400264 334120876615551 95458056 nQuel crédit accorde aux déclarations d’un gouvernement, d’un exécutif qui défait ce que lui même s’est acharné a bâtir et qualifie de "réussite"? La question se pose avec acuité suite aux révélations de La Gazette. Sous la plume d’Al-hamidi Abdillah, on apprend que "Le gouvernement ordonne la mise en veilleuse de certaines délégations spéciales de Ngazidja" et demande "la tenue d’une rencontre d’urgence".

" Un président inconséquent"

D’ordinaire, la chasse aux sorcières et le détricotage politique ont lieu après une alternance politique. Iki innove à défaut d’être visionnaire. Le président profite du remaniement pour se renier, se désavouer, se déjuger. En fait, pour être tout à fait sincère, il laisse aux autres, aux nouveaux promus le soin de liquider les décisions de leurs prédécesseurs. En somme de faire ce qu’il n’a pas eu le courage ou la lucidité de s’y opposer au moment voulu, dire un simple non à ses propres ministres. Procès d intention ? Diffamation ? Calomnie ? Propos désobligeants ? Malheureusement, ce n’est qu’ un simple constat. Deux faits illustrent bien cela. Mai 2013, le ministre de la justice Anliane suspend temporairement la directrice générale de la Fonction publique pour "manquement à la hiérarchie". Contestée par Koulsoum Djamadar soutenue par le personnel, la décision n’a souffert d’aucune remise en cause ni suscite une quelconque réserve à Beit-salam. Seulement, une fois Iki2 en place Koulsoum Djamadar récupère son fauteuils sans autre explication. Heureusement pour elle et peut-être pour le pays, puisque sa compétence reconnue même par le chef de l’Etat quelques jours avant sa suspension n’était pas apparemment en cause. Mais que dire du nouvel front, de la nouvelle bataille créée artificiellement par le président ? Qu’est ce qui se passe réellement en conseil des ministres ? La question n’est pas farfelue. Surtout après la sulfureuse recommandation du conseil de gouvernement de mettre " en veilleuse" des "délégations spéciales" qui ont présenté des "cas litigieux". Ce "jusqu’à nouvel ordre". Il était ou et faisait quoi le président au moment ou son ex-ministre de l’intérieur a présenté son projet au même conseil des ministres ? Doit-on comprendre que la signature d’un ministre de la République n’engage plus l’Etat ? Désormais faut-il admettre qu’un décret n’est valable que le temps ou son émetteur demeure en fonction ? Parce que malgré la validation du processus par la cour constitutionnelle les raisons invoquées pour révoquer les Délégations Spéciales prêteraient à rire si la situation n’était pas sérieuse et grave. " Le conseil de gouvernement a relevé l’absence de communication et de concertation entre les différentes localités composant les DS". Sans blague ! Il n’y a que le gouvernement qui en dépit du recours systématique aux forces de l’ordre et même à l’armée pour l’intronisation en grande pompe qui n’aurait pas remarqué la situation. Même Moroni quadrillée limitée sous couvre feu rappelant les heures noires de Denard était passée inaperçue alors. Que dire d Ikoni qui s’est attribué la peau du caïman pour traverser le fleuve ? Les maisons, la banque… incendiées à Dzahani 2, la même triste scène de désolation dans le Hambou les blessés en plus ? Les semaines de tensions palpables à Ngazidja et le silence radio de Beit-salam en réponse ? Et un ministre de l’intérieur qui pavoisait triomphalement et clamant haut et fort tout le contraire du discours gouvernemental actuel.

" Une vendetta politique"

A moins de jouer à l’autruche, on peut difficilement s’abstenir de faire le lien entre le conflit ouvert entre le mouvement Orange et Ngazi Ngome, du moins s’y attarder. En effet, force est de constater que les Délégations Spéciales remises en cause sont les mêmes qui ont connu une opposition exacerbée presque insurrectionnelle entre partisans de Mouigni Baraka et fideles de Kiki. Ce duel fratricide par personnes interposées des ex-frères douaniers continue de polluer plus qu’il ne faut l’atmosphère politique. Le cuisant révère des exigences de Kiki au sein du gouvernorat hier se transforme en brillante victoire à Beit salam aujourd’hui. Faisant, du coup, d’une pierre deux coups: ruiner complètement la crédibilité d’Ahamada Abdallah qui a eu "l’outrecuidance" de s’écarter de la ligne du parti et surtout "mettre hors d’état de nuire" Mouigni Baraka. L’opération de déstabilisation de Ngazi Ngome prend forme. Ainsi le député Abdoulfatah Said ne lançait pas des paroles en l’air. Promesse tenue. Pour humilier un peu plus L’hôte de Mrodjou et ses commissaires, le gouvernement imposerait "une rencontre en toute urgence entre le gouverneur et le tout nouveau ministre de l’intérieur". Mais la décision du nouveau ministre aura t-elle plus de valeur que celle de son prédécesseur ?

"Ngazidja principale perdante"

Indubitablement, la Grande Comore demeure la principale victime de ces règlements de compte. Rouvrir les plaies béantes à peine cautérisées des installations calamiteuses des DS sous cette forme, c’est malgré les bons sentiments affiches, prendre l’énorme risque de raviver, de réveiller les vieux démons. L’intérêt général aurait dicté, peut être, d’inviter les différentes instances et parties concernées à travailler en synergie pour trouver des solutions appropriées à chaque situation. Congédier unilatéralement les DS, c’est incontestablement porter un coup très fort et puissant à la crédibilité de Ngazi Ngome. Mais c’est également désavouer publiquement l’engagement personnel de ces hommes et femmes qui contre vents et marrées font de leur mieux pour donner vie a des coquilles souvent vides. C’est aussi accumuler du retard par rapport aux DS des autres iles et pénaliser les projets communautaires. Mais c’est surtout prouver que nos politiciens manquent cruellement un peu de hauteur d’esprit. La gestion à la petite semaine pour satisfaire des intérêts particuliers au détriment de la nation constitue une tare à éradiquer. Un autre exemple. L’ex président Sambi qui réalise soudainement les méfaits d’un décret inique entravant restreignant la liberté de réunion, donc celle d’expression, pourtant fondamentale. Des lors on est en droit de se demander à quand des décisions simplement républicaines sans arrières pensées claniques?

Idjabou Bakari

COMORESplus

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