400264 334120876615551 95458056 nIl a suffit d'une et seule déclaration de Sambi pour déclencher une avalanche de réactions très vives. Partisans et adversaires s'en donnent à cœur joie et souvent, malheureusement, au détriment de l'unité nationale. " Sambi: le retour probable" C'était un secret de polichinelle. L'homme qui a tout fait pour s'éterniser à Beit-Salam ne caressait qu'un rêve: un destin à la Poutine. Choisir un dauphin malléable et corvéable a souhait afin de continuer à diriger le pays par personne interposée. Jusqu'à son retour bien évidemment. D' où "le relai qui rassure". Ustadh croyait dur comme fer avoir réussi le casting parfait avec Ikililou Dhoinine. Dans ses équations à plusieurs inconnus, il avait visiblement sous-estimé le facteur "revange" des Moheliens. "25 ans" d'attente vaine, d'espoir déçu de voir un des leurs accéder à la haute magistrature.

Une rupture qui trouble l’atmosphère

Alors, une fois mission accomplie, il n'est plus question de continuer à faire acte de soumission, à rester sous influence d'un encombrant mentor. "Le relai qui rassure" continue bien sur. Mais à destination de l'ile de Djoumbe Fatima d'abord. N'en déplaise à celui qui s'imaginait faiseur de roi. Aux yeux d'Ayatollah et de ses amis, le remaniement constituait l’apogée du reniement. Un point de non retour, une rupture du serment d'allégeance, malgré, la présence de quelques fideles de l'ancien Raïs dans les sphères du pouvoir. Par conséquent; l'annonce officielle de la rupture n'était qu'une question de temps. Désormais, l'homme le plus craint de Beit-Salam incarne l'opposition. Ses déclarations suscitent de multiples réactions et soulèvent quelques inquiétudes. "Panique chez les présidentiables et même chez les présidents sciables" Ce n'est pas tant le retour en politique du Raïs qui fait débat en soi. Mais surtout la mise en scène du "Sambi Show" et le relent de chauvinisme implicite qui interpellent. Personne n'est dupe. Nul n'est sensé ignorer la loi. Surtout pas ceux qui la promulguent. Par conséquent, Ayatollah peut difficilement prétendre ignorer le décret inique signé par son ministre de l'intérieur Barwane, interdisant les meetings en dehors des périodes électorales.

Mais, il est vrai que la posture de victime attire beaucoup de compassion et de sympathie et tend à diaboliser les méchants pourfendeurs de la démocratie. Même si la méthode date un peu, son efficacité demeure redoutable. Donc, c’est en victime que l'ex-président s'est présenté au peuple pour délivrer trois messages.

1) Il compte revenir aux affaires, plus précisément à la tête de l'Etat.

2) Ikililou est un "traitre" parce qu'il s'est débarrassé des sambistes.

3) Son gouvernement a laissé une cagnotte de 11 Milliards dans les caisses de l'Etat. La panique s'empare des hypothétiques présidentiables. La gamme des réactions varie beaucoup, donnant à voir un beau florilège du paysage politique. Said Ali Kemal, Mze Soule Elbak et Mohamed Abdouloihabi, respectivement, des partis Chuma, PSDC Dudja et l'Alliance pour la Sauvegarde des Institutions sont parmi les premiers à dégainer. Face à la presse, l’ex-gouverneur, jadis allié indéfectible de Sambi lui souhaite "la bienvenue dans l'arène politique". Ironisant sur la volonté de Sambi de créer un nouveau parti politique, le leader de l'alliance en profite pour lui prodiguer un cours magistral gratuit de sciences politiques: "... ce qui l'intéresse, c'est l'économie, oubliant que la politique, c'est celle qui donne les directives à toute gouvernance. Et aujourd'hui qu'il n'est plus au pouvoir, il s'en est peut-être rendu compte". Peut-être. Mais, pour parvenir à la magistrature suprême a-t-on vraiment besoin d'une faction politique ? Parce que de parti, le pays n'en a plus à part le vocable.

Sambi rend mal à l’aise la classe politique comorienne

En effet. Quelles différences fondamentales entre tous ces groupuscules qui gravitent autour de la galaxie politique ? Mise à part le FNJ d'obédience islamiste version frères musulmans, aucun autre parti ne peut se prévaloir d'une idéologie ou d'une doctrine définie. Plus grave le dessein politique qu'Abdouloihabi soupçonne Sambi de poursuivre :" maintenant, il va présenter sa propre politique. Sa politique de chiisation de la population. Parce que c'est ce qu'il n'a pas fait de manière officielle, mais officieuse. J'espère qu'aujourd'hui, il va dévoiler sa face". Pour la CRC (Convention pour le Renouveau des Comores), Houmedi Msaidie monte au front. Il préfère incarner le défenseur de la démocratie bafouée :" Une personne respectueuse de la démocratie ne peut pas tenir de tels propos. Revenir au pouvoir à l'immédiat, c'est un acte antidémocratique". Le secrétaire général dénonce avec véhémence, non pas le retour dans la vie politique de Sambi, mais ses ambitions présidentielles affirmées pour 2016. Sa probable candidature fait peur. La question posée en filigrane. La constitution permet-elle à un comorien natif d'Anjouan ou de Moheli ou de Mayotte de participer aux primaires pour le tour de Ngazidja ? L'autre motif de colère de Msaidié.

 

Concerne l'allusion faite par ce dernier par rapport à la position privilégiée de Bolero au détriment des Sambistes. Le leader de la CRC rappelle que son parti a lutté "pour la tournante mohelienne" et que " Bolero a voté Iki", malgré les consignes du parti. Mais en vérité, la présence du conseiller charge de la défense à Beit-Salam s'explique surtout par la "mohelisation" du pouvoir. D'ailleurs les Moheliens ne s'en cachent pas du tout. "J'ai fait 25 ans d'opposition et je n'ai pas encore oublie ce qu'on se disait souvent que si un mohelien arrive a Beit-Salam, nous y serons tous avec lui". D'ailleurs, les moheliens prennent mal la déclaration de guerre de Sambi, contre leur Ikililou et le font savoir sans ambigüité :"Nous comprenons les manigances de Sambi, maiw nous lui disons simplement, laisses-nous tranquilles". Abasse Massoundi, toujours dans une réunion improvisée mais tout de même avec la participation d'une foule venue des différentes régions de l'ile, a assuré Ikililou du soutien inébranlable des mohéliens sans oublier d'écorner un peu plus son prédécesseur:" Nous sommes fiers de ce que fait le chef de l'Etat originaire de Mwali dans l'ensemble des trois iles. Et la différence entre lui en 2 ans et Sambi en 5 ans est énorme". " Le compte n'est pas bon".

Bakari Idjabou

COMORESplus

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