Tu es partie en silence, à pas de velours. Prendre ce fameux voyage, en allé simple, sans retours, n’est pas vraiment un choix. Nous qui t’aimons, bien que le temps file à pas de vitesse, et n’arrivons point à te placer dans le passé. Tes souvenirs rôdent autour de nous, chaque respiration. Nous continuons à souffrir de ce voyage insondable. Il n’est pas facile de se dire que dorénavant, on doit suivre le voyage de la vie, sans toi. Depuis que tu nous as quittés, plus rien n’est pareil. Masha Allah, je remercie dieu, avec les enfants on se serre les coudes. On maintient un semblant de normalité. Malgré le vide que ton absence a creusé, nous luttons avec force pour ne pas se laisser abattre par le manque de la pièce maitresse qui donnait sens au puzzle.

Tous les jours, vers 18h, quand chacun de nous revient du travail, il nous arrive d’oublier la réalité des choses, que quelqu’un manque à l’appel. Les premiers arrivés attendent les autres qui viennent chacun à son tour. Il m’arrive croire que le prochain qui a mis la clé à la porte, le dernier à rentrer à la maison c’est toi. Une joie intense me prend. Tout d’un coup, le monde s’arrête. Un long silence qu’en réalité ne dure que le temps d’un silence après le grognement du tonnerre qui ne dure que le temps de deux, trois coups de battements du cœur. Le temps d’un repli pour faire un come-back, revenir à la réalité des choses. Il a fallu de peu pour ne pas plonger dans ce vide creusé dans mon cœur par l’idée que tu sois partie et que tu ne reviennes plus jamais. La joie de chacun de se retrouver sans toi, se heurte à ce vide, ton absence à chacun de nos retrouvailles.

On n’arrive pas à s’habituer que la porte ne s’ouvrira plus pour toi. Et pourtant les jours d’après, c’est le même synopsis. Et pourtant l’espace du temps qui nous éloigne, nous rapproche de plus en plus par les beaux souvenirs des moments que nous avons vécus ensemble. Ton regard, tes fous rires, je les revois encore. Dans mes bras, bouder. Tes petits mots pleins d’émotions tels que: - Bo chéee, chéri ? Des mots comme mwandzani ou chéri. Tu m’as tellement appelé par ces bouts de tendresse que j’ai finie par croire qu’elles m’appartiennent. J’étais même jaloux de voir d’autres se les approprier. Tu avais un grand cœur. D’ailleurs je doute fort qu’il ait changé là où tu es en ce moment. Maintenant tu es devenue un ange et ton cœur doit battre d’une autre façon mais surement aussi fort qu’avant. Je me souviens de ton regard de femme dur. Cela, nous savons d’où ça vient. C’est bien ça qui mettait en valeur ton sourire radieux. T’avais toujours quelque chose à me reprocher, tellement tu voulais gommer mes défauts, me voir sans fautes. Je me souviens à table quand je fuyais ton regard. Un regard que je connais et qui en disait long. Ta façon d’insister par ton regard, voulait me faire comprendre que je devais faire attention à quelque chose. C’était toujours un message. Ce n’était pas facile pour toi de prononcer le mot « je t’aime » car à part moi, et nos enfants, tu n’as jamais eu droit à ce petit mot au gout de crème.

Tout ça parce que tu n’as pas eu la chance de déguster l’amour d’une mère que tu as perdue si jeune. Que des rares souvenirs parfois flous que tu as gardés d’elle. Malgré tout ça, tu exprimais ton amour envers les tiens par ton sourire radieux, ton beau regard et par des doux gestes d’affections. Je pense à ces moments bleuâtres qui nous ont vus traverser ensemble les boulevards de la vie. Tu sais, je t’ai toujours dit que je suis un homme public. Rien ne m’appartient : ma joie, ma souffrance… Je les partage avec beaucoup de gens que souvent je ne suis pas censé connaitre. Les gens doivent savoir ce qui a fait l’épanouissement de mon sourire et la mélancolie de mes yeux. La venue au monde de chacun de nous, est une continuation de ces fruits que produisent les arbres par saisons. Il y a ceux sont cueillis murs et ceux qui tombent dès la moindre pluie. Nul n’a choisi son destin. Nous sommes tous venus dans ce monde pour une mission. Chacun a son destin. C’est lui qui se charge du dossier clé, de la mission qu’on ait censé venir accomplir.

