Aux Comores, la noix de coco est devenue rare…
09 juin 2009 La cocoteraie fait partie intégrante du paysage des îles Comores. Il suffit de survoler l’archipel pour apercevoir combien ce palmier est si important. La noix de coco, indispensable dans la vie quotidienne des habitants, est devenue un produit de luxe. Malgré une population importante des cocotiers aux îles Comores, la production ne couvre pas aux besoins des intéressés. Par conséquent, nous assistons à un inversement de situation plus que préoccupante. Dans les grandes festivités « Mashuhuli », toujours omniprésentes dans les îles, des sacs de noix de coco râpée sont ainsi importés de la France.
Jusqu’à la fin des années 80, la cocoteraie comorienne était parmi les cultures de rente. Comme la vanille, le girofle et l’ylang… le coprah « Mbatra », albumen séché de la noix de coco s’exportait massivement vers l’occident. Utilisé pour l’industrie cosmétique pour la fabrication du savon, du shampoing…la noix du coco faisait partie de la fierté nationale en matière d’exportation.
Au milieu des années 90, la production commençait de chuter et l’exportation devenait de plus en plus rare. Malgré cela, la commercialisation locale de la noix restait raisonnable et la production couvrait les besoins quotidiennes de la population comorienne. Je m’en souviens : A la proche du mois de ramadan par exemple, les femmes préparaient en grande quantité de l’huile de coco afin d’assurer les fritures des « maharibi ». Mais « hari kapvana lelo yaparo kaya kaïri rahana djana ». Depuis l’an 2000 la situation est devenue catastrophique. La production a chuté de près de 55% dans l’ensemble des îles. Une chute qui a entrainé une pénurie sans précédente de la noix de coco et une hausse historique du prix de ce produit. Une crise qui a touché non seulement le mode culinaire des îles Comores mais surtout l’économie proprement dite du pays.
Pourquoi on est arrivé là ?
La fumagine, champignon qui s’est développé sur les secrétions de la mouche blanche, qui a attaqué la cocoteraie des Comores et l’âge de celle-ci, l’une des principales causes de cette pénurie. Et dès l’année 2000, l’aleurode (ou mouche blanche), insecte parasite a attaqué les cocotiers comoriens. Il a causé de forts dégâts sur l’ensemble des îles. Un attaque, qui a entrainé l’affaiblissement des plantes et qui a paralysé la production. Le champignon qui a attaqué le feuillage des palmiers a stoppé net la photosynthèse. Ce qui a gêné tout processus de croissement et de production. Durant, quatre années environ, aucun traitement n’a été connu et la maladie entrait dangereusement dans sa phase la plus capitale.
C’est au milieu de l’année 2005 que les chercheurs du Centre de coopération Internationale, en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRADE) basé à la Réunion et l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Environnement (INRAPE) ont trouvé une solution biologique à cette maladie. La technique trouvée est de lâcher des insectes ennemis à la mouche blanche trouvés à l’île de la Réunion afin de réguler naturellement la population de l’aleurode. Ce travail qui entrait dans le programme de lutte biologique du (PRPV) Programme Régional de Protection des Végétaux, commençait à porter ses fruits depuis 2007. La cocoteraie des îles Comores commence, petit à petit, à se vêtir de sa couleur verdâtre et des signes de sa production apparaissent même si c’est timidement. L’espoir fait vivre. Cette maladie sans précédente est venue attaquer une cocoteraie bien âgée. La plupart de ce patrimoine a dépassé les 50ans. C’est une raison parmi tant d’autre qui causait l’affaiblissement inopiné de ces plantes.
La simple question est : « Quand est-ce que, le nazi comorien retrouvera son abondance? »
En tout cas ce n’est pas pour demain. Certes, la production montre des signes positifs, mais beaucoup de pieds de cocotier ne sont que des simples piquets. Si on veut vivre la production des années 80, il faut non seulement surveiller la santé des plantes mais surtout renouveler la cocoteraie de nos. Des mesures sont mises en place par le ministère de la production, seulement, il n’y a pas suffisamment d’accompagnement sur le terrain. L’agriculteur et le politique doivent comprendre l’enjeu socioéconomique de la fameuse noix de coco…
Abdou Radjabou