En 2009, la préfecture de Mayotte avait annoncé : 19 972 éloignements dont 3246 mineurs en 2009

Au Troisième trimestre 2010 http://www.migrantsoutremer.org/IMG/pdf/prefecture-mayotte-3e-trimestre-2010_clandestins.pdf la préfecture annonce 19308 expulsions depuis Mayotte dont 3930 mineurs, soit environ 72 expulsions par jour

Au cours d’une conférence de presse tenue mardi 19 octobre 2010, le préfet de Mayotte annonce le chiffre de 20700 reconduites à la frontière : Le record vient de tomber à 72 jours de la fin de l’année.

On remarque alors que du 1er octobre au 18 octobre 10, il y a eu  1392 (= 20700 – 19308) expulsions soit 77 expulsions par jour. Cela représente une augmentation de 5 expulsions par jour (soit une augmentation de 7%) depuis la signature de l’accord Fahmi , signé à Paris le 27 septembre 2010 avec Morin. Selon le ministère français de la défense, cette nouvelle collaboration va permettre de développer les capacités de l’armée comorienne à défendre la souveraineté de son pays tant sur terre que sur mer. En fait cet accord donne la  possibilité à la France de contrôler l’intégralité des eaux comoriennes comme l’avait souhaité Morin lors de son séjour à Mayotte, en insistant sur « la nécessaire coopération avec les Comores, sur un travail de concert entre les forces de l’armée de terre et de la gendarmerie comme en Guyane. »

A ce rythme les 72 jours qui restent pour finir l’année donneraient 5544 expulsions soit au finish : 5544 + 20700 = 26 244 expulsions.

Les objectifs en terme d’éloignements assignés pour 2010, 25 000 à partir de Mayotte, 28 000 à partir de la métropole sont en voie d’être dépassés à Mayotte, sauf si le régime actuel (le régime Sambi) décide en conformité avec la constitution comorienne de refuser d’accueillir les refoulés de Mayotte. Ce qui est d’ores et déjà exclu

Proportionnellement au nombre d’habitants, (Mayotte (avec environ 190000 habitants) et la France (environ 60 millions)) on expulserait en France métropolitaine plus de 8 millions de personnes.

Mais tout ça, à quel prix ?

a)  En violation du droit et en collaboration avec l’Etat comorien

Selon la résolution onusienne n°3385 Mayotte est une île comorienne et tout comorien est chez lui à Mayotte. A la 2402e séance plénière du 12 novembre 1795, l'Organisation des Nations unies a admis en son sein les Comores, comme pays composé de 4 îles dont Mayotte. Les pratiques d'expulsion de Mayotte sont passibles de la Cour pénale internationale dont les statuts ont été ratifiés par la France. Selon l'article 7)1)d) du statut de Rome de la  CPI, le transfert forcé de population est un crime contre l'humanité et l'article 7)2)d) de préciser : « Par déportation ou transfert forcé de population, on entend le fait de déplacer des personnes, en les expulsant ou par d'autres moyens coercitifs, de la région où elles se trouvent légalement, sans motifs admis en droit international ».

En collaborant à ces expulsions les Comores violent sa propre constitution et commettent un acte de « haute trahison ». Une résolution de l’assemblée nationale comorienne adoptée en juin 2008 précise : « Toute action posée par l'exécutif de l'Union des Comores à quelque niveau que ce soit, susceptible de mettre en danger l'intégrité territoriale et l'unité nationale des Comores est considérée comme un acte de haute trahison »

b)  Dans des conditions indignes et dangereuses

Le quotidien LIBERATION avait publié  une vidéo qui dénonce les conditions inhumaines dans le centre de concentration de Pamandzi http://www.liberation.fr/societe/0601472-mayotte-a-l-interieur-du-centre-de-retention

Un rapport de visite http://www.cglpl.fr/wp-content/uploads/2010/07/CRA-Mayotte-visite-final-13-novembre-2009.pdf souligne qu’au centre de concentration de Pamandzi, les plats congelés laissés en stock par le prestataire, du fait de l’impossibilité d’ajustement en temps réel aux flux très irréguliers des arrivées au centre, ne sont pas gérés avec la rigueur nécessaire : le jour de la visite, trente-trois barquettes présentaient une date de consommation périmée.

Baraka Inzouddine

Source:  wongo

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