INTERVIEW: Lyon, dans la communauté comorienne, tout le monde doit être concerné...
22 juin 2009 Depuis, il y a presque un an, un comité d’étude est crée au sein de la communauté comorienne de Lyon. De cela, nombreux sont ceux qui se posent des questions…les dires sont nombreux et massifs. Mais pour qu’on connaisse les vraies tâches de cette instance, COMORESplus s’est entretenu avec Mahamoud Soilih, un de ses membres, pour beaucoup des éclaircissements.
COMORESplus : Mahamoud Soilih, vous êtes un des membres, les plus vus du comité chargé de l’organisation sociale des Comoriens de Lyon ces derniers temps, quel est le but de ce collectif ?
Mahamoud Soilih : Avant tout, je remercie la presse COMORESplus de cette interview et vous dis que c’est un honneur pour moi d’y accéder en interview avant toute autre personne. Et je vous remercie particulièrement mon frère. Vous qui prenez une part aussi grande dans la communauté comorienne de Lyon et surtout dans le domaine de la communication. Alors pour répondre à votre question, il y a un moment, les comoriens de Lyon s’étaient composés pour vivre sous la loi de « Mila nantsi ». Des années passent, une autre réflexion est examinée, les comoriens ont retracé une voie dont celle des ulémas. Ce sont eux qui avaient la gestion sociale…de la communauté comorienne de Lyon. Enfin, à ces heures-ci, la communauté a jugé aussi utile de transférer les compétences à une instance autre que ces deux précédentes. Le comité de 33 personnes est composé et va s’occuper des sujets qui préoccupent la communauté comorienne de Lyon. Mais comme vous le savez, lors de la création de ce comité, ses composants ont été pris au dépourvus. Moins sont ceux qui étaient avertis. Mais l’urgence a fait que les membres présents de la réunion, n’ont pas été réticents, quand la proposition de faire part au comité a été tombée. Sinon, la précipitation crée des conséquences à la communauté quelques temps après même si certains fruits sont cueillis. Alors le manque d’études a fait que notre collectif soit bancal. Mais même si nous confrontons des obstacles, nous devons assumer…car ce qui est fait est fait. Nous ne devrons pas être éternellement pessimistes et céder à l’éparpillement de la communauté. Alors, précisément, le but de notre comité, c’est de préserver l’harmonie entre la communauté comorienne d’ici à Lyon.
CP : Il y a plus de trente ans, les comoriens sont accueillis par le sol lyonnais, donc vous dites que pendant cette durée, ils ne sont jamais en harmonie ou c’est un désordre qui vient de s’introduire ces derniers temps ? Car là, vous avez parlé de l’harmonie comme l’une des tâches attribuées au comité.
MS : Pour être claire, ces problèmes s’implantent depuis un petit bon moment. Plus précisément, depuis la création des assises de Inya système vétuste avec lequel, l’île de Ngazidja a été administrée. Ce système devrait être bon et rentable, mais il n’a pas été débattu d’abord pour y souligner les inconvenants et les avantages. Cela a permis aux propulseurs de ce système de se retourner, délier leurs langues et dire non... Il faut que chacun retourne à sa région et que nous vivions uniquement « comoriens ». Telle fut la suivante proposition. Mais cela n’a pas été bien accueilli par certains adeptes…et toujours les problèmes perdurent dans la communauté. Il y avait une raison de plus. L’hypocrisie a été permanente. C’est bien cela qui a engendré le comité dans lequel toutes les régions de Ngazidja et certains insulaires des autres îles Comores, sont représentés. Donc pour revenir à la précipitation sous la quelle la composition de ce comité se repose : il aurait fallu penser aux problèmes des comoriens d’ici, aux intérêts de ce pays dont la communauté peut être bénéficiers et aux problèmes de notre pays là-bas, qui nous attendent bien entendu. Ce faisant pour surmonter ces difficultés, nous sommes à l’urgence de rassembler les jeunes et toute personne qui puissent répondre au rendez-vous de ce troisième millénaire mais non uniquement ceux qui ont accompli le devoir coutumier « le anda ». Je sais que cela va déplaire quelques uns de mes semblables mais de partout où, nous sommes, il faut que la vérité soit avec nous même si elle est amère comme disent les wangazidja.
CP : Nombreux sont les comoriens de Lyon, qui connaissent le déroulement de ce comité, et selon le constat qui est fait dedans, cet organe n’épaule aucun effort en faveur de la communauté. Ses occupations se limitent aux partages de madjliss et aux réparations en tribu. Et pourtant, il lui est conféré le plein pouvoir. Alors si, il se limite sur ces deux effets précités, c’est par lâcheté ou par convention…?
MS : Ce que je peux confirmer, je suis convaincu que nous, membres de ce comité, n’avons pas la suffisance…nous permettant de gérer les différents problèmes auxquels la communauté fait face. Et pourtant, je suis convaincu de même, que notre pouvoir a été large sans aucune barrière. Mais voila, lorsque le champ culturel et visuel est bien limité de sorte qu’on n’ait pas pu maîtriser la situation, tout chamboule et les uns et les autres se dressent. Et ce n’est pas de notre faute, je souligne là-dessus. D’ailleurs, nous sommes conscients de ce manque. Preuve est que récemment, ce comité s’est entretenu avec certains jeunes comoriens actifs, dynamiques…de Lyon, et ils ont conclu dans l’ensemble qu’il faut rassembler tous les techniciens de différents domaines, dont nous savons leurs savoir-faire…s’associer à eux pour ajuster le navire. Et surtout pour ceux qui concerne nos enfants, en matière d’éducation car, nous leur devons beaucoup. Et je pense qu’à partir de là, ce comité va rester dans son domaine dont le « mila na ntsi » sans amalgame de compétences pour ne pas freiner la bonne démarche.
