Notre pays a toujours été connu par sa chanson traditionnelle. Depuis mathusalem, passant par l’époque de Mshambulu jusqu'à l’indépendance(1975), l’artiste comorien n’a jamais cessé d’exprimer son sentiment par sa chanson. Chanson dans laquelle plusieurs sujets parmi lesquels l’éducation, la sante, la famine, le chômage et les épidémies faisaient l’objet. Dans leurs chansons, ils évoquaient aussi des sujets préoccupants comme la politique, l’économie, la colonisation et j’en passe. Tout cela au respect de notre culture, autrement dit, nos us et coutumes. Les artistes comoriens de l’époque ont su que la tradition, remontant à des générations, et celle de notre pays a été respectée.

Ensuite, depuis 1975, à peu près, une nouvelle émergence est accueillie par le sol comorien, dont des orchestres, en l’occurrence Asmaco de Chomoni, Hiyari N-nour de Ndruwani, Tiyaril-hayati de Ntsorale, Les Atomes de Ntsoudjini, Wenya chérif de Mvouni et j’en passe…A titre d’exemple, ces orchestres cités parmi ceux qui ont charmé le paysage culturel des Comores, ont bel et bien compris le principe de la tradition. Leurs œuvres étaient de la culture comorienne pure et souche. Si nous jetons de même, un coup d’œil sur des artistes comme Wenyi ngazi, Soubi, Boina Riziki, Mohamed Hassan et Nassoro Swaleh, on decouvre que leurs chants sont d’une représentation directe et logique de notre origine.

 A ce jour, des questions se promènent. Qu’est devenue aujourd’hui la musique comorienne ? Malgré les efforts de notre super star, le célèbre Salim Ali Amir et ses compères Abdou Mhadji, Moussa Youssouf, Souleymane Mze Cheick et d’autres, nous sommes devenus victimes d’un mélange de tradition, qui est synonyme de fuite de tradition. Cette tradition demeure ces derniers temps, une copie qui n’est même pas conforme, à celle de l’occident. Le Twarab, le Sambe, le Mdiridji et le Shigoma ont disparu. Personne ne veut faire de la musique, que pour seuls buts : être à la mode et pour le plaisir de paraitre. Et si on chante, on est censé imiter Jackson, Koffi  Olomide, Garou, Élissa pour ne citer ceux-là. Le pire est qu’on n’imite non seulement le rythme ou la danse mais aussi les paroles qui produisent des fruits amers. Il y a ensuite, la tenue vestimentaire, qui représente un danger majeur chez les enfants et les jeunes, notamment les jeunes filles. Tout le monde se veut Rhoff, Soprano, Naima, Djobane, Petit Hadad, Dj Saydd...Tout le monde est influencé par Sipara yidoz et hadala yeshushu que sais-je encore et vite, on a oublié Zainaba Med, Chamsia Saggaf, Adina, Manlech et Bahorera. Certains vont dire : « écoute ou est le mal lorsque nous, en tant qu’africains, imitons nos frères africains » ? Mais l’Afrique a du miel, de l’Or et du pétrole. Samba Diallo, Hamidou Kan, Sedar Senghor…sont tous africains. Pourquoi ne pas tirer du bon et se débarrasser du mauvais ?

Je renonce en ma personne et a voix haute le mélange de tradition, qui existe dans notre pays véhiculé par la musique. Je vous invite mes chers compatriotes de bien analyser mes propos et de bien observer de près les dangers qui font de notre pays un arbre sans fruit. Je fais appel à tous les artistes comoriens, résidant ou non, de laisser « dingohi yemafitsi yamadjimbo yatsona mdradi » et de faire revivre notre propre musique car notre cher pays a besoin de vous, pour son développement. A vous aussi nos responsables politiques et religieux, ce message vous est destiné. C’est vous qui devez crier en premier, car toutes les responsabilités sont chargées sur vos dos. A vous les hommes, les femmes, les jeunes et moins jeunes, revalorisons la musique comorienne car il est temps dingohi. Je vous rappelle qu'il n’est jamais trop tard.

Abdillah Maoulida (Elassade)

Le Caire-Egypte

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