DE LA PAIX BUCCALE, NOS LOCALITÉS EN ONT ASSEZ

Par SAID YASSINE Said Ahmed

Depuis des années les localités de Ngazidja se livrent à des conflits intestinaux parfois qui laissent des séquelles. Conflit sur fond de foncier, compétence, leadership… Des populations se déchirent, des villes se haïssent à jamais.

A qui la faute ? Dans un Etat de droit comme le nôtre, le premier à indexer est sans doute la justice. Tout le monde en convient. Mais ce n'est pas la seule instance même si sa responsabilité est lourde, qui a failli dans ce climat. Avant de parler de la pédagogie juridique, les magistrats sont des humains.

Alors dans ce cas, peut-on aussi accuser notre coutume ? Cet instrument est indispensable dans une société. Cependant, sa banalisation oui, elle est en quelque sorte, responsable du malheur. Et les citoyens ? Eux aussi ne sont pas épargnés. Certes la démission de l'État du quotidien des comoriens, légitime la justice par soi-même. Des habitants, des individus, tout comme des localités règlent leurs affaires, petites ou grandes, dans leurs sacs. Le récent cas du lynchage à Mutsamudu abouti à la mise à mort d’un suspect pris aux mains de la justice, illustre.

« Un des conflits qui éternisent »

Outre, le mercredi noir vient d’alourdir le fardeau. C’est le récent conflit entre Dzahani-Tsidje et Salimani. Une affaire qui doit réveiller toutes les instances du pays, sensées jouer un rôle dans cette circonstance. Une dérive appuyée par l'évanouissement de la justice de notre pays, pour ne pas dire l’inexistence, ainsi que le laxisme et la complicité des citoyens notamment les hommes à l'écharpe dominicale. Il faut donc que les autorités du pays et celles locales, les citoyens, les responsables de services concernés se réveillent car le laxisme de la justice et la complicité des autorités locales, ne sont pas pour rien. Combien des biens réduits à néant, des morales cassées, de l’espoir attenté par le désastre Salimani-Dzhani-Tsidje du 6 juillet 2016, jour de l’ID el fitr et de la fête nationale ?

Les élus de la région d’Itsandra, quelques autorités du pays, et les notables de Ngazidja, se sont mobilisés pour la Paix de ces deux localités conflictuelles. Mais sans une implication forte de la justice comorienne et des concernés, notamment les victimes, sans associer les victimes à toutes négociations ou démarches, rien ne peut être résolu. On plonge le nez pour la paix, bien sûr, et la réconciliation ? Cette paix ne peut être durable, sans réconciliation. Et la réconciliation ne peut avoir lieu sans que les victimes soient impliquées. Aussi pour que ces dernières soient convaincues, il faut que la justice fasse son travail.

« Peine perdue »

Donc, il faut des enquêtes, des procès pour que les commanditaires et les auteurs soient incriminés et punis. Rappelons très bien le 19 juin 2013, quelques mois après l’éclatement du conflit d’Ikoni, où plusieurs maisons et voitures sont incendiées. Presque toute la notabilité charismatique de l’île s’était réunie au foyer Nour el-djabal d’Ikoni, pour une soi-disant réconciliation de la ville. C’est vrai l’ora a été au rendez-vous. Les enveloppes ont été distribuées, mais n’était-ce pas une drôle de réconciliation qu’une réconciliation dont les concernés sont exclus.

Problème de Chezani et Hantsindzi, les notables s’en chargent, problème d’Ikoni et Moroni, notables s’en occupent, conflit interikoniens, notables se mobilisent, problème de Chouani et Mitsudje, notable au chevet… problèmes de Tsidje et Salimani, notables à la manette… au moment seuls les habitants des localités qui maîtrisent les problèmes à fond et même connaissant de vraies causes. Oui les notables doivent être impliqués bien sûr pour la sagesse, mais en accord avec les castes locaux, les jeunes, les intellectuels, les laborieux… les victimes et même commanditaires présumés, si besoin est. Les fatha et la fatwa de mise en quarantaines ne font pas bonne preuve dans ces conflits.

Enfin, Il serait ingrat de douter ou remettre en cause le savoir de nos magistrats. Juge, avocat et autres. Mais certains points capitaux doivent être éclairés. C'est le patriotisme, la constance et la sérénité qui prennent congé illimité chez certains parmi ces hommes de toge. Pourtant le savoir est de mise. Pourtant leurs prédécesseurs à niveaux limités ont pu parfaire leurs tâches d’autrefois.

SAID YASSNE Said Ahmed

COMORESplus

 

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