corrup.jpgLa commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption (Cnplc) a prêté serment, le 6 septembre 2011 à Moroni. Cette commission composée de 7 personnes est chargée de mener la lourde tâche, consistant à lutter contre la corruption dans le pays.

 

Le combat du chef….

 

Depuis son accession au pouvoir en mai 2011, le Président IKILILOU a déclaré ouverte, la guerre contre la corruption. Une mesure courageuse et salutaire connaissant les effets dévastateurs de cette dernière dans l’économie du pays mais également dans la vie quotidienne des citoyens. Ce combat est-il le « viraji ya Domba » que les comoriens attendaient, ou serait-il justement comme les milliers de promesses faites aux comoriens sans jamais voir les couleurs ? Des interrogations qui chatouillent les citoyens comoriens impatients de voir les vœux du Président, exaucés. Une chose est sûr, si ce gouvernement réussit à réduire la corruption, ce sera donc un autre Etat.

 

Bref panorama sur la situation.

 

Depuis quelques mois, nous assistons aux Comores à des arrestations médiatiques et spectaculaires d’agents de l’État, des directeurs et autres responsables des administrations publiques pour détournement de fonds publics. Des spectacles qui finissent comme de mise en scène théâtrale destinée à tromper l’œil des comoriens. Des audits de certains DG d’entreprises publiques, s’organisent pour prétexter le sérieux. Après tout ces spectacles, rien ne semble déranger la pratique. Chaque jour d’autres noms sont cités pour des faits similaires mais que craignent-ils, si le lendemain, ils se retrouveront sur la place ? Rien. La justice est-elle complice ? Ou ces présumés voleurs sont innocents ? Les choses restent floues.

 

Aux yeux de la population comorienne, la corruption se résume par les détournements de fonds visibles de nos responsables. Certes, elle plombe l’économie dans un fossé mais il faut encore comprendre qu’il existe plusieurs formes de corruption ancrées dans les mœurs. Nous la croisons partout et dans tout les niveaux. Ceux et celles qui ont mis en place cette commission anti-corruption vont-ils permettre son bon fonctionnement ? La justice et la police ne sont pas compétentes à cette mission ? A noter que l’ensemble de l’administration en particulier ces deux instances précitées qui devaient épauler la « Cnplc » sont également victimes de cette pratique! La tâche de la commission s’annonce donc comme un parcours du combattant. Prions pour sa réussite.

 

Quelques constats et ses conséquences

 

En plus des détournements de fonds publics directement opérés dans les caisses ou les sociétés d’État, il existe un détournement de fonds passif et difficile à éradiquer, qui met en péril l’économie, l’éducation, le fonctionnement des administrations et pire encore la santé des citoyens. Il faut que tout le monde comprenne que percevoir un salaire sans offrir le travail attendu, coûte cher à l’État. Respecter le temps de travail dans les administrations devrait également faire l’objet de contrôle drastique.

 

Certains enseignants du public exercent à temps pleins dans le secteur privé sans effectuer des heures supplémentaires. Étant donné que le temps n’est pas extensible, nous comprenons combien le secteur public est victime de ces abus. Pire encore, hors pays, nous croisons des fonctionnaires qui sont en vacances illimités et qui perçoivent leurs salaires aux Comores.

 

Bakchich dans les administrations

Il n’est secret à personne que les pots de vin sont monnaie courant dans la vie de tous les jours dans notre pays. Pour faire une pièce d’identité, un extrait d’acte de naissance… rapidement, il faut passer par la porte derrière, voire même aller chez celui ou celle qui a le cachet. On pourrait dire que dans ce cas de figure la responsabilité d’un tel acte est partagée entre les deux parties, seulement voilà ! La lenteur manifeste et volontaire des agents administratifs, des traitements des dossiers, pousse le demandeur « lamda » à payer de « bakchich » s’il veut que sont document voit le jour.

 

Le plus étonnant, parfois le pot de vin est supérieur au prix de la prestation « un je viens a dû payer un « Mkarakara » de 10 000 KMF pour un visa de sortie de 500 KMF ». Les exemples de ce genre sont courant et chaque comorien a vécu et/ou a pratiqué de prêt ou de loin le « Mkarakara »

 

Des abus sur les budgets loués aux différents services.

 

Les budgets de fonctionnement dans le secteur public ne doivent pas être considérés comme un deuxième paie et finir dans les poches de certains responsables. La commission doit être équipée de loupes pour mieux analyser et décrypter certaines dérives.

 

Par exemple, depuis des années, des milliers de litres de carburant sont budgétés dans les différents services d’État « Ministères de l’Unions, les commissariats insulaires, l’AND…» pour le bon fonctionnement de ces secteurs. Les quantités consommées chaque mois, restent toujours les mêmes, or le parc automobile des instances diminuent considérablement voire même inexistant dans certaines services. On se demande où sont brûlées ces quantités de carburant qui coûte cher à l’État.

 

En faisant un petit détour sur les rues des Comores, nous comprenons mieux. Certains taximen paient leur carburant à la pompe avec des tickets destinés aux véhicules des services publics ou achètent dans des jerricanes auprès de certains agents qui puisent directement dans les cuves de l’AND et autre...

 

Quelques moyens de lutte contre la corruption

 

La mise en place d’une commission anti-corruption n’est pas suffisante s’elle n’a pas les moyens techniques et matériels, capables de faire face aux techniques du nouveau millénaire.

 

Mettre en place un système de badging dans les services publics, permettrait de lutter contre l’absentéisme et les vacances illimitées de certains agents.

 

La réduction de la corruption favoriserait certainement le développement économique des îles mais doit également s’appuyer sur ce même développement. Il va donc falloir amorcer en parallèle des actions pour un développement économique durable et améliorer le fonctionnement des administrations.

 

Intégrer dans l’enseignement des cours sur les formes et les conséquences de la corruption aideraient à sa prévention…

 

Bien que les ambitions de lutte contre ce fléau soient présentes dans tous les esprits, il est certain que la corruption aux seins des services d’État ne disparaitra que si les mentalités de la population changent d’une façon radicale.

 

R.A

Retour à l'accueil