IMAG0054Quand l’autoproclamé médiateur ne se repose que sur la pyrotechnie, son drap ne résiste pas si longtemps sur sa peau. De toute façon, on ne meurt que par sa maladie. Le vendredi 19 juillet 2013, le vice-président en charge des finances, « en fin ikonien », a convoqué quelques têtes à sa résidence pour discuter de la situation qui paralyse la ville d’Ikoni depuis sept mois. Avec un front ridé de solennité, des dents grinçant de nervosités, l’éloquence d’un prêtre prêchant devant ses ouailles, Mohamed Ali Soilihi, alias Mamadou a su, une fois de plus tromper les esprits des participants de cette rencontre.

 

Mbaba Nourdine le bienveillant 

 

Oui, quelques hauts dignitaires de l’Etat comorien, notamment, le nouveau ministre de l’intérieur, le procureur de la république, le commandant de la gendarmerie étaient présents dans le manoir du vice-président en charge des finances, qui se hissait en posture d’homme  sensible aux problèmes auxquels les ikonines font face depuis les nuits des émeutes du 23/24 décembre 2012 et 26 janvier 2013. Oui ceux qui ont entendu « hé wa ikoneeee, mi mbaba Nourdini », parole prononcée par Mamadou 1er,  le jour du grand meeting faisant de lui vice-président, ont été séduits par la bouche rouge d’un sorcier. Que dire de la manigance en bande organisée ? Après celle du procureur de la république souhaitant toujours traiter l’affaire d’Ikoni à l’amiable, aujourd’hui « mze wa marambu katsina zo hamba ». Car lors de la rencontre susmentionnée du 19 juillet 2013 chez le Vice-président Mbaba Nourdine ou Mamadou 1er, le procureur avait soutenu que les six personnes devraient être arrêtées pour que le procès commence mais les ikoniens ne les ont pas livrées. Cette fois-ci, « wa halwa usiha, kadayo udja nkado ndzimaa ».

 

Le Sultan au double langage 

 

Certes, le juge d'instruction a fini par lancer quatre mandats d'amener, bien transmis cette fois-ci à la gendarmerie. Mais le sultan Mamadou 1er se lie en grande amitié avec quelques présumés, notamment un des gros bonnets. Ces derniers  ne souffrent d’aucune contingence. Rassérénés par le soutien indéfectible venant d’en haut, ils sont tous tranquilles dans leurs peaux, car le pseudo-médiateur, aurait ouvert une autre porte que celle exposée aux négociants du 19 juillet 2013. C’est ainsi qu’il aurait fait pression auprès du tout nouveau Garde des Sceaux en lui demandant de stopper provisoirement les mandats d'arrêts. Un discours aux antipodes des belles déclarations d’intention servi à la cour. « Ndeshe pamnkono sha wa munga, ndisho sultan Mamadou no wandzani…wa hantsiza wa Ikoni ». Ce qui donne des ailes à ses protégés. Par ailleurs, le GOUROU de ceux contre lesquels, ce mandat a été lancé, n’a pas tardé à mettre son talent en œuvre. Avec sa spécialité d’homme rusé et fourbe. Il s’est rendu dans son quartier, l’un des deux quartiers belligérants, regroupant ses « affriolés » et leur dit : « il est lancé un mandat  d'arrêt contre moi, qui a pour fin un mandat de dépôt contre moi ! Tout ça dans le but de vous priver d’un interlocuteur, et de quelqu’un qui puisse vous défendre… ». Un habile procédé qui fait passer un loup aguerri aux dents acérés en pauvre agneau sans défense. Une victime de la cause. Laquelle ? Une chose est certaine. Pas celle d’une justice équitable. Passons…

 

Des questions encore et encore

 

Malgré toutes ces péripéties, des questions lancinantes subsistent encore et encore. Mais pourquoi, on n’ose pas en vérité parler du fond de cette affaire ? Et si le responsable des services des renseignements généraux du pays, lui-même natif d’Ikoni, se rendait utile dans cette affaire ? Et si le gouvernement, notamment le corps judiciaire, prenait en compte les révélations du notable Chawali Ali Abdallah, selon lesquelles, il disposerait des preuves, dont des images dans une clé USB ? Et si les lettres adressées au chef de l’Etat, au ministre de l’intérieur sortant, à l’ex-Garde des Sceaux… étaient prises en considération ? Et si le Vice-président en charge des finances, médiateur, conciliant, éloquent, honnête, soucieux, Mbaba Nourdine se comportait en homme respectueux des ikoniens en cessant de les prendre de haut. La ville d’Ikoni a assez souffert. Elle a suffisamment payé les errances et manigances des uns et des autres, surtout des politiques.

 

SAID YASSINE Said Ahmed

COMORESplus

 

Retour à l'accueil