Said Yassine Said Ahmed

Quand les dirigeants d’un pays sont sensibles à la probité, l’avenir du peuple est toujours compromis et les promesses virent vers les farces. Et quand le pouvoir se repose sur la peur et les incertitudes, tous se bricolent. Le 20 Aout 2018, la justice comorienne vient de connaitre quelques remues qui n’étonnent personne. Mr Youssouf Ali Djaé est demi de ses fonctions de procureur général et soudain remplacé. Ce brillant magistrat, débutait sa carrière le 19 Février 2003 date à laquelle, il a prêté serment au parquet de Moroni. Depuis cette date, il a marqué une différence entre lui et certains de ses collègues du palais. L’heure n’est pas à la biographie de l’homme, qui poursuit sa carrière avec rigueur et moralité.

Alors, le 11 Aout 2016, trois mois après la résurrection du pouvoir d’Azali, Youssouf Ali Djaé est nommé procureur général en remplaçant de Mr Soilihi Mahamoud alias Sako. Bien sûr, au départ, on était nombreux croire à l’émergence. C’était après avoir aperçu une dose de méritocratie, donc des prêtres qui prêchaient dans leurs églises. Secouées par différentes crises depuis un an, les Comores vacillent. Crise institutionnelle, crise économique, crise politique, et j’en passe… et de ces crises, le parquet de Moroni n’est pas épargné. Il est donc emmêlé par ce tourbillon qui tourmente le pays. Et le plus lourd se repose au palais de justice. L’affaire des incarcérations et des arrestations abusives. Cette machine mise en route par le chef de l’Etat comorien, est préjudiciable à la population. Passons.

« Un magistrat victime de sa droiture »

Les dires sont divers et médiocres, les affirmations sont massives. Quand tous se rangent dans la coulisse du pouvoir et à l’insu de la population, les soupçons et les doutes s’immortalisent. Et ensuite l’opinion publique se charge des vrais procès. Il s’avérait que Youssouf Ali Djaé était victime d’un complot ourdi par des hauts du régime, qui bénéficient de la confiance du chef de l’Etat. Les raisons seraient aussi multiples. Après l’audition de Mohamed Ali Soilihi Mamadou sur l’affaire de la citoyenneté économique, l’ex-procureur général Youssouf Ali Djaé a agi en homme de droit selon la circonstance et les règles définies... Il aurait donc soutenu que l’ancien ministre de finances sous Sambi, Mohamed Ali Soilihi, impliqué dans l’affaire du détournement de fonds de la citoyenneté économique, ne devrait pas être mis en prison avant son procès. Il faut donc achever les enquêtes, les clôturer et passer au procès, puis délibérer... De même pour le cas de l’ancien président Sambi, Youssouf Ali Djaé aurait refusé sa condamnation d’avant procès, mais la force du cœur était puissante que celle des lois. La rancune a fini par remporter. Sambi est enfermé sans procès et selon quelques recueils, c’était le fruit d’un serment qui ne serait respecté, en échange de 40 millions de fc. Et, c’est d’ailleurs Youssouf Ali Djaé qui aurait proposé à ce que l’ancien président de la République Ahmed Abdallah Sambi, en sa qualité d’ancien chef d’Etat, bénéficie les mêmes traitements que ses semblables de l’ailleurs. Donc il aurait proposé à ce que son domicile soit aménagé en conformité de Maison d’arrêt. Cela a offusqué quelques heureux du pouvoir. Passons.

« Piège ou fait pervers ? »

En outre, suite à la tentative de coup d’Etat du 13 Aout 2018, enquêtes et perquisitions se sont succédé. Et selon la justice des pièces à conviction, ont été prélevées, parmi lesquelles une somme de trente millions de fc et un fusil. Et dans le cadre de son travail, le procureur général aurait placé la somme de trente millions de Fc dans le compte de la justice, et le fusil dans le coffre de son bureau au tribunal de Moroni. La surprise l’attendait le lendemain. Réintégré son bureau le lendemain matin, le procureur général a découvert que le fusil qu’il avait placé dans le coffre… a disparu. Et, par sens de responsabilité, il aurait communiqué cela à un doyen de la cours. Ce serait ainsi que ce dernier aurait informé le chef de l’Etat, Azali qui aurait déjà le décret de congédiement sur la table. Demi de ses fonctions, Youssouf Ali Djaé est remplacé au poste de procureur général par Soilihi Djae, ancien substitut général.

Un jour après, au même endroit qu’elle a été placée auparavant, l’arme a été retrouvée… Comment dans un bureau hermétiquement fermé, un tel outil a pu disparaitre, sans portes forcées ? Ainsi quelques hommes de la cours, magistrats, donc avancent la thèse selon laquelle, le procureur a été viré de son poste pour perte des preuves. De qui se moque-t-on ? La peau de Youssouf Ali Djé a été voulue et retrouvée. Et ce n’est pas fini. Le 23 Aout 2018, trois jours avant son remerciement au poste de procureur général, Youssouf Ali Djaé a été remplacé au poste de commissaire du gouvernement dans de la Cour de sûreté de l’Etat par le procureur de la République, Mohamed Abdou. Cette cour, qui n’a même pas trois mois d’existence enregistre sa première, remue ménage. La Cour de sureté de l’Etat, est une juridiction spéciale montée suite à l’éventuel attentat qui crevé les pneus de la 4X4 de l’ancien VP Moustadrane, Abdou.  

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