ECLAIRAGE PUBLIC : LE HOLD-UP DE LA MAMWE ET L’ASSAINISSEMENT DE LA HONTE
26 juil. 2013
Le bon Dieu est arrivé à la Mamwe. Avec sa boite à outil. Des solutions miracles. Pour l’assainissement de cette société moribonde. Tous les coups sont permis, pourvu que cela fait économiser quelques litres de gazole et fait la publicité des nouveaux dirigeants pour une gestion saine supposée. On s’est trouvé rapidement une parade pour démontrer à l’opinion, mais surtout au gouvernement qu’on est l’Homme de la situation. On commence par renvoyer des employés grévistes en faisant fi aux règles les plus élémentaires du droit de travail. Puis, on avance lentement mais surement vers les abus de pouvoir en prononçant des sanctions collectives pour priver de lumière, pendant des longues semaines, une population entière d’une localité à cause des bêtises et du désœuvrement d’une jeunesse abandonnée sur nos places publiques.
Avec l’extinction des lampadaires et la disparition de l’éclairage public, le mode de gestion des nouveaux dirigeants de la Mamwe s’affirme et se confirme. Un style autoritaire, méprisant et qui ne s’embarrasse aucunement des règles du droit. Du jour au lendemain et sans aucun préavis, les rues de la capitale fédérale, Moroni, et celles de toutes les localités de l’ile de Ngazidja sont privées d’éclairage. Au nom du sacro-saint assainissement de la société, l’île entière est plongée dans le noir et laissé aux caprices et aux mauvais agissements des cambrioleurs et délinquants de tout acabit. La sécurité de l’espace urbaine, la circulation et la décoration des espaces les plus prestigieux de la ville de Moroni ne sont pas pris en considération dans cette décision scandaleuse.
Quelle image les nouveaux maitres de la Mamawe, entendent donner à la République, à son gouvernement et au pays ? Du jamais vu ! Depuis la colonisation jusqu’aux 35 dernières années d’indépendance, et en dépit des difficultés de la société d’eau et de l’électricité des Comores, les rues de Moroni ont toujours été éclairées le soir. Que doit-on penser d’un gouvernement réduit à l’incapacité d’assumer l’éclairage publique de la capitale à cause d’un sacro-saint assainissement capricieux d’un dirigeant d’une société publique censée assurer une mission de service public. Les nouveaux sauveurs de la Mamawe ne doivent pas oublier qu’ils sont chargés d’une mission de service public et que cette société est une société publique chargée d’une mission d’intérêt général. Et aucune décision ne doit heurter l’opinion publique.
On nous dira certainement qu’ailleurs ce sont les communes qui supportent la charge de la facture de l’éclairage public. Sauf qu’ailleurs il ya des communes bien organisées et financées par des dotations étatiques. Ailleurs, les sociétés d’électricité sont capables de fournir de l’électricité à l’usager et les délestages intempestifs ne paralysent pas l’économie du pays et n’endommagent pas les équipements domestiques et toute faute de la part du fournisseur de l’électricité engage sa responsabilité et donne lieu à des dédommagements. P Ailleurs ceux qui sont chargés de gérer des sociétés étatiques donnent l’exemple en payant leur propre consommation d’énergie et ne se réservent pas des salaires mirobolants et autres avantages démesurés.
Ailleurs, l’assainissement commence par la réduction du train de vie de la société. Ailleurs, on se préoccupe de la sécurité des personnes et des biens et surtout de l’esthétique de l’agglomération. Ailleurs, avant de priver de lumière les rues de la capitale, on procède à des études pour une proposer une solution alternative et palliative. Ailleurs on consulte, surtout si la décision peut avoir des conséquences sur la sécurité de plusieurs milliers de personnes et de leurs biens.
Comment le nouveau ministre de l’intérieur compte-t-il assurer la sécurité des comoriens dans des conditions pareilles ? Comment le ministre en charge du tourisme et celui chargé de la promotion des investissements comptent-ils attirer des touristes et des investisseurs dans un pays où un prétendu assainissement de la société de l’électricité plonge le pays dans le noir et favorise l’accroissement de l’insécurité dans les rues ? Ceux qui pensent qu’économiser quelques kilowatts d’énergie sauvera la Mamwe se trompent et cherchent à tromper les comoriens. En réalité, une telle décision favorise l’affaiblissement de l’Etat et le repli villageois. Comment voulez-vous que des villageois qui financent des routes, des hôpitaux, des écoles et qui prennent en charge l’électrification de leurs villes en payant tout jusqu’aux pilonnes ne défient pas un Etat qui est incapable d’assumer l’éclairage public ?
ABDOU ELWAHAB MSA BACAR
COMORESplus