Les temps ne sont plus cléments pour les Oulémas comoriens. En effet, des familles osent enfin briser l'Omerta qui entourait jusqu' à lors les actes de pédophilie de certains maîtres coraniques. Des torrents de boue sont déversés chaque jour sur l'ensemble des Ulémas depuis qu'un des leurs, en l'occurrence Said Abadallah RIFKI, a été pris la main dans le sac dans une sordide histoire de corruption concernant l'attribution de l'exclusivité de l'importation et de la commercialisation à la société AGK. Je ne suis ni Uléma ni membre du FNJ mais autant j'accepte les décisions de justice et condamne fermement tout acte délictueux quel qu'en soit l'auteur autant je réprouve la stigmatisation de toute une corporation, une sorte de punition collective contraire aussi bien aux lois divines qu'à notre code pénal.

 

Pour ne citer que les illustres Ulémas qui ont quitté ce bas-monde, je voudrais évoquer l'intégrité, la modestie et l'indépendance par rapport au pouvoir politique de feu Said Mohamed Charif et le patriotisme de l'ancien Grand Moufti, feu Said Mohamed Abdourahmane, qui avait mis sa vie en jeu pour protéger les lycéens comoriens en 1968 contre les troupes coloniales et qui s'est illustré le le 6 juillet 1975 à la Chambre des Députés des Comores par une majestueuse plaidoirie en faveur de notre indépendance . Aujourd'hui encore, des responsables religieux connus ou anonymes, en dignes héritiers du Prophète Mohamed Paix et Bénédiction Sur Lui, se tiennent à mille lieues des turpitudes et accomplissent avec honneur leurs devoirs de citoyen.

 

Certes, il est plus facile de stigmatiser tout un groupe que de juger chaque individu pour ses actes mais à ce jeu là tout le monde, y compris, les contempteurs des Ulémas, passerait sous l'échafaud. Des militaires qui ont juré fidélité à la patrie ont, par le passé, livré aux mercenaires le pays qu'ils étaient censés défendre. Des parlementaires censés incarner la nation ont vendu la nationalité comorienne à des réseaux mafieux. Des magistrats qui devraient être les gardiens de la Loi ont arrangé des procès moyennant des pots-de-vin. Des notables qui prétendent incarner l'honneur des villages pillent leurs deniers compromettant ainsi les projets de développement communautaire. De jeunes adultes bien portants qui devraient constituer la principale force vive de la nation préfèrent vivre de rapines ou aux crochets des membres de leurs familles résidant en France. Des lycéens qui sont censés incarner un espoir de changement trichent lors des épreuves du baccalauréat et partent flâner à Madagascar d'où ils reviennent avec de faux diplômes. Faut-il alors fusiller tous les militaires, tous les politiques, tous les magistrats, tous les notables, tous les jeunes ?

 

Le mérite de l'affaire RIFKI sur le plan politique est d'avoir fait voler en éclats le mythe d'un FNJ qui serait le parti des "PURS". Le FNJ compte en son sein des hommes et des femmes vertueux mais cache aussi dans ses rangs des brebis galeuses. Comme tous les partis politiques, comme toutes les corporations, comme toutes les classes d'âge d'ailleurs.

 

Abdourahamane Cheikh Ali

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