Dans la blogosphère comorienne, il se démarque par son nom  et par l’éminence de son auteur dont la frénésie inspire une certaine gratitude et en fait un quotidien bien achalandé. L’excès du verbe n’est ni seulement pédantisme ni romantisme, mais renvoie aussi à une forme de radicalité. L’objectivité semble le dernier souci de « lemohelien ». Il ne suffit ni de colporter des rumeurs ni d’étaler les ont dits ni de fabriquer des chiffres ni le recours aux guillemets pour crédibiliser l’information: « Les 460  participants aux différents  meetings de l’ancien président Sambi en France, les 50% du budget de l’ancien territoire français des Comores pour Anjouan contre 45% pour la Grande Comore, 6% pour Mayotte et 0,6% pour Mohéli sous la présidence du Conseil de gouvernement du feu président Abdallah; le sondage du HCP plaçant le leader du Ridja en tête des personnalités politiques, les Anjouanais razzieurs à Mohéli, secourue par les Grand-Comoriens.»

 

« Lemohelien » est une véritable usine de production pamphlétaire où le mépris du politique comorien est omniprésent. L’anti-Sambisme y est total : «  42/106 articles y sont consacrés.» Critiquer les échecs de l’ancien  président Sambi est tout à fait légitime et salutaire pour le pays. Mais présenter sa personnalité comme un danger pour la nation relève de l’anti-sambisme primaire. La probable candidature de l’ancien président Sambi  en 2016 et ses tournées en France ont déchainé l’hystérie de « lemohelien ». N’en déplaise à ses détracteurs, une telle candidature incarnerait la modernité contre le conservatisme insulaire, redorerait le blason de la République démocratique comorienne contre le particularisme de mauvais aloi et renforcerait l’unité nationale contre le régionalisme primaire.

 

« Lemohelien » est versé dans le régionalisme, défend la démocratie des régions au lieu de la citoyenne et dénonce la domination d’Anjouan : 16 ans de pouvoirs pour Anjouan, auxquels s’ajoutent deux pouvoirs de transition ; contre 14 ans pour Grande Comore et 2 ans pour Mohéli.» Il feint d’oublier qu’à la Grande Comore, une mère a donné deux présidents, que la région de Hambou a donné trois présidents sans susciter le moindre chauvinisme. Ainsi il défend la tournante avec bec et ongle au point de suggérer l’amendement de l’article 13 de la constitution pour graver dans le marbre que tout candidat aux primaires doit être originaire de l’île à laquelle échoit leur organisation afin de  barrer la route à l’ancien président Sambi. Alors que c’est une pratique révolue et digne  des régimes autoritaires. Pire encore tout le monde sait que la tournante est l’incarnation des forces séparatistes, qu’elle est un déni de démocratie républicaine, qu’elle nuit à la cohésion nationale et qu’elle est une véritable diversion aux problèmes socioéconomiques des Comores.

 

« Lemohelien » est le héraut que les partisans de Mayotte française n’ont jamais eu dans la partie indépendante. Il rivalise d’argumentaires avec Mayotte Hebdo. Il s’en est pris au Comité Maoré et demande aux vrais Comoriens de rendre tous leurs papiers français, « leurs précieux sésames » d’ici le 6 juillet 2015. « La France n’est pas à Mayotte par la force de ses armes, mais par la volonté des Mahorais, exprimée le 29 mars 2009 à 95,24 %. Qu’on ne doit pas dénoncer la France qui abrite plus des Comoriens que des Mahorais.» L’auteur de « lemohlein » était reçu dans une délégation informelle à l’Elysée en 2009. Il  passe pour l’avocat du HCP, si bien qu’il cesse de bocarder le pouvoir de Moroni après sa première réunion à Paris en janvier 2014. Il réagit contre tous ceux qui critiquent le format des négociations. Mais il n’est pas seul et appelle à la formation « d’un front républicain » pour préserver l’Union des Comores d’un retour de l’ancien président Sambi. Sources : www.lemohelien.fr du 28/11/213 au 6/02/214.

 

Djoumoi Ali Madi

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