COMORESplus S'EST ENTRETENU AVEC L'ECRIVAIN, MONSIEUR ATTOU
17 juil. 2013Après ses études de lettres françaises au Maroc, monsieur Attou a été professeur de français au lycée de Mutsamudu. Et actuellement, il occupe la même fonction au Lycée de Ouani. L’écriture et la musique sont ses deux passions.
COMORESplus : Monsieur Attou, vous venez de publier votre premier livre qui s’intitule Ylang ylang en fumée. De quoi parle t-il ?
Monsieur Attou : Ylang ylang en fumée traite d’emblée les vrais problèmes qui frappent de plein fouet nos Comores que beaucoup considèrent comme la caverne d’Ali Baba où il suffit de connaitre la formule magique pour se permettre de tout puiser au su et au vu de la population. Des thèmes comme pauvreté, environnement, hausse des prix, mensonge et promesse. Ainsi, l’île comorienne de Mayotte occupe une grande place dans mon recueil.
CP : Qu’est-ce qui vous a poussé de faire vomir la plume pour la première fois ?
M.A : Je suis musicien du groupe mythique joujou des Comores. Nous avons l’habitude d’écrire des chansons et après mes études universitaires de lettres françaises au Maroc à Fès pour être précis, je me suis dit pourquoi maintenant ne pas écrire un livre pour faire connaitre ma pensée sur ce qui se passe dans mon pays les Comores. Du coup je me suis mis au boulot et vous avez ylang ylang en fumée.
CP : C’est votre première publication. Quelle difficulté avez-vous rencontré pour la réalisation de ce chef d’œuvre ?
M.A : Côté écriture, tout s’est bien passé. Sinon, comme je l’ai annoncé au départ, j’ai écrit ma première chanson en classe de cinquième. C’était en 1985 élève du collège rural de Ouani, membre de joujou des Comores. Par contre trouver un éditeur pour la première fois est un travail de fourmi, j’ai beaucoup souffert, il faut y croire et un peu de patience.
CP : Quelle est donc la signification du titre « Ylang-ylang en fumée ?
MA : c’est une figure de style comme le veut la poésie, ylang ylang symbolise mon pays qui brûle dans tous les sens d’où cette fumée qui ne s’arrête pas.
CP : Que pensez-vous de la littérature comorienne d’expression française, dont la découverte ne date pas de longtemps ?
MA : C’est une littérature qui rampe et qui a besoin de temps pour marcher à deux pieds, j ai confiance, les autres aussi sont passés par cette voie.
CP : Si je ne m’abuse pas, vous êtes un auteur moins connu dans le paysage des écrivains comoriens. Pourriez-vous nous dire pourquoi ?
MA : (rire) C’est normal mon frère journaliste. J’ai publié ylang ylang en fumée l’année dernière, plus précisément, paru le 03 juillet 2012. Ce n’est pas du jour au lendemain que je vais faire la une des journaux. Laissez le temps faire son travail, ylang ylang vient d’éclore, n’anticipons pas sa cueillette.
CP : Professeur que vous êtes, pourquoi l’absence des œuvres des écrivains comoriens dans les programmes scolaires et pourtant, nombreux sont les comoriens qui écrivent ?
MA : C’est l’Etat qui doit introduire ce programme de l’étude des œuvres comoriennes dès l’école primaire. Il est temps de connaitre nos écrivains, ce ne sont pas les autres qui vont les valoriser en premier. Il n’est plus question d’attendre encore des années, ça peut se faire dès maintenant. Il suffit que notre gouvernement commande les livres et la lumière fera le reste. Mais surtout adhérer à la convection de Florance.
CP : Quelle contribution peut-on porter aux auteurs comoriens ? Et à l’inverse quelle contributions les auteurs comoriens peuvent porter aux comoriens ?
MA : Les auteurs comoriens sont délaissés, chacun se débrouille comme il peut pour publier un livre. Il nous faut donc un ministre de culture digne de ce nom et non un titre. Les écrivains comoriens ont fait le grand parcours, il reste au département de la culture de leur faire boire du jus glacé. Quant aux auteurs comoriens, leur contribution sert à réveiller le peuple, le conscientiser des problèmes qui frappent notre pays, en discuter ensemble pour qu’un jour le soleil illumine les coins les plus cachés.
CP : Des nombreux jeunes veulent se lancer dans l’écriture, quel conseil pourriez-vous leur donner ?
MA : Il faut toujours croire à ce qu’on fait, travailler sérieusement. Enfin pour écrire un jour, il faut d’abord passer par les bibliothèques, librairies, centre de lecture etc.
CP : Résidant pendant plusieurs années à Ngazidja, quelle comparaison, pourriez-vous faire entre cette île où vous avez fait une grande partie de votre scolarité et celle dont vous êtes enseignant aujourd’hui, île de notre naissance ?
MA : L’année dernière avec mon groupe joujou des Comores, avons participé au concours de toirab à Al-Camar organisé par ORTC. J’ai fait un tour à la coulée de lave de Moroni pour me ressourcer un peu, à ma grande surprise la végétation d’antan et les roches volcaniques ont été remplacées par des kiosques sauvages en tôle qui cachent les logements des fonctionnaires. J’ai trouvé ça, dégueulasse, ma coulée de lave des années 75 à 81 ressemble à un quartier où tout est permis, n’en parlons pas les garages des voitures qui noircissent notre ancien terrain de jeu et notre maison. Mon père feu Ahmed Cheik ancien TPG au trésor général, que la terre lui soit legère, lui aussi serait très frustré.
CP : Votre œuvre a connu un lectorat ?
MA : Le livre se vend à la bouquinerie de habomo à Mutsamudu, aux différents sites : Edilivre.com, Amazon.fr, Chapitre.com, Rueducommerce.fr etc. Il est aussi disponible au Clac de Ouani. Les lecteurs commencent petit à petit à découvrir ylang ylang en fumée mais encore laissons le temps accomplir sa tache. Ylang ylang en fumée est un bébé qui vient de naitre, cajolons le d’abord.
CP : Votre dernier mot ?
MA : Mes sincères remerciements vont tout droit à COMORESplus qui sans le savoir va me faire la promotion de mon premier livre merci beaucoup.
CP : Monsieur Attou, merci.
MA : Merci à vous aussi.
Propos recueillis par SAID YASSINE Said Ahmed
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