1ère partie

Cela fait bien 30 jours depuis l'accident de l'Airbus A310 de la compagnie "YEMENIA" au large des Comores, précisément au Nord de Ngazidja. Rien ne pointe à l'horizon pour montrer les causes de ce drame hors pair. C'est pourquoi sur la base de la morale comorienne " A défaut de coq pour chanter, alors que les poules se mettent à chanter", je vais essayer au vu des témoignages et du déroulement des événements qui ont suivi, de faire le point de ce qui aurait pu se passer dans la nuit du 29 au 30 juin 2009. Il était aux environs de 2h du matin heure de Paris, lorsque l'on apprend que des employés de l'aéroport de Hahaya, ont annoncé que l'avion de la compagnie "YEMENIA", a disparu des écrans radars. Aussitôt que la nouvelle connue, les communications avec Moroni, se sont multipliées. C'est là que l'on a appris des témoins oculaires, que depuis Ntsaouéni et les villages environnants, on a vu l'avion en feu au niveau du gouvernail, avant de  disparaître en mer. Tous les espoirs reposaient alors, sur la géographie de cette région Nord de la Grande comore. Tout le monde sait qu'il existe une bande assez large de plateau continental dont la hauteur de la mer est de quelques mètres.

Le lendemain matin aux environs de 11h, heure de Paris, les premières nouvelles font état du repêchage d'un môme, par les sauveteurs comoriens. On apprend par ailleurs que le représentant, résident du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), a reçu tôt dans la matinée les coordonnées de l'avion, relevées à partir d'un satellite américain, et que des équipes américaines avec un hélicoptère, sont en route vers Moroni. Dès que la nouvelle sur les trouvailles de la fillette Bahia a été connue, la presse a annoncé le voyage surprise et inopiné du ministre français de la coopération, aux Comores, pour présenter les condoléances du gouvernement français, aux autorités des Comores. Dans la matinée du mercredi 1er juillet, le ministre français, annonce depuis Moroni, que les signaux des boites noires, sont repérés par le Transall de l'armée française. Une information démentie, dans l'après-midi du même jour, avec un rectificatif qu'il s'agissait plutôt des balises de détresse de l'avion et non des boites noires. Naïvement, ce mercredi 1er juillet, seules les équipes françaises de secours, sont parties en mer pour établir les plans et les modalités de l'intervention. Vers 15H, heure de Paris, elles sont revenues et selon les dires, pour annoncer lors d'un briefing, que les boites noires étaient difficiles d'accès. Furieux, les Comoriens quittent le briefing et prennent leurs zodiacs, direction la mer. Elles sont suivies par les Américains. A leur retour, lors du  deuxième briefing en début de la soirée, les Comoriens et les Américains, auraient décidé de renflouer l'avion, le lendemain jeudi. Dans la matinée du jeudi, revirement de situation ; les français reprennent la direction des opérations, sans que l'on sache ce qui s'est tramé dans la soirée. Ce jeudi là, le ministre français retourne à Paris avec Bahia, l'unique rescapée et témoin de l'accident. Voilà pour les faits.

Où en est-on trente jours après? Pratiquement au point de départ.

Pour beaucoup de gens, nous nous retrouvons au temps de notre enfance. Dans la tradition comorienne, lorsque l'on voulait écarter un enfant d'une scène réservée aux adultes, sa mère l'envoyait chez la voisine, chercher le "MNA ZOUNGOUSSO", autrement l'ustensile "TOURNE ROND". La voisine à son tour, renvoie l'enfant chez l'autre voisine, et tour à tour, jusqu'à ce qu'une contre-consigne soit donnée, pour le laisser rentrer. Ironie du sort, voilà que devenus adultes, on nous fait jouer le même tour, sans que personne ne s'en rende compte. A se demander si ceux qui sont venus nous aider, ne sont pas donnés le mot d'ordre, utilisé jadis, du temps des "Sultans batailleurs", par les habitants de canton Hambou, "MTSAHE TSI MONE", qui signifie "cherche le bien, mais surtout ne le trouve pas". Ce canton situé entre le Bambao et la Badjini, était un passage obligé des guerriers de Bambao ou Itsandra, qui allaient se battre contre le Mbadjini et vice-versa. En cas de défaite, le Hambou servait de base de repli de l'armée vaincue. Mais à Hambou, il était interdit de dénoncer un militaire ayant demandé refuge d'où l'expression  "MTSAHE TSI MONE". Lorsque les vainqueurs venaient chercher les fuyards, on leur montrer tous les endroits, où personne s'est allé se cacher.

C'est ainsi qu'après plusieurs semaines de recherche, personne n'arrive à localiser un avion rester entier, puisque tombé de 1500 pieds, selon les enregistrements de la Tour de contrôle de Hahaya, soit 400m de hauteur, à une dizaine de km de l'aéroport, et sous les yeux bienveillants, de centaines de témoins. En attendant qu'un jour, les boites noires, livrent leurs secrets, les prières sont de mise pour que cette fois-ci, elles ne disparaissent de leurs repères à 1200m de profondeur et à 24 km, c'est-à-dire, plus de 12 km du point où l'on a repêché Bahia. Que Dieu tout puissant, épargne ces boites noires de "MFAUME WA DZIHONI", Roi de la cuisine, autre expression comorienne de notre jeune enfance, qui signifie: s'approprier de manière invisible une grillade sur un barbecue. Dans l'espoir de voir un jour, ce drame cauchemardesque s'éloigner, libérer le peuple comorien, de son souffle, le nouveau Robot américain de la société Phénix, fait route vers les Comores, en lieu et place de celui de France Telecom

A suivre…

Mohamed Chanfiou Mohamed 

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