La biographie appartient aux auteurs du genre. Sinon parler de l’homme, exige une proximité. C’est bien le 22 Juin 2020 que fundi Mohamed Rachid a tiré sa révérence. Et c’est bien le 23 Juin 2020 qu’il a rejoint sa demeure éternelle. L’homme, le brillant intellectuel qui a su parfaire les tâches d’une façon noble, durant toute sa vie, a choisi d’évoluer dans l’ombre. Oui le savoir n’aime pas les sonorités. L’homme dès son jeune âge, a œuvré pour un pays, pour une nation, qui s’appelle Comores. Former les enfants de ce pays lui était une priorité. Feu, Mohamed Rachid est bien la deuxième génération qui a suivi celle de Said Mnémoi, Said Mohamed Djohar et Said Mzéhemou, en tant que maitres des écoles. Cet érudit et brillant intellectuel de son époque a épousé son destin et celui-ci ne l’a pas trahi. Comme les Comores sont en voie de renaissance «Uwanga», on met en exergue le mérite, pour faire survivre les hommes et femmes acteurs de la délivrance de nos Comores. Ils étaient cinq, comme ils sont cinquante mille aujourd’hui. Ces cinq jeunes étudiants comoriens à Madagascar, incarnaient l’espoir pour les Comores. C’est le moment où le savoir et les valeurs avaient un sens.

« le puits de science dans son œuvre »

C’était aux années 60, que feu, Mohamed Rachid, Mitsudje, Ali Mlamali, Fumbuni, Said Mzé, Mdé, Said Athoumani Said Ahmed, Mitsamiouli et Taki Abdoulkarim, Mbéni, rayonnaient comme drapeau de la liberté, loin du pays. Dans ce cercle, des érudits, des députés, des ministres et un chef d’Etat. Formé à l’ENS (École Normale Supérieure) d’Ampefiloha à Antananarivo, Mohamed Rachid est rentré aux Comores pour le transfert de compétences ; exercer son métier d’enseignant. Convaincu que la vraie réussite est celle que l’on partage, il a enseigné plusieurs générations de Comoriens, parmi lesquelles, des hommes et femmes aujourd’hui à la retraite et d’autres toujours en fonction. A Madagascar, Mohamed Rachid lors de ses études côtoyaient les feux, Mzé Azali Boinaheri, son oncle et Said Yassine Said Ahmed qui lui servaient de guide, de soutien… et de confort. Marque de son intellectualité, ses intimes avec lesquels, il a usé les fonds de culotte sur les mêmes bancs, l’avaient surnommé « Mohamed grammaire ». Ici, on parle de l’homme. Comme le mal déterre, le bien aussi fait survivre.

" Le technicien était aussi politique "

Mohamed Rachid, après plusieurs années d’exercice de la fonction d’enseignant, il est parti à l’extérieur, notamment à Lyon, en France pour se spécialiser. C’est ainsi qu’il à intégré l’École Normale Supérieure de la Croix-Rousse. C’était bien aux années 70-80. Il est sorti avec l’échelon d’inspecteur pédagogique, devenant ainsi le premier inspecteur pédagogique des Comores. Mais du moment que seuls les biens qui sont à évoquer, ce qu’il a subi au sujet de cette grade, œuvre d’un ministre de l’époque, demeure dans le placard comme récit. Ce grand professionnel a été jusqu’à sa retraite un fonctionnaire du ministère de l’éducation nationale. Cet intellectuel discret et pensif, a été sollicité par le président Ali Soilihi Mtsashiwa, avec certains de ses pairs pour travailler sur l’instauration de shikomori, qui durant son régime, a été enseigné. Militant du parti vert des Comores, Mohamed Rachid faisait de la politique sans tambour ni trompette, sans heurter ses semblables, en tout cas ses frères l’ancien gouverneur, Abdéremane Mohamed et l’ancien ministre Abdoul’aziz Hamadi. Il a occupé par la suite plusieurs fonctions techniques dans différents ministères. Des directions, comme dans différents cabinets aussi.

« Mohamed Rachid, l’enfant noble de la cité »

Enfin ces derniers temps, pendant sa retraite, feu Mohamed Rachid a été choisi député de Hambu, puis étant le doyen de l’assemblée nationale, président d’avant vote, de cette institution. Il a représenté sa circonscription jusqu’à la dissolution du parlement par le gouvernement Azali1. Cet homme sage avait sa place, qui sied à son rang au niveau local. Un notable charismatique, l’homme était respecté naturellement. Mohamed Rachid, homme de culture, de savoir et de Paix. Un gardien de la tradition comorienne. Quand on parle de la noblesse aux Comores, ce ne sont pas des milliards dans un compte bancaire ni des centaines d’hectares en possession. Quand on parle de la noblesse aux Comores, c’est de parler d’un homme comme feu Mohamed Rachid. Issu de l’une des grandes familles de Ngazidja, la lignée « Wakurani », et d’une des familles les plus prisées de la ville de Mitsudje.

" Mission accomplie"

Et ici on parle des valeurs. On ne peut parler de l’homme de culture uniquement si on veut parler de l’homme dans sa globalité. Donc du coté de sa naissance, Mohamed Rachid est le beau-frère du feu, Ibrahim Issulahi, père de ses neveux et nièces. Ibrahim Issulahi, ce patriarche respectueux, et charismatique était un homme d’autorité. Ensuite, par alliance, Mohamed Rachid est le beau-frère de Souef Alyamani, un homme de grande envergure. C’est bien lui l’oncle de ses enfants. Comme il a transmis le savoir et l’éducation aux uns et aux autres, sa personnalité s’illustre par la clairvoyance de ses enfants, ses neveux et nièces dans le droit chemin. Chose faisable mais aussi rare. Ici le présent s’invite aux verbes car, c’est une question de sang et d’appartenance…

Said Yassine Said Ahmed

COMORESplus

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