5d4a1e57Le président de la République vient de nommer son deuxième gouvernement, deux ans après le premier. Deux des vice-présidents, M. Mohamed Ali Soilih, en charge des finances et M.  Nourdine Bourhani, chargé de l’aménagement du territoire, conservent les mêmes postes. Le  vice-président Fouad Mohadji s’est vu imposer un autre portefeuille ministériel, celui de la santé, en guise de sanction pour sa désinvolture supposée. Mme Sitti Kassim, ministre de l’emploi et porte parole du gouvernement, fait figure de rescapé au sein de ce nouveau gouvernement dont six nouveaux ministres font leur entrée. Sa proximité avec la première dame y est certainement pour quelque chose.

Jeunes et inexpérimentés

Le moins qu’on puisse dire est que le chef de l’Etat a déjoué tous les pronostics et les supputations des observateurs de tout bord en choisissant des hommes neufs, jeunes et surtout inexpérimentés. A l’instar du ministre des affaires étrangères, M. Elarif Said Hassane, un inconnu du grand public, docteur en relations internationales de l’Université Paris-Sorbonne et ancien conseiller à l’ambassade des Comores en France, du ministre de l’éducation nationale, Abdoulkarim Mohamed, un jeune pharmacien natif de Mdjankagnoi dans le Mbadjini formé au Maroc et qui dirigeait l’école de santé ou du ministre de la production, M. Abdou Nassur, un natif de Djoezi, économiste de formation et délégué à l’économie au sein du gouvernement sortant. Le ministère de la justice échoit encore une fois à un médecin, le docteur Abdou Housseni, natif de Hada à Anjouan.

La rupture dans la continuité

L’on constate que l’Union pour le développement des Comores(UPDC), un parti de la mouvance présidentiel dirigé par les proches du vice-président Mohamed Ali Soilih, s’est taillé la part du lion. Outre le ministre de l’éducation Abdoulkarim Mohamed qui est vice-president de l’UPDC, l’on note également la nomination de la trésorière de l’UPDC, Mme Bahiat Massound, une native de Mutsamudu et ancienne déléguée aux droits de l’homme.

Bien que la rupture avec les proches de Sambi semble consommée, c’est un proche de Mohamed Daoud KIKI, président du parti ORANGE, qui est nommé ministre de l’intérieur. Il s’agit de M. Houssein Hassane Ibrahim alias Jeannot, natif de Moroni et trésorier payeur général(TPG) sous Sambi. La conservation du portefeuille des finances par Mohamed Ali Soilih et l’entrée fracassante des jeunes responsables de l’UPDC dénote du poids de celui-ci au sein du gouvernement et de sa ferme volonté de tracer son sillon vers les présidentielles de 2016. Il semble que le chef de l’Etat a fait son choix entre les mille et une mouvances qui gravitaient autour du régime et préfère s’entourer des « amis de Mamadou ».

Appréciations divergentes

Reste que les appréciations sur ce gouvernement Ikililou II divergent, même si unanimement tout le monde tonne qu’ils « s’attendaient pas à ça ». D’aucuns y voient une volonté de renouveau et se disent satisfaits de cet air de jeunesse insufflé à l’équipe gouvernementale. D’autres restent sceptiques quant à la capacité de la nouvelle équipe à relever le défi et déplore le caractère « amicale » de cette équipe. A dire vrai, cette équipe composée globalement des techniciens surdiplômés (sur les six nouvelles entrées trois sont titulaires d’un doctorat) souffre d’une pesée politique, pourtant indispensable au régime pour remporter les prochaines élections législatives.

Les mauvaises langues ne donnent pas cher de ce gouvernement  et pensent qu’après deux ans de stabilité gouvernementale, l’on inaugure la « djoharisation » du régime. Entendez, les remaniements intempestifs du gouvernement.

ABDOU ELWAHAB MSA BACAR

COMORESplus

 

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