« ’Histoire qu’on a écrite ensemble.»

Ta mission sur terre, tu l’as largement réussie. Toi et moi, on a écrit ensemble notre belle histoire. Tu as mis du tien. Je remercie dieu de nous avoir donné des beaux enfants qui vont eux aussi, écrire leurs histoires qui feront notre fierté. Je prie en dieu pour qu’il nous le gade aussi longtemps dans ce monde. Puisqu’il fallait partir un jour et chacun à son tour. Peu importe l’importance d’une personne envers son entourage, seul dieu décide de la clarté de la levée du jour. Il a été écrit que le temps n’est autre que le tien qui est venu. Bien que ça nous aie rendus triste mais c’est ainsi que la vie. On doit vivre sans toi, avec ce profond le vide que tu nous as laissé. Mais où est passé l’oubli ? Parait-il que ce soit un bon thérapeute ? C’est tout comme si c’était hier. J’estime que tu as parfaitement accompli la sienne.

Bien qu’elle soit partie de sitôt mais elle a parfaitement, assumé son rôle de femme, son rôle de mère. Il y a eu des hauts et des bas mais à chaque fois les raisons furent de son côté. Tu étais une femme parfaite presque une mère pour moi. Aujourd’hui comme tu n’es pas là, je suis triste. Ce qui est tout à fait normal car tu étais presque ma canne. Aujourd’hui, tu n’es plus là, malgré le soutien moral de nos enfants, je me sens tenir la barre, un peu moins seul. Aujourd’hui tu n’es plus de notre. Tu es devenue un habitant de l’au-delà, un ange qui veille sur nous qui sommes ici, dans ce bas monde. Beaucoup des choses en toi, nous manquent. Le vide laissé par ton absence, creuse de plus en plus un gouffre qui gagne de plus en plus les profondeurs de ma détresse. Des cris qui ne se manifestent pas par la sonorité de la voix mais par ce refus d’admettre qu’on ne se reverra plus.

Quelles que soient la façon et la manière dont tu as tourné dos à ce monde, ma chérie, Je t’en conjure, part l’esprit tranquille. N’en veux à personne. Ici on n’est pas venu pour rester, la vie sur terre n’est qu’une passerelle pour accéder à l’autre côté, vers la lumière. Il n’y a pas de hasard. La vie d’un homme est faite d’une suite des histoires. Naitre, vivre pour mourir. La suite se passe dans la confusion. Plus personne n’est allé pour revenir et témoigner de ce qui se passe de l’autre côté. Nous tous allons passer tours à tours vers l’autre côté du rideau. A chacun son bus vers une même destination. Chacun prend le sien à des arrêts différents. On le prend en temps et en heure. Personne n’a la possibilité de prendre celui de son choix. Ni celui d’avant ni celui d’après, on ne peut prendre que celui qui t’a été destiné, pas un autre. Puisqu’il fallait partir un jour et chacun à son tour. Tu es partie car ton heure est venue. Peu importe le degré de notre tristesse, la vie va à son rythme, par sa logique. Ce qui veut dire on doit vivre même sans toi, quel que soit la profondeur du vide que tu nous as laissé. Mais où est passé l’oubli ? A ce qu’il parait, c’est un bon thérapeute ? C’est un peu comme si c’était hier.

« Mission accomplie J’estime que tu as parfaitement accompli ta mission. »