CP : Vous voulez dire qu’il faut que chaque classe soit attribuée sa tâche et soit indépendante ou que ces jeunes renforcent ce comité, pour qu’il puisse bien incarner le plein pouvoir ?
MS : Non, il faut rendre à César ce qui appartient à César. Je me rappelle très que nous participions à une réunion qui s’est déroulée ici à Lyon il y a quelques mois, qui rassemblait la communauté comorienne de différents milieux, de Marseille, de Nice et d’autres régions. Tous les participants notamment les comoriens ne résidant pas Lyon, ont été convaincus qu’ici à Lyon, il y a une jeunesse comorienne qui soit capable de mieux faire et qui puisse être parmi les acteurs de la transformation nouvelle de ce monde d’aujourd’hui. Nous savons très bien que nous avons des techniciens avérés…dans des différents domaines comme je l’ai souligné au départ. Ces jeunes sont issus de toutes les régions de notre pays, notamment Ngazidja. Donc, il faut que ces derniers soient rassemblés dans un cercle autour duquel, on peut trouver les voies et moyens pour aider les comoriens que nous sommes, et nous montrer là où nous avons droit et devoir comme toutes les communautés résidant en France. Sachez que ce n’est pas « la grade venant du devoir coutumier qui puisse nous éclairer le chemin de la vie ».
CP : Quand on parle de la communauté comorienne, ce sont les comoriens de toutes les îles de l’archipel. Et pourtant, il n’y a que les wangazidja, qui sont mouvementés…et qu’on exclusivement représentants de la communauté. Que pouvez dire sur cette situation ?
MS : Non, il n’y a pas que les wangazidja. Les wandzuani, les wamwali et même ceux qui nous ont quittés les wamaore bénéficient nos systèmes. Ici à Lyon, nos frères et sœurs des autres îles ont le droit de madjliss s’ils remplissent les conditions…Preuve, il y a eu des madjliss de Ndzuani, de Mwali et de Maore sur Lyon. Dans le comité que nous évoquons ici, Mwali est représenté. Et pour le mal et pour le bien, nous sommes tous ensemble, mais la représentation est proportionnelle. Donc, rassurez-vous que nous partageons avec les autres insulaires comoriens.
CP : Comme nous savons très bien, la diaspora contribue en grande partie pour l’aménagement de nos localités aux Comores. Et parmi les ressources de gain, de ce dernier temps, les madjliss. Vous nous dites que votre comité a pu contribuer pour cette œuvre qui est loin d’être achevée ?
MS : Ce dont je suis certain comme tâche accomplie, c’est uniquement l’harmonie entre comoriens de Lyon et leur stabilité au centre de nos palabres. Mais même en matière de Madjliss, nous n’avons pas su gérer la situation comme il fallait. Preuve, il y a des gens qui débarquent d’ailleurs, Marseille ou autre ville, s’installer ici pendant quelques jours puis se voient attribuer un tour de madjliss. Ils l’organisent, y récoltent la somme et puis partis le lendemain sans donner signe d’existence. Donc c’est une défaillance du comité dont je suis membre. J’avoue sans état dam. Nous vivons aussi les problèmes qui sont à l’intérieur de nos localités…Organiser des madjliss et nous ne savons pas où est destinée la somme. Parfois, ce cas se produit même si c’est avec rareté. Alors, il faut que notre comité fasse une étude sur ce problème. Je pense que mis à part l’harmonie entre comoriens, notre boulot n’est pas encore commencé. Ou s’il est commencé, je pense que loin sont les fruits de cette assise.
CP : Pour clore notre entretien, quel avantage que vous voulez qu’il soit à la possession de l’enfant comorien de Lyon au moment où au départ vous aviez évoqué le cas de l’éducation, qui est un cas costaux ?
MS : Parmi les avantages : nous avons des enfants qui sont amateurs de sport et qui devraient avoir la chance d’évoluer. Nous avons à chaque année des enfants qui sont en préparation des examens de fin d’année. Nous avons des enfants qui aimeraient bien apprendre notre religion, c’est-à-dire la religion musulmane ainsi de suite. Pour surmonter ces difficultés, il faut des gens comme vous en personne, capables de remplir ces tâches avec habileté, pour assister tous ces enfants qui sont sans doute, notre avenir. Cela peut enfanter le rapprochement de nos enfants ainsi que leur réussite bien entendu. Et cela peut aussi aider à l’évolution de nos localités bledards. Enfin, je suis reconnaissant de la contribution de notre diaspora…et les études, la suivie et la faisabilité des projets ainsi que les aménagements pour le développement communautaire. Ce n’est pas donc le anda qui met cela en œuvre et si cela contribue, c’est en faible quantité. Alors je n’exclue pas « nos us et coutume » mais il faut aussi qu’on comprenne que l’intelligentsia, la technicité doivent urgemment être invitées pour palabrer et réfléchir les problèmes auxquels la communauté comorienne de Lyon fait face.
CP : Mahamoud Soilih, je vous remercie.
MS : Merci à vous pareillement.
Propos recueillis par
SAID YASSINE Said Ahmed