LES LIAISONS INCESTUEUSES ENTRE POLITIQUES ET JUSTICE, les relations incestueuses entre politiques et magistrats
07 août 2013Malgré la séparation des pouvoirs nécessaire en démocratie chaque jour qui passe apporte son lot de preuves de franchissement de la ligne rouge. Pour ceux qui suivent assidument la saga de l’affaire d’Ikoni la pratique ne leur est pas inconnue. Tellement le Procureur et Mbaba Nourdini l’ont usée et abusée. Aujourd’hui encore le cas Hachim Said Hassane vient confirmer la thèse, si besoin était, de la soumission du judiciaire aux desiderata de quelques politiques aux motivations pas toujours républicaines. La réalité est plutôt cruelle pour le président autoproclamé anti corruption et pour une république irréprochable. Il se révèle complice involontaire des petits arrangements entre amis, si ce n’est entre membres de la famille.
En effet, les internautes, surtout, ceux fréquentant les réseaux sociaux notamment Facebook ont vu fleurir un statut laconique et intriguant de soutien à Hachim: " Hachim, nous, ta famille, tes amis sommes derrière toi, nous te soutenons et te souhaitons beaucoup de courage".
Un litige commercial…
Intrigue, de la pêche aux informations, il ressort qu’il s’agit au départ d’une banale histoire de factures impayées qui a pris des proportions inconsidérées. Hachim Said Hassane, jeune chef d’entreprise répond à un appel d’offre émanant du chef de projet de la BAD (Banque Africaine de Développement). La société de Hachim doit fournir du matériel de quincaillerie (plomberie et électricité...). Elle honore le contrat à temps. Mais six mois après la livraison, Hachim attend encore le paiement de la marchandise. Le chef de projet, Ibrahim Kassim, malgré l’utilisation des produits fournis, prétend six mois après qu’1/3 du matériel n’était pas conforme à la commande ! Ce qui à ses yeux justifierait le non paiement de la facture. Lasse, le jeune entrepreneur a alors enfreint la loi en envoyant un sms incendiaire et surtout menaçant de porter atteinte à l’intégrité physique du chef de projet mauvais payeur.
... devenu judiciaire...
Inquiet, Ibrahim Kassim, saisit alors la justice, son droit le plus absolu. Et la machine judiciaire s’emballe illico presto. Aussitôt la plainte déposée, aussitôt Hachim fut arrêté et placé en détention pour une comparution le lendemain. Comme nul n’est au dessus des lois et qu’une menace de mort même via sms est un délit passible de 6 mois de prison, l’envie d’applaudir de deux mains, la réactivité de la justice est très fort. Surtout l’exhorter à faire de même dans tous les dossiers rétablirait à coup sur le lien de confiance avec le peuple désabusé. Sauf que deux éléments incitent à modérer l’enthousiasme et à reconsidérer les évènements. Force est de constater qu’une justice équitable n’est pas pour maintenant. On découvre que ledit chef de projet n’est autre que le cousin du procureur Sako. Ce dernier n’a eu aucun mal à donner un coup de main approprie à la famille pour calmer les ardeurs d’un Hachim trop menaçant. Plus cocasse encore et révélateur de l’état d’esprit de défiance dans cette affaire, l’extrait du Procès-verbal de l’audition du vendredi 2 Août 2013. Un model du genre: "Le procureur: Tu sais qu’il y a une justice ici ? Hachim: Non je ne savais pas qu’il y avait une justice ici." Fin de l’audition et renvoi au cachot pour une autre audience le lendemain. Dialogue de sourds ou expression d’une triste réalité de la part de deux fins connaisseurs du système? Toujours est il que le lendemain Hachim sortira libre du tribunal.
... avec des répercussions politiques.
Parfois s’interroger sur la culture politique de certains acteurs n’est pas de trop. Un procureur sous surveillance qui vole au secours de la famille, un mohelien qui soutient un autre mohelien c’est prêter le flan aux critiques surtout en ce moment où le navire du capitaine Iki tarde à fixer un cap et se trouve soumis à la houle. Du coup l’opposant number one l’homme le plus craint de Beit Salam a saisi l’opportunité offerte pour apporter son soutien et manifester sa solidarité envers Hachim. Une récupération de bon aloi. Un geste qui a du réconforter le père de Hachim, Said Hassane Said Hachim. Ulcère par le traitement disproportionne infligé à son fils, il a déclaré à la sortie de la prière de vendredi: "Si Ikililou croit que je vais l’appeler pour le supplier de libérer mon fils, il se trompe! Qu’il sache que je l’attends au tournant!". Le voila averti. Ce qui n’augure rien de plaisant pour Iki qui avait mise sur la notabilité pour assoir sa légitimité et s’en servir de relai. Face a l’hostilité manifeste des Sambistes, à la défection de quelques factions de la mouvance, Iki doit mieux contrôler "ses hommes" pour éviter l’érosion de ses soutiens. Il y a mieux encore à faire: rendre effectif la séparation des pouvoirs.
Idjabou Bakari
COMORESplus