FEMME DE LA DIASPORA: LEVES-TOI ET BATS-TOI POUR LA FEMME COMORIENNE DE KAMAR !
22 juil. 2009 L’émancipation professionnelle de la femme un bien grand mot qui sonne fort et qui en effraie certains parfois. Avant d’en définir le sens réel, voyons d’abord de quelle Femme nous faisons allusion précisément. Malgré nos similitudes et ressemblances, nous parvenons à distinguer deux types de Femmes :
La Femme comorienne de Kamar et la Femme comorienne de l’Occident dite femme de la diaspora.
Pourtant leurs préoccupations se ressemblent, leur priorité première étant la réussite sociale. Celle-ci représente pour elles la garantie du bien être de leur foyer, les moyens d’offrir une qualité d’éducation et de scolarisation à leurs enfants, une manière aussi de consolider leur statut de femme et d’épouse.
Aujourd’hui la Femme de la diaspora se démarque. Son accès à la scolarité et aux études supérieures lui a offert les premières clés de sa réussite. Elle s’est ouverte les portes de métiers jusqu’alors inaccessibles. Au fil du temps, elle a développé une palette de compétences qu’elle revend sur le marché du travail. Un savoir-faire qui la pousse même à gagner en ambition, à vouloir grimper les échelons de sa carrière professionnelle.
Un savoir qu’elle n’oublie pas de mettre au profit de l’économie de son pays.
Alors pourquoi cette même Femme de la diaspora n’encourage t-elle pas la Femme locale vers le même élan professionnel ? En somme, devenir une stimulatrice à l’épanouissement professionnel de la Femme comorienne locale qui représentent plus de 50% de la population comorienne. Qui serait à son tour une locomotive pour la relance économique de Kamar, dont l’archipel a grandement besoin notant un niveau très faible d’activité chez la femme (soit 17,9% contre 32,8% chez les hommes2). Dépendant d’un système matriarcal, la Femme comorienne de Kamar occupe une place importante dès l’adolescence .Etant le ciment de notre société, je me demande encore, comment une société comme le Kamar peut tant la mettre à part ?
Et c’est bien ici où la Femme de la diaspora doit intervenir car son rôle est non négligeable. Tout en puisante dans ses richesses culturelles et traditionnelles et en préservant ses valeurs, elle se complète avec ses atouts de Femme moderne. La Femme de la diaspora pourrait à travers ses acquis professionnels, transmettre, son savoir, son expérience à la Femme de Kamar.
Rassembler, développer, entreprendre !
L’Education est le cœur du problème à Kamar, la Femme de la diaspora dispose d’atouts professionnels majeurs qu’elle peut transmettre aux autres laissées pour compte, en s’investissant dans des missions telles que :
- ateliers de coutures/d’artisanat et du cuisine
- ateliers éducatif en développant des garderies /des crèches …
- cours des bases du commerce, en organisation, en gestion et négociation
- ateliers agriculture et agro alimentaire
- sous forme de coopératives, créer des centres de conseils et gestion etc….
Car au lieu d’envoyer du riz en Afrique (pensant l’aider), pourquoi ne lui apprendre tout simplement à en cultiver voir même le vendre ?
Il est vrai que l’économie comorienne est pour l’essentiel soutenue par l’excès des transferts d’argent de la diaspora. Elle s’élève à hauteur de 72000 € soit une fois et demi le budget de Kamar3 Mais au delà de l’importance et au regard de la prépondérance de ces envois, il serait décisif de créer les conditions pour que la diaspora, finance des investissements productifs à Kamar. En somme, mettons au profit des ces Femmes comoriennes de Kamar le Savoir, l’Arme la plus destructrice pour combattre l’ignorance : le Sida de notre continent !
Un savoir déjà tenté par la communauté à travers, d’une part, des mouvements associatifs symboliques : tels que l’association humanitaire YLANG YLANG basée à Montpellier menée par Madame Chaki ; ou encore l’association pour le développement des îles Comores (Adic) présidée par Anne Eter , qui pour historique est la descendante de la dernière reine de Mohéli, Fatima Djoumbé. Timidement mais sûrement, on remarque aussi quelques figures féminines emblématiques, qui décorent le visage entrepreneurial comorien.
Prenons l’exemple, de la dynamique créatrice de la marque USURI, Wassilati Mbae ou encore Soilha Said Mdahoma, chef d’entreprise en BTP surnommée « la bâtisseuse », elle-même ayant reçu le trophée de la réussite au féminin en 2007. En somme des références et associations qui véhiculent un modèle cristallisant le désir de changement, sensibilisant et encourageant la Femme comorienne de Kamar à se prendre en main pour réellement s intégrer professionnellement.
Non à l’utopisme, oui au réalisme !
Même si la Femme de la diaspora est dotée d’une double culture qui l’amène à comprendre certains freins ralentissant l’évolution professionnelle de la Femme comorienne de Kamar, la Femme de la diaspora doit rester réaliste.
Née ou ayant vécu dans un environnement occidental, la Femme de la diaspora, a la possibilité de vivre sa double culture comme une richesse supplémentaire. Loin de nuire à l’une ou l’autre identité, elle a le choix de la sauvegarder, de la protéger, et ceci par des actions simples comme par exemple :
- Consulter avant tout la Femme comorienne de Kamar : que l’on sache quels sont ses besoins, ce qu’elle veut entreprendre
- La Femme de la Diaspora doit connaître son histoire ; sa culture, ses codes ; ses dialectes et sa politique
- Elle peut effectuer des (courts ou longs) séjours à Kamar en menant, par exemple, des actions efficaces pour s’imprégner au fur et à mesure du terrain.
Ceci en évitant surtout de « je vienniser »le Kamar, une mauvaise habitude qui assassine à petit feux l’archipel
- S’informer ; s’impliquer dans les actions menées par la communauté
- Avoir un soutien interne des politiques et externe de personnes de référence ayant comme rôle de parrain etc.….
Donc, avant toute aventure et investissement pour le Kamar, il est évident et PRIMORDIALE que la Femme de la diaspora remplisse ces conditions (et autres) afin d’éviter le pire, qui la conduira vers un clash culturel et peut être l’amènera à ne plus jamais revenir !
Soutenir la femme comorienne n’est pas du simple féminisme !
Beaucoup sont ceux qui pensent qu’aller vers la marche de l’émancipation professionnelle féminine se définit comme un acte FEMINISTE consistant, au fond, à écraser l’homme.
Détrompez-vous ! Chacun, homme comme femme, devons pouvoir trouver notre place pour nous allier afin d’aller vers la réussite de notre pays. Nous sommes deux êtres partenaires et complémentaires. L’expression de Thomas Sankara le définit parfaitement « la femme a besoin de vaincre pour l’homme et l’homme a besoin de la femme pour vaincre » extrait du Livre « L’Emancipation des femmes et la lutte de la libération de l’Afrique » aux Editions Pathfinders .
Donc Abats au Féminisme et Abats au Machisme ! N’oublions pas que l’éducation de l’enfant est assurée par les Femmes et si nous voulons un changement des mentalités des Hommes, l’éducation des garçons et des filles dans notre société doit changer Donc Femme de la Diaspora, faisons bénéficier notre potentiel professionnel au profit de la Femme comorienne de Kamar, celle qui est le nœud de toute question humaine, à caractère universel.
Apportons cette vraie émancipation qui la responsabilisera, l’associant aux différents combats auxquels est confronté le pays, la rendant ainsi actrice au développement de Kamar. Car nous sommes parmi les accélératrices de la révolution industrielle de Kamar.
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Charifa MADI
Editorial /Communication UK