400264 334120876615551 95458056 nA la publication du découpage des communes de Ngazidja, tous les observateurs étaient unanimes pour reconnaitre le caractère homogène, naturel et la taille humaine de Bambao ya dju. Mkazi, Mvuni et Mavinguni, trois villes paisibles, situées à l'est de Moroni avec une identité forte, une riche histoire commune faite de rivalités, d'échanges, de solidarités, de liens familiaux étroits et de relations de voisinage courtoises et respectueuses malgré quelques soubresauts de bon aloi. Ce tableau idyllique était encore vrai jusqu'à deux ans environ. Comme disait la pub, ça c’était avant. Maintenant, c’est une autre dimension. La situation aujourd'hui est préoccupante. La commune est au bord de l'explosion.

" Surpeuplée, Mkazi confisque les terres des villes voisines"

Conséquence d'un accroissement démographique exponentiel et d'une urbanisation incontrôlée, anarchique et surtout horizontale, Mkazi a besoin de surface pour s'étaler. Apres avoir construit densément sur son propre espace vital, acheté les terrains limitrophes, adossé à la montagne face nord, ses maisons jouxtant celles de Mde à l'ouest, Mkazi, pour s'étendre n'a que le nord et l'est comme perspective. Sauf qu'au nord, hormis quelques arpents de terre "Grimaldi", le reste appartient à des habitants de Mapvingouni. Et ce ne sont pas ces hectares de verdure de plantation d'ylang-ylang, vestige de l'époque coloniale, qui jadis séparaient les différentes localités de la région. Il s'agit bien de ce que les Grands comoriens appellent communément "Orale wamdji". Ce bien communautaire propre à chaque village ou chaque famille de souche disposait d'un lopin de terre pour y puiser ses subsides. Or, c'est ce "tresor" public, cet héritage ancestral que quelques écervelés de Mkazi, soutenus par une poignée de "je viens" en quête de foncier pour construire, ont décidé manu militari d'annexer, de confisquer et d'occuper. Destruction de culture, passage à tabac, intimidations, menaces et expropriations ont été perpétrés. Apres le coup d'essai, ils ont reproduit la même opération. Mais cette fois-ci en direction de l'est. La deuxième phase de l'opération. Il y a quelques jours, ce sont les autres voisins de Mvuni qui ont eu la visite surprise. Les terrains limitrophes ont été pris pour cibles.

"Une atmosphère tendue"

Entre Mkazi et Mapvingouni la tension n'a pas baissé d'un cran. A l'époque, il s'en est fallu de peu pour que les deux villes flambent, que la situation dégénère et tourne à la guerre de tranchées. Heureusement qu'à Mapvingouni, des esprits lucides et éclairés ont su trouver les mots justes pour calmer les instincts grégaires et revanchards d'une partie de la population. Ils ont choisi l'option judiciaire comme moyen d'aboutir à une solution. Sur de leur bon droit, ils attendent le procès. Néanmoins, des mesures de rétorsion ont été prises. Pour Mvuni, la réaction ne s'est pas faite attendre. Ces deux villes concurrentes pour le leadership local s'observent mutuellement avec méfiance et prêtent à en découdre. L'opération annexion offre l'occasion de s'étalonner. Par conséquent, ils se rendent coup par coup. Pour l'heure, les échauffourées sont limités et sporadiques. Donc, un temps encore propice aux médiations avant que les amis de la discorde et de la haine n'attisent le feu.

" Une commune paralysée"

En dehors des hommes et des femmes victimes des expropriations forcées et abusives, le grand perdant dans ces conflits, demeure la commune de Bambao Ya Djou. Depuis le coup de force de Mkazi, le conseil municipal n'a pu siéger. Les représentants de Mapvingouni pratiquent la politique du siège vide, après avoir notifié à qui de droit leur refus de collaborer avec "l'occupant". Une situation qui paralyse le fonctionnement de l'institution et pénalise les habitants, annihilant les initiatives et décisions judicieuses prises auparavant.

" Des autorités passives presque complices"

Hormis, l'intervention de la gendarmerie à point nommée pour éviter un bain de sang, les différentes autorités notamment le député de la région ont brillé par leur absence. A commencer par le maire, son équipe et les "grosses têtes" de ces trois villes. La médiation tardive, timide et presque en solo de l'édile était vouée à l'échec. Les gardiens du temple sensés promouvoir et défendre l'unité de la commune ont baissé pavillon. Ne parlons pas non plus de " la notabilité Mharuma", surtout dans une région orpheline de ses humanistes aux "gros cœurs" qui avaient l'honneur et la fierté d'une région comme code de conduite. Tout le contraire des "Madjaleo" (les nouveaux parvenus). Enfin, Ngazi-Ngome s'est révélé incapable d'apporter une solution au blocage, rendant inutile les efforts consentis jusqu'alors. Mais surtout son commissariat à l'urbanisme n'a toujours pas compris ni la nécessite ni l'urgence de réactualiser le cadastre afin de fixer les limites territoriaux de chaque village, de chaque ville et les frontières des communes. Or, il suffirait de dépoussiérer les archives coloniales pour avoir un plan général. Un travail fastidieux certes mais néanmoins indispensable et salutaire pour la paix des citoyens.

Idjabou BAKARI.

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