IIMAG0071l y a sept mois Ikoni vit dans une paix fragile. Plusieurs indices concordantes tendent à démontrer que les autorités font tout pour étouffer l’affaire afin que justice ne soit pas faite. Mauvaise foi ou machination du régime ? Il est coutume chez l’autorité politique comorienne d’utiliser une affaire à des fins personnels, sans se soucier ni des victimes ni des citoyens, quand ça les arrange. Le cas de Vouvouni en est l’illustration parfaite : des prisonniers ont été échangés contre des bulletins de vote. Depuis sept mois, des jeunes ikoniens croupissent en prison. Et en tout et pour tout, rien que quelques auditions sabotées par les autorités compétentes… se sont déroulées. Comment la justice, disposant d’un dossier complet, fin prêt pour un vrai procès, choisit-elle le silence comme réponse à la population ikonienne ? Certes parmi les personnes qui sont en cachot, il pourrait y avoir des parfaits innocents. Mais comment établir cette innocence ? Je m’interroge. Car une phrase venant de la bouche d’une autorité politique originaire d’Ikoni, dans une réunion sensée être clandestine me hante. La fameuse autorité a affirmé : « …Ma position : il ne faut pas qu’il ait un procès. Donc voilà, ne pas l’attendons pas… ».

Dès lors, qu’attendre de mieux de ce gouvernement d’Ikililou2 ? Va-t-il pouvoir réparer les dégâts générés lors de la période d’insécurité sous la responsabilité mal assumée de Hamada Abdallah, ancien ministre de l’intérieur ? Et que dire de la désinvolture et de l’insouciance d’Aliane Ahmed, ancien Garde des Sceaux ? Hamada Abdallah n’a pas respecté le Protocole de paix qu’il a présenté aux belligérants. Aliane, de son côté, a juste fait qu’acquiescer aux directives des hautes instances de la justice, en l’occurrence, celles du Procureur de la République, pourtant, son subalterne. Un renversement de la hiérarchie. Résultat des courses le statut quo.

Des preuves et des photos dans une clé USB

Lundi dernier, Ikoni a connu un autre épisode. Une autre forme de manifestation : l’entrée en scène des femmes issues d’un des quartiers en conflit et qui ont érigé des barricades. En réaction, les forces de l’ordre ont envahi les rues de la cité. Un climat défavorable aux ikoniens. Tout de suite, le Vice-président en charge des finances, Mohamed Ali Soilihi a convoqué une réunion, à laquelle, plusieurs personnalités de l’Etat, comme le procureur de la République, le chef de la gendarmerie nationale, le ministre de l’intérieur et d’autres Ikoniens, comme Mme le maire de Bambao ya Mbwani, l’ancien commissaire politique sous Ali Soilih et ancien agent de la banque cetrale Soilihi Hadji, l’ancien ministre Adamo Mohamed, l’ancien maire Chabane A. Halifa, le commissaire aux fiances de Ngazidja Mohamed Soulé Issilam, Mohamed Mbechezi, Elkabir pour ne citer qu’ eux. Que faut-il en attendre ? La rencontre accouchera t-elle  de quelque chose de constructif ou toujours et encore des soubresauts ?

Le procureur de la République, interpellé par tous les intervenants, a affirmé avoir deux objectifs : la paix et une justice équitable. Il soutient qu’il a demandé aux ikoniens de l’aider pour que le dossier d’instruction avance plus vite. En livrant six personnes indispensables pour l’enquête. Mais, les ikoniens ne l’auraient pas fait. Pourtant, ces hommes tant recherchés jouissent de leur liberté de mouvement.  Matin, midi et soir à Ikoni comme à Moroni, ils circulent librement. Ils ne sont méconnus que des autorités judiciaires n’arrivent à les repérer. Par conséquent, on se demande le rôle de la gendarmerie  dans cette affaire, alors qu’elle  dispose des noms des suspects. Très suspecte aussi mais importante, l’affirmation de la source de Chawali Ali Abdallah, qui prétend disposer « des photos et des preuves des auteurs des actes de dévastation dans une clé USB et qu’il la remettra au ministre de l’intérieur…». Pourtant, le chef du service des renseignements généraux du régime, présent à la réunion et même originaire d’Ikoni comme Chawali, ne dispose de rien. Or cela fait partie des tâches relevant de son domaine.

Deux clans, deux stratégies : paix à l’amiable contre procès. 

Pour Adamo Mohamed, l’origine du problème ikonien est la suivante : « le directeur de cabinet du gouverneur et quelques notables ont décidé de destituer un maire élu et de le remplacer par une délégation spéciale. Une situation inadmissible.  Et au moment où les ikoniens ont rencontré le Procureur de la République, ce dernier voulait clore le dossier à l’amiable, sans procès aucun. Certaines têtes pensantes ont accepté la proposition. D’autres, se considérant comme représentant d’un peuple, ils estiment légitimes, donc, de retourner rendre compte au préalable. Donc, ce clan-là ne veut pas d’une paix négociée en catimini ! » a insisté Adamo. Car la cause principale de la situation sont les émeutes des nuits du 23/24 décembre 2012. Soilihi Hadji remontait le fil des événements jusqu’au 21 décembre et insistait sur la nécessité d’un procès. Donc, selon certains, il est parmi les ennemis de la Paix à Ikoni en défendant cette position.

Le suspens perdure. Quel clan va-t-il avoir les faveurs des autorités ? Procès ou un débarras comme un écolier devant son maitre, les autorités judicaires auprès du VP Mohamed Ali Soilihi ? Si bien un jour procès a lieu, l’ex ministre de l’intérieur Hamada Abdallah, doit être entendu car les coups de téléphones venant de quelques ikoniens de l’extérieur ont bien atterri sur sa ligne : son immobilisme, sa  réaction tardive, le viol du pacte ne sont pas anodins.

SAID YASSINE Said Ahmed

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