Tout le monde sait que la tournante signe la victoire des séparatistes qui ont discrédité la nation comorienne.  Par contre la libération d’Anjouan  en  mars  2008 doit signer celle des  unionistes.  La révision de  la constitution en 2009 consacre l’unité de l’État contre le séparatisme. L’élection de l’ancien vice président, le docteur  Ikililou, est pressentie comme une garantie de la continuité. 

Mais les espoirs se sont vite évanouis. Les artisans de la constitution de 2001 renforçant le régionalisme acquièrent la voix au chapitre, entrent  dans l’entourage du président  et  constituent  l’éminence grise du régime. Le divorce entre l’actuel président et son ancien mentor ouvre un boulevard aux séparatistes que le régime caresse. 

Une tristesse s’ajoute à une autre dans le camp des unionistes avec la préférence insulaire que le régime tend à graver dans le marbre législatif. Le projet de loi sur les conditions d’éligibilité du président de la République est une loi chauvine, un coup de massue asséné à l’unité nationale; que  même en plein séparatisme, une pareille  mouture n’est envisagée. 

Les feus dignitaires comoriens qui ont lutté pour préserver l’unité du territoire comorien  retourneront dans leurs tombes. Lorsqu’ après le référendum de 1958, l’État français a voulu changer l’appellation de Territoire des Comores à celui des îles Comores, la représentation  comorienne a aussitôt réagi en défendant l’unité du territoire et le collège électoral unique. Aujourd’hui, là  où le bas blesse  est que  des élus de la nation et de surcroît des hommes dont le droit devrait être leurs compétences, défendent leur insularisme au détriment de l’unité nationale.  C’est pire même qu’à l’époque des sultanats où un Anjouanais fut gouverneur à la Grande Comore.   

Ledit projet de loi entrainera l’institution d’une citoyenneté comorienne multiple, renfermera le Comorien dans son île pour pouvoir briguer la présidence tournante et fera des étrangers ceux qui vivraient dans les autres îles. En plus il compliquera voire restreindra la possibilité des Comoriens de Mayotte et de l’étranger de pouvoir briguer la présidence tournante car il faudrait figurer sur la liste électorale deux ans avant les échéances. 

Si ledit projet loi passe pour certains comme anti-Sambi, c’est parce que, dans son intention de briguer la présidence de 2016, il incarne l’unité de la nation en bravant les mentalités régionalistes  qui assignent chaque politicien comorien dans son île. La volonté de M. Sambi ne peut être réduite à une certaine avidité de pouvoir, car les intérêts des nations et des États sont entièrement indissociables de ceux des représentants. On regrette cependant que des partis progressistes, défendant  un État unitaire voire même centralisé n’ont eu la volonté d’aller à l’encontre des mentalités régionalistes  et chauvines.

Ledit projet de loi est une croix de plus dans l’arsenal des séparatistes contre laquelle les  Unionistes de tous bords et les Comoriens de Mayotte et de l’étranger doivent se mobiliser.

Djoumoi Ali Madi

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