète. Elle intégrera l’école coranique. Je préconise aussi l’introduction de la restauration. De plus, un effort considérable est à faire en direction de la jeunesse. Notamment, pour développer l’offre de formation professionnelle. C’est curieux, par exemple, qu’un pays à vocation touristique, de ne disposer d’aucun centre de formation dans ce domaine. Enfin 1 Milliard par an pour des soins à l’étranger. Comme El-Maarouf est hors de ma juridiction, je faciliterai l’ouverture d’une grande clinique privée capable de fournir des prestations de qualité en toute sécurité dans tous les domaines.

CP : Comment comptez-vous financer vos trains de mesure ?

S.M.S.H : Il est vrai que le budget de l’île est assez limité. Mais il existe une marge d’augmentation des recettes de l’île et surtout des possibilités d’emprunts auprès des institutions internationales. Nous sommes éligibles.

CP : N’appréhendez-vous pas les conflits de compétence ?

S.M.S.H : Je parlerai plutôt de conflits interpersonnels. Il s’agit d’un problème de fonctionnement que de normes. Aucun individu ne doit s’estimer au-dessus de l’intérêt général de la nation. Je reconnais la hiérarchie tout en défendant les droits de Ngazidja.

CP : Pourquoi vous croire et vous faire confiance plus qu’un autre ? Quel est votre petit plus ?

S.M.S.H : Mon plus, c’est l’expérience acquise tant aux Comores qu’à l’international et les solutions concrètes et réalistes que je propose : (Fonds d’investissements, Soutien aux sociétés, Electricité en permanence et généralisée, Filière d’exportation au premier plan, formation professionnelle, accès à l’éducation et aux soins etc…)

CP : La campagne coûte chère. Comment allez-vous la financer ?

S.M.S.H : La campagne coûte très chère. Certes. D’autant qu’il y a une culture particulière. Mais moi, je n’ai besoin de moyens financiers que pour la logistique. Je me présente avec mes convictions, mes idées et un projet clair.

CP : Est-ce jouable pour un candidat indépendant, face aux écuries déjà installées et prêtes à en découdre ?

S.M.S.H : A priori non. Mais en réalité, les partis sont formels. Aux Comores les personnes dépassent les questions partisanes, surtout, avec les alliances de circonstance très éphémères. Etre candidat indépendant n’est pas un handicap en soi. C’est un choix. Après tout, mon parti c’est l’île de Ngazidja. Et sans affiliation à un groupe, c’est une occasion de faire de la politique autrement.

CP : Les élections ont lieu dans quelques mois, vous et votre staff rentrez quand ?

S.M.S.H : J’ai un staff déjà en place et au travail. D’ailleurs, malheureusement, nous sommes en deuil. Notre frère Ali Amir (Paix à son âme) vient de nous quitter. Moi je suis domicilié aux Comores depuis juin.

CP : Pensez-vous répondre à la condition de résidence pour être candidat ?

S.M.S.H : Bien évidemment. Vous savez la résidence n’est pas un contrôle judiciaire. J’ai le droit de voyager.

CP : Quelle campagne mèneriez-vous une fois sur place ?

M.S.M.H : Je privilégie une campagne de terrain à la rencontre des vraies forces vives. Celles qu’on ne voit pas mais qui font fonctionner le pays, ces milliers de travailleurs infatigables qui font vivre notre pays. Ils sont invisibles. Pourtant, ils sont indispensables. Et la jeunesse en attente de propositions concrètes. Nous allons créer une dynamique nouvelle faite de propositions concrètes, palpable et réalisables.

CP : Se présenter au gouvernorat, juste au moment où la diaspora s’apprête à voter aux présidentielles, n’est-ce pas des voix en moins pour vous, qui la connaissez assez bien ?

 M.S.M.H : Vous comprenez que j’aurais souhaité que les grands comoriens puissent voter. Ce n’est pas le cas.  Je le regrette. Ce sera la première fois qu’elle participera aux élections. Je compte sur son soutien multiforme. Cependant, je refuse la guéguerre entre comoriens de l’intérieur et ceux de la cinquième île. Nous allons renforcer le pont entre les deux. Nous sommes tous des Comoriens, amoureux du pays.

CP : S.M.S.H nous vous remercions.

S.M.S.H : C’est moi qui vous remercie.  

Propos recueillis par :

Idjabou BAKARI  

COMORESplus  

 

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