Bien que tu sois partie de sitôt, tu as parfaitement, assumé ton rôle de femme et de mère. Il y a eu des hauts et des bas mais à chaque fois les bonnes raisons furent de son côté. Tu étais une femme parfaite presque une substitution d’une mère pour moi. A la maison comme à tous ces endroits qu’on fréquentait ensemble, mes souvenirs se reflètent en ta silhouette, un pressentiment de ne pas te sentir loin de moi. Tu es toujours à mes côtés. Et pourtant je suis convaincu que tu n’es pas si loin de nous. Je le vois par les histoires du quotidien autour de la table au repas du soir. On arrive toujours à parler de toi comme si tu n’es parti. Les uns des autres, chacun sortait une énigme, une blague dont tu es le détenteur. On a toujours gardé nos habitudes, ceux que tu nous as inculqués. Bien que maintenant chacun a son chez soi, nous avons coutume de nous retrouver ensemble pour le repas du soir. Les enfants ont grandi, je ne t’apprends rien de cela, chérie. Tu étais la première à m’harceler de vite trouver un mari pour notre fille. Ça y est, elle vit aujourd’hui avec son mari. L’ainé des garçons vit aussi avec sa femme. Un choix qui fait surement ton bonheur aussi loin que tu sois. On dirait que tu présentais ton voyage vers la lumière.

On se disait que jamais on imposerait un mari à notre fille contre sa volonté. Seulement tu m’as fait comprendre que c’est notre devoir de faire le premier pas, l’aider à rencontrer quelqu’un qui saura lui donner sa valeur, on l’a fait heureusement et tu as pu assister à ce bonheur. Je savais que tu avais peur que le vent souffle pour emporter le toit de notre maison. Je n’ai pas le droit de ne garder que, pour moi, ces moments passés ensemble avec la femme qui m’a accompagné une grosse partie de ma vie. Elle aussi, était comme nous tous, en mission commandée dans ce monde des brutes. Quel que soit la façon et la manière dont tu as tourné dos à ce monde, ma femme, Je t’en conjure, part l’esprit tranquille. N’en veux à personne. Ici on n’est pas venu pour rester, on ne fait que passer. La balle qui t’a pris comme cible, bien qu’elle ne fût pas si blanche comme certains gens le pensent, ou, veulent le faire croire ; un projectile quel que soit sa matière peut être tueuse. La haine gratuite, les mots et les messages empoisonnés peuvent atteindre les personnes les plus sensibles, fragiles. Ainsi va la vie. Chaque jour qui passe, nous apprend par le quotidien que l’homme n’est rien. Là-dessus je n’en ai pas des doutes que ne tu comprennes tout ce qui nous arrive quel que soit la bêtise de l’homme. Je sais que tu es une vraie croyante.

D’ailleurs tes quotidiens, lectures du coran du matin me manquent. Surtout quand tu envoies tes prières à ces gens qui nous ont précédés à l’autre monde. Je me souviens de l’interminable liste, des membres de nos familles respectifs que tu envoies tes douan après la prière du matin. Tu octroyais à chacun de ces gens, une part de ce gâteau de tes prières. Quand j’y pense, je ne peux que laisser court à mes chaudes larmes. Aujourd’hui tu n’es plus là pour faire résonner ta voix à travers tes longues prières. C’est fini. On n’entendra plus résonner ta jolie voix dans ma chambre. Le silence pèse. Les nuits sont longues. Je t’aime de plus en plus fort ma femme mais Dieu t’a aimé encore plus que nous. C’est pour cela qu’il t’a rappelée si jeune, maman repose en paix mon amour dans ta dernière demeure. C’est vrai que de ce côté-là, beaucoup des familles de la communauté en payent les frais de leurs bêtises. Nos enfants naissent et vivent dans des endroits multicommunautaires sans la moindre chance de rencontrer d’autres enfants originaires de notre pays. Malheureusement ce qu’on craint arrive un jour. Ce qui se ressemble s’assemblent. L’enfant fout le camp avec celui que son cœur a choisi et on se plaint de nos ratés, de nos déboires. Là où tu es, tu es un ange, l’ange qui veille sur nous qui sommes ici, dans ce bas monde. La haine gratuite des gens se nourrit des propos durs et des commères. Il y a des choses que l’homme n’est pas capable d’expliquer car dans l’espace, nous sommes moindres. Je pense à cette passerelle qu’on a emprunté, moi, toi et ensuite avec les enfants. Ça nous a beaucoup rapproché les uns des autres. Si l’amour avait un visage, il t’aurait surement ressemblé mwenda mbepvoni wahangu. Où que tu sois en ce moment, tu peux te reposer tranquille car les gens comme toi ne se meurent jamais. Tu demeures l’ange qui veille sur nous qui sommes ici, dans ce bas monde.

Repose en paix madame

Laher Alyamani

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