400264 334120876615551 95458056 nLa boite à pandore entrouverte par l'ex analyste de la NSA, Snowden, devenu refugie politique en Russie chez le Tsar Poutine, continue de faire la une des informations. Tel un feuilleton digne des séries des tlla novella sud américaines en vogue, chaque semaine apporte son lot de scoop suscitant immédiatement indignations, réprobations et demandes d'explications avec des tremolos dans les voix et les mises en scène qui collent parfaitement aux scenarios dictés par les spins dictors des politiques. La diplomatie spectacle pour anesthésier les peuples fait merveille. Tout le monde s y met. Les Chinois d’abord, un grand pays défenseur des droits de l’Homme, puis les Sud-Américains et au tour des Européens d’avoir les yeux ébahi de stupeur devant l’ampleur de l’espionnage de la NSA. Rien qui compte n’est épargné ! Institutions, décideurs économiques, hommes politiques, palais d'Etat étaient concernés. Pas de sanctuaire qui vaille. Le summum du raffinement et de l’élégance si ce n’est du realpolitik c'est de placer les portables des principaux leaders mondiaux sous écoute. La note la plus optimiste dans l’affaire c'est que l'opération est l'œuvre du gendarme du monde, le défenseur incontesté de la démocratie, le chef de fil de l'axe du bien en guerre contre les ennemis de la liberté. Quoi de plus normal que de veiller aux intérêts légitimes des peuples ou plutôt de son peuple.

Le scepticisme collectif a l'œuvre.

Le scepticisme collectif et la couverture mutuelle étaient de bon aloi lorsque le régime des Mollah iraniens, dénonçait les attaques cybernétiques dont il aurait été victime. Peu de monde avait à l’époque accordé du crédit, du moins officiellement, aux allégations bien entendu fantasmagoriques des barbus. Aujourd'hui la donne a changé ostensiblement. Du nord au sud, d'Est à l'Ouest, les grands de ce monde à l'unisson poussent des cris d'orfraie et passent du scepticisme ambiant à l'incrédulité.

... et passent du scepticisme ambiant à l'incrédulité innocente.

Ainsi la pauvre chancelière allemande faisait peine à voir, elle, "l'accro" du portable, apprendre que son objet fétiche a été piraté! D'où sa colère légitime. Quels goujats ces yankee! Oser écouter les conversations et épier les messages d'une lady! "Entre amis ça ne se fait pas!". déclare-t-elle.

Pas sur que le prix Nobel de la paix ait entendu ces jérémiades. Même si il est vrai que Obama et son administration n'assurent pas du tout. Ils tombent très bas. Non pas dans la pratique de l'espionnage. Les récits épiques d'antan, les romans de science fiction et les films  ont immortalisé quelques histoires mémorables dans ce domaine. L'imaginaire collectif regorge de ces héros indestructibles et de ces hommes de l'ombre qui font et défont des empires et modifient le cour de l'histoire. La faute impardonnable de la NSA, c'est la suffisance dont elle a fait preuve au point de se faire ridiculiser par un analyste, qui a pris un malin plaisir à montrer au grand public une des faces cachées de la grande puissance mondiale. Et l'image est désastreuse pour les Etats-Unis. Un pays aux abois, contraint de fliquer l'univers dans l'hypothétique espoir de retrouver son leadership économique mondial mis à mal par la Chine notamment.

L'Afrique rescapée ?

Dans le concert des nations indignées ou jouant la consternation pour apaiser leur concitoyen, un continent entier brille par son mutisme absolu. Grande victime volontaire et consentante, l'Afrique semble s'accommoder allègrement de ces incursions, de ces interférences inopinées à tous les échelons. Car, il serait vain et illusoire de s'imaginer un seul instant que les pays africains, objets de tant de convoitises pour ses richesses et aux mains de dirigeants majoritairement peu intègres, échappent par enchantement ou par bienveillance céleste à l'œil et aux grandes oreilles de Mickey.

De la même façon, si le continent est sous surveillance, que dire de l'archipel des Comores? Ce bateau ivre, sans port d'attache déterminé, tantôt arrimé aux rivages luxueux du golf d'Aden, tantôt balancé au gré de la houle au confluent de la méditerranée et de l'atlantique, fait, sans l'ombre d'un doute, l'objet d'une surveillance rapprochée, un marquage à la culotte. D'autant que des évènements récents justifient bien la pertinence d'une telle procédure. L'introduction des passeports biométriques en est la parfaite traduction concrète de ce regain d'intérêt. Cerise sur le gâteau, la découverte d'un probable gisement gazier dans les eaux territoriales accroît l'intérêt de s'attarder un peu beaucoup sur les îles de la lune.

La leçon Snowden

De ce tapage médiatique pour des pratiques partagées par tous les pays, aucun pays au monde ne dispose pas de ses services de renseignements, grâce aux révélations quotidiennes, aucun dirigeant du monde et encore moins les nôtres, ne peut vendre au peuple la prose indigeste des pays amis.  D'aucuns citeraient le général De Gaulle:" La France n'a pas d'ami. Elle a des intérêts". Visionnaire et pragmatique le grand Charles.

Les américains se battent avec tous les moyens et armes à leur disposition pour préserver et se maintenir au premier rang mondial. Comment quelques rochers volcaniques dressés au milieu de l'océan indien peuvent-ils remettre leur destin aux mains d'étrangers? A quand un sursaut, un réveil national pour enfin réaliser que le salut ne peut venir que de l'intérieur, des Comoriens eux-mêmes?

Qu'advienne le temps où des Comoriens déterminés réaliseront vraiment que l'indépendance est acquise depuis une quarantaine d'années et que le pouvoir décisionnel leur appartient. Certes, comparaison n'est pas raison. Obama défend les américains comme Iki devrait le faire pour les siens. A condition qu'il s'en donne les moyens. En tout cas, c'est le mandat que le peuple souverain lui a confié. Mais l'espoir est mince et se réduit en peau de chagrin jour après jour. Si déjà, il a du mal à remettre de l'ordre dans son cabinet à cause de l'homme en quête de la troisième voie sur une route à sens unique. Si au sein même de son gouvernement, certains se complaisent à jouer "perso" ou s'affichent publiquement pour le camp d'en face, en somme, une discordance polyphonique disgracieuse au détriment de la nation. Et si même en qualité de président, son obsession première demeure la relation chaotique avec son ex-mentor et non le quotidien et le devenir du peuple, comment peut-il se battre contre des adversaires aguerris et puissants ?

Idjabou Bakari

COMORESplus

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