400264 334120876615551 95458056 nEn ce temps trouble d'Iki bashing et de critique unanime contre l'inertie de son régime, il est aisé de s'en prendre au gouvernement en place. Le comble, même lorsque son administration, une fois n'est pas coutume, essai courageusement de faire valoir les droits du pays, peu de gens soutiennent la démarche. la suspicion collective devient la règle et le discernement l'exception. Pourtant, cette fois-ci Moroni n'y est pour rien dans le psychodrame franco-français.      

Rétorsion ou prise d'otage?

En effet, depuis mardi dernier, l'affaire Ewa Air-Inter île, une histoire commerciale franco-française prend des allures d'affaire d'Etats. Mardi donc, la France, par le biais de la direction de l'Aviation Civile à Mayotte notifie à la compagnie inter ile la suspension unilatérale de leur vol sur Mayotte. Pour cause, le gouvernement comorien n'aurait pas donné le feu vert à Ewa Air pour desservir l'union des Comores. par conséquent, par mesure de rétorsion, la France annule les rotations quotidiennes de la seule compagnie aérienne assurant la liaison entre les îles de l'archipel. Ce faisant,  elle a pris en otage la clientèle de la compagnie prise au dépourvu et contrevenu à la libre circulation des biens et des hommes, fragilisant la santé financière de cette société. Des dommages collatéraux d'une guerre commerciale et symbolique qui ne veut pas dire son nom.

La désinformation à l'œuvre

Il ne fallait pas plus pour que les spin-doctors, spécialistes du marketing ethnique entrent en scène pour distiller un story telling à la mesure de l'imposture. Relayée à souhait par les réseaux historiques "karivendze" et autres informels, la nouvelle fable ainsi répandue, livrée clé en main aux citoyens des deux rives du lagon devient: "L'Union des Comores, jalouse, haineuse et perpétuellement contre les intérêts de Mayotte s'oppose à Ewa Air!"

Reprise et remixée à toutes les sauces, la désinformation s'amplifie. Sauf qu'à y regarder de près, ce n'est pas tant la réitération et la répétition du mensonge autant de fois que c'en devient une vérité. loin de là. Il ne s'agit pas non plus d'une mesure de rétorsion. Il est plutôt question d'une discrimination négative entre deux sociétés franco-françaises. Ewa Air n'est autre qu'une nouvelle filiale sous régionale d'Air Austral. Son capital de 4,4 millions est alimenté par Air Austral(52,3%), la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Mayotte(22,7%) et Ylang invest(25%). En somme, des investisseurs des deux départements français dans l'océan indien.

En face, les actionnaires d'inter île sont des franco-comoriens domiciliés à Mayotte. D'ailleurs, la compagnie est répertoriée comme société française aux Comores sur le site de l'ambassade de France. Entre le lobby Bourbon-Mayotte et les franco-comoriens, le choix est vite fait bien fait. Et l'ingéniosité des communicants d'Air Austral et alliés est d'arriver à requalifier une affaire franco-française en presque guerre commerciale franco-comorienne.

Une clause exclusive

D'autant que ces fins lettrés, habiles manieurs des textes de loi et détricoteurs avisés d'accords n'ignoraient en aucun cas, la clause de domiciliation reprise dans les accords bilatéraux entre les Comores et son partenaire indéfectible et historique depuis l'accession à l'indépendance. Cette clause stipule clairement qu'" Aucune société en affaire avec l'Etat comorien ne peut élire domicile à Mayotte". pour la simple et bonne raison que pour les Comores, Mayotte fait partie intégrante de son territoire. Une clause que même le "fiasco" de Paris, (Accords de Paris) n'a pas amendé.

Dès lors, on comprend mal l'attitude des responsables de cette nouvelle compagnie, qui lors de leur visite à Beit-Salam, aurait fourni des documents avec une domiciliation à Saint-Pierre de La Réunion. Pour finalement, quelques jours plus tard, faire volte face à l'enregistrement des données et inscrire la capitale du lagon.

Un maigre gâteau très convoité

Au delà de la machination minutieusement orchestrée de mains de maître pour fragiliser la concurrence, il convient de s'attarder un peu sur la pertinence, la viabilité et la rentabilité économique d'une telle entreprise. Les néolibéraux ne manquent pas de louer le mérite d'une concurrence porteuse de promesse de baisse de prix. Ainsi soit-il! Mais comme disait Abdallah Halifa:" La plus belle femme du monde ne peut offrir que ce qu'elle possède". Et il est vrai que le gâteau tant convoité n'est pas assez gros pour x compagnies. Surtout que cette ligne "intérieure" souffre d'un mal redoutable: le dogmatique Visa Balladur. Il réduit sensiblement le potentiel client susceptible d'embarquer à bord.

Dans ses rotations quotidiennes, Inter île fait souvent le plein de voyageurs au sein de l'Union pour arriver à Mayotte avec seulement quelques français.

Pour une vraie coopération régionale, il serait judicieux que l'Etat français révise profondément sa politique d'immigration et allège les conditions d'obtention du fameux sésame. Ce pour faciliter la circulation des biens et des hommes tout en maîtrisant le flux migratoire. Le visa à l'aéroport peut-être une des solutions comme c'est pratiqué dans certains pays avec des garanties bien entendu. De plus, le fait que les Comores ont cédé à la mode du passeport biométrique pourrait faciliter le suivi et la traçabilité des immigrants.

Mais, sans doute que la période se prête mal à la pratique du langage de vérité. Même que la France-Afrique new-look a de l'avenir.  

Idjabou Bakari

COMORESplus

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