mini2_mini_Sambi-gvt.jpgComme vous le savez déjà, le probable passage en force du Chef de l'Etat Ahmed Abdallah SAMBI pour rester au pouvoir au-delà de son mandat le 26 mai 2010, l'archipel des Comores ne serait plus une république démocratique , mais plutôt une principauté régentée par un monarque dont SAMBI. Dans son célèbre ouvrage, L'esprit des lois, le grand penseur politique français du 18ème siècle, Montesquieu, distinguait déjà trois types de régime politique : le républicain, le monarchique et le despotique. Il avait minutieusement décrit les caractéristiques essentielles de ces trois types de régime. Pour ce qui nous concerne, il s'agit de réfléchir sur les conséquences immédiates et lointaines qu'engendre l'instauration d'un régime autocratique comme celui que le Chef de l'Etat tente d'imposer aux Comoriens à partir du 26 mai 2010...

 

En mettant dans une bouteille le cadre démocratique et républicain chèrement acquis durant ces dix dernières années par notre peuple au temps d'Azali ASSOUMANI , le désormais, Chef de l'Etat a décidé, en fin de son mandat où on devrait plutôt penser, à présenter son bilan politique , social et économique qu'à se lancer dans une aventure sans lendemain, d'asseoir un pouvoir pour lui, sa famille et son clan. Faisant l'éloge du régime présidentiel – éloge basé sur une ignorance de ce type de régime – les thuriféraires de la refondation, par leurs faits et gestes, auront conforté le désormais Chef de l'Etat dans sa posture d'homme providentiel sans qui les Comores sombreraient dans le chaos ! Cette forte personnalisation du pouvoir, oeuvre de courtisans serviles et surtout voyous, donne une version très caricaturale du régime présidentiel adopté par la république Sambiste , montrant par exemple, sur toute presse gouvernementale , une image du chef de l'Etat au-dessus du Palais présidentiel !

 

Cela nous rappelle, à bien des égards, les dictateurs africains , que les Télévisions nationales avaient l'habitude de montrer, aux journaux télévisés, comme des anges descendant du ciel entourés d'une nuée d'étoiles brillantes ! C'est cela l'essence même du pouvoir autocratique qui ne peut se refléter que dans son propre miroir, lui ôtant la possibilité de se rendre compte de son ridicule et de son absurdité au 21ème Siècle ! Il faut dire que le pouvoir autocratique ignore les principes et les formes, tout est guidé par le bon vouloir, les caprices et les visions de la veille auxquelles le prince avait été en proie. Le pouvoir autocratique rend fou, car on perd le sens de la relativité, en faisant croire à celui qui le détient que ce monde a été fait en un jour, qu'il fonctionne sans lois, bref, qu'il est régi par le hasard.

 

Cette perte de la réalité se traduit sur le plan de la gestion du pouvoir, par les prises de décisions les plus contestables, les plus saugrenues à tous bouts de champ, sans se baser sur aucune constatation a priori des données de la question.

 

Et l'accord de Fomboni ?

 

En est-il de la mise en placard l'ACCORD-CADRE DE RECONCILIATION NATIONALE DE FOMBONI qui avait été signé par le Gouvernement comorien, les Autorités anjouanaises, l'Opposition nationale et la société civile du pays, sous les auspices de l'Organisation de l'Unité Africiaine et présque toute la communauté internationale, le document signé à Mohéli le samedi 17 février 2001.

 Sans crier gare, un beau matin, à l'issue d'un Conseil des ministres, comme un couperet, la nouvelle tomba avec effet dans les... 48 heures, un referendum sur une nouvelle constitution, costume taillé sur mésure du Chef Suprême ! Où a-t-on jamais vu cela dans un Etat civilisé qui a, pourtant, mis plusieurs années pour éradiquer tel comportement ?

 

Vers où vont se diriger les Comores ?

 

En procédant unilatéralement ainsi, sans associer les partenaires sociaux , civils , économiques et politiques qui sont les premiers concernés, le régime stupide du à partir du 26 mai 2010 , Chef de l'Etat constituerait une véritable insécurité juridique et institutionnelle pour l'ensemble des citoyens qui ne seraient jamais à l'abris du désordre ! Personne ne semble à l'heure actuelle, dans son entourage, conseiller au Chef de l'Etat actuel la modération et l'opportunité dans certaines décisions ainsi que le respect de la tournante pour l'île Comorienne de Mohéli . Personne ? Non, comme le dit l'opposition Comorienne. ''SAMBI n'écoute que son orgueil '' et malheureusement , la stabilité dans l'archipel des Comores est loin d'être la tasse de thé de ce dernier !

 

Pourtant, en 2001, un comité d'évaluation de l'expérimentation de cet accord-cadre avait rendu public ses conclusions selon lesquelles ce texte était performant, sous réserve de quelques améliorations. Et par conséquent méritait d'être poursuivi. Voila que brusquement, probablement sur un coup de tête, toute cette concluante expérimentation vient d'être balayée d'un revers de la main pour le seul plaisir du monarque des Comores. Pourquoi ? Personne de l'entourage du Chef de l'Etat n'a jugé utile de donner des explications à cet orgueilleux ? Les contre-performances de cet accord-cadre, s'il y a contre-performances, sont à rechercher ailleurs, loin du non respect du texte. L'Accord-cadre repose sur trois principes fondamentaux, à savoir une présidence tournante pour une période transitoire de douze ans, soit un Mandat de quatre ans par Ile. Une large Autonomie des Iles et la promotion de l'Etat de droit, de la Démocratie et de la bonne Gouvernance.

 

L'unique constat qu'on peut tirer de cette façon condescendante de gérer le pays, est le mépris souverain à l'encontre des citoyens qu'on se représente comme des sujets de sa majesté. Il connote également le caractère suffisant du monarque devenu enfant gâté. Chez qui, nous reste-t-il pour aller se plaindre ? Encore une fois, comme nous l'a révélé ''Ahmed Kassim dans son texte intitulé Sambi prisonnier de son orgueil ! '', donc: au secours Anti-Orgueil !

 

       Fahar NASSUR CHEIKH

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