MANIF POUR LES PRISONNIERS DU 20 AVRIL, L’AMBASSADEUR S’ENGAGE
28 avr. 2014
Ahmed Bourhane, ambassadeur de l’Union des Comores à Paris s’engage à plaider auprès du président Ikililou Dhoinine et des instances judiciaires la revendication principale des défenseurs des prisonniers du 20 avril 2013 : un procès équitable dans les plus brefs délais.
Une première, l’ambassadeur reçoit des manifestants un samedi après-midi
C’est en compagnie de son conseiller juridique et de son conseiller militaire que l’ambassadeur a reçu une heure durant AHMED Abdou Rahmane de SOS Démocratie et Rafik ADILI du comité de soutien des prisonniers. Une première pour la représentation de l’Union qui a ouvert son salon à des manifestants, de surcroit un samedi après-midi avec en prime la présence de l’ambassadeur en personne.
Les deux porte-parole de la manif pour « le respect des droits » des prisonniers du 20 avril en particulier et des conventions internationales en matière de droits de l’homme en général, ont saisi l’opportunité ainsi offerte pour sensibiliser, attirer l’attention, informer et même rappeler à l’Etat de veiller au strict respect de ses engagements. En l’occurrence, les nombreuses conventions internationales préservant les droits inaliénables des prisonniers.
L’occasion de remettre en main propre à l’ambassadeur une missive explicitant clairement la situation et surtout avec des revendications précises qui n’ont jamais varié d’un iota depuis le début de cette affaire opaque.
« Nous souhaitons un procès équitable dans le plus bref délai. Que l’Etat comorien respecte » enfin la notion de « présomption d’innocence ». « Qu’il améliore les conditions de détention », s’occupe des soins médicaux nécessaires et « respecte les conventions internationales qu’il a ratifiées ». Enfin, « une libération provisoire » s’impose « en attendant la tenue d’un procès équitable ». Car nulle autre issue n’est envisageable en dehors d’un procès.
Mis face aux exigences de vérité sur l’affaire et de revendications légitimes de ses visiteurs d’un jour, informé d’un dossier se réduisant à peau de chagrin au fil du temps, « une instruction qui n’honore pas les magistrats » dixit Maître Mafoua Badinga, ancien professeur du juge Djounaid, l’ambassadeur a manifesté lui aussi le souhait de voir l’affaire trouver un dénouement judiciaire et la volonté d’y contribuer activement.
Forte mobilisation virtuelle et faible présence sur le terrain
Ouvrir le palais un samedi après-midi à des manifestants, c’est unique dans les annales de l’ambassade. Sans doute que la forte mobilisation virtuelle sur les réseaux sociaux a suscité quelques inquiétudes à un point tel que des âmes bienveillantes ont su conseiller favorablement son excellence.
Parce qu’il s’est vrai que sur le web l’adhésion à la manifestation ne faisait aucun doute , sur le terrain la réalité fût tout autre. A peine plus d’une cinquantaine de personnes ont bravé les intempéries pour battre le pavé. Comme constatait amèrement un des manifestants : « plus de CRS que de manifestants ! » Il n’empêche, ceux qui se sont déplacés ont fait le job : revendiquer le respect des droits, une justice équitable, des conditions de détention dignes et un procès pour des prisonniers dont la culpabilité est loin d’être prouvée.
Coup d’Etat ou coup de maître en diversion ?
Une foule encore plus galvanisée après les déclarations fracassantes de Maître Mafoua Badinga. Habitué des prétoires africains, rompu aux habituelles accusations de complots contre les pouvoirs en place, le scénario de la tentative de coup d’Etat aux Comores se singulariserait par un tapage médiatique, suivi de chefs d’inculpation lourde mais aux preuves matérielles inexistantes. Pour avoir eu le privilège de consulter les dossiers, documents non accessibles aux avocats locaux, Maître Badinga est choqué de constater le travail effectué pendant un an caractérisé par un manque de rigueur flagrant et de l’amateurisme patent. D’où sa sentence qui sonne le glas de notre justice : « le dossier n’honore pas les magistrats ».
Au sujet de la supposée coup d’état, l’avocat démonte le mécanisme en partant du préalable que renverser un régime suppose une organisation, une structure, un logistique, des militaires professionnels et armés. Or de tous ces éléments précités, il n’y en a aucun du moins figurant sur les dossiers. D’où des interrogations sur les déclarations de l’ancien ministre de l’intérieur Hamada Abdallah et puis plus tard du président Ikililou Dhoinine. Le président se serait-il fourvoyé ou aurait-il été abusé ? Toujours est-il que les vérités médiatiques d’hier tardent à devenir des preuves matérielles dans le monde judiciaire.
Pour enfin connaître le fin mot de l’histoire, il n’y a qu’à tenir un procès équitable. Une des exigences de la défense.
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