ACHIRAFI SAID HACHIM, PRESIDENT DU PARTI CADIM, S'EST ENTRETENU AVEC COMORESplus
02 nov. 2015COMORESplus : A quelques mois de la fin du mandat présidentiel, quel regard portez-vous sur l’action gouvernementale ?
M. Achirafi Said Hachim : Un regard d’étonnement : Ce gouvernement m’étonne car on dirait qu’il n’a pas conscience de l’état d’enlisement dans lequel se trouve notre pays. Il s’enorgueillit cependant d’avoir pu atteindre le fameux point d’achèvement, cher aux institutions de Bretton woods. Mais là aussi, aucune retombée positive hélas : Le chômage s’amplifie gravement chez nos jeunes, les salaires ne sont plus payés et la misère gagne en profondeur. Opacité et malversation constituent la règle d’or de ce gouvernement.
CP : Comment appréciez-vous le débat actuel sur la tournante ?
ASH : C’est un débat intéressant même si le gouvernement s’en fait la sourde oreille. On devrait préalablement évaluer ce régime de la tournante, en savoir les avantages et les inconvénients notamment en ce qui concerne l’impérieuse nécessité de consolider l’unité nationale et de préserver en même temps les acquis démocratiques.
CP : L’accueil que vous réservent les militants de votre parti Cadim dans les aéroports, à Paris et aux Comores, laisse penser que vous êtes peut-être candidat au poste de président de la République. Le confirmez-vous ?
ASH : En effet c’est un accueil enthousiaste. Il n’est pas seulement le fait du parti Cadim même s’il en est effectivement à l’origine. D’autres partis et mouvements politiques en ont également pris part très activement. C’est donc un bon présage à ma candidature pour l’élection présidentielle qui s’est déjà fortement installée aujourd’hui dans tout le pays.
CP : Si vous êtes candidat, pourquoi les comoriens voteraient pour vous ? Et si vous ne l’êtes pas, quels sont les partis et les personnalités avec lesquels vous allez vous allier ?
ASH : Je pense et je suis convaincu que les comoriens ont besoin d’autre chose, c'est-à-dire une autre vision politique, une vision relative au respect de la chose publique à l’honnêteté et à la compétence. Or on ne peut pas s’imaginer un seul instant que cette nouvelle culture politique proviendrait de ceux qui ont déjà avili gravement le pays aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Notre pays ressemble aujourd’hui à un enfant maltraité, souffrant de malnutrition. Il serait vraiment stupide de croire que ceux qui l’ont maintenu abusivement dans cet état pitoyable reviendraient à nouveau lui redonner espoir et lui tracer la voix d’un bel avenir.
CP : Que pensez-vous des candidatures du vice-président Mohamed Ali Soilih et de l’ancien président Azali Assoumani ?
ASH : J’en pense rien.
CP : Quels sont les véritables enjeux des prochaines présidentielles ? Est-ce que les perspectives de l’exploitation du pétrole constituent l’un des enjeux du prochain scrutin ?
ASH : D’aucuns le pensent. Mais pour ma part, j’estime que notre pays recèle énormément d’atouts qui, sans ces ressources énergétiques que j’appelle d’ailleurs de mes vœux, pourraient promouvoir son développement tant sur le plan des infrastructures que de la superstructure et ce, grâce à ses ressources humaines, notamment à la formation, à ses ressources halieutiques et touristiques et à une agriculture performante, nos populations étant essentiellement rurales.
CP : Suite à la disqualification des Comores pour l’organisation des jeux de l’océan indien, des voix se sont élevées pour demander le retrait de notre pays de la Commission de l’Océan Indien, qu’en pensez-vous ?
ASH : Notre pays ne doit jamais se retirer de la commission de l’Océan Indien. Il doit cependant s’y faire respecter et œuvrer souverainement pour une bonne entente entre les pays de la région ; Mais avec un gouvernement aussi malicieux et aphasique et qui excelle paradoxalement dans la confusion, comment voulez-vous que notre pays puisse se frayer clairement sa voie et mettre sa jeunesse sur les bonnes pistes ?
CP : Comment définiriez-vous les relations entre les Comores et la France à la veille des présidentielles de 2016 et que préconiseriez-vous pour régler la question de l’île de Mayotte ?
ASH : Ce sont des relations d’amitiés. Il reste cependant à pouvoir les faire fructifier en y apportant beaucoup de sincérité et de clairvoyance. C’est en adoptant une telle attitude qu’on parviendra à convaincre la France et nos frères mahorais de la nécessité de trouver une formule juridique qui puisse libérer l’exercice de la souveraineté comorienne sur l’île tout en y préservant d’une manière effective et durable nos intérêts reciproques.
CP : Êtes-vous de ceux qui craignent une éventuelle propagation du rite chiite aux Comores ?
ASH : Tout ce qui pourrait nuire à notre unité et à notre solidarité est à craindre et à combattre et le rite chiite est bien de cela.
Abdou elwahab Msa Bacar
COMORESplus