Des Comoriens réussissaient à obtenir des cartes d’identité à l’aide de faux papiers

 

Ils multipliaient les faux papiers pour en obtenir de vrais. Ce réseau de faussaires comoriens vient d’être démantelé par la police aux frontières (Paf) du Gard. Une enquête préliminaire, démarrée durant l’été 2009 entre Nîmes et Alès, a abouti tout récemment.

 

Pour les nécessités des investigations, l’affaire est restée secrète jusqu’à fin janvier quand une dizaine de personnes a été interpellée à Nîmes et à Marseille. En tout, quatre hommes ont été incarcérés dans cette affaire de fraude documentaire en bande organisée. Août 2009, la Paf vient d’apprendre que des dossiers de cartes d’identité déposés à Alès semblent alimentés par d’étranges actes de naissance établis dans des communes de Mayotte (territoire français).

 

Les policiers grattent et découvrent qu’à Nîmes aussi, des dossiers similaires sont en attente. Tous ont pour point commun d’être alimentés par des faux de toutes pièces : faux actes de naissance, fausses factures EDF, fausses attestations d’assurance. Et pour couronner le tout, l’enquête démontre que systématiquement les actes de naissance sont bidonnés avec des faux tampons de villes de Mayotte (Sada, Tsingoni, Mamoudzou).

 

Mais les sceaux de la République française de cette zone de l’océan indien ne sont pas familiers des services d’état civil de métropole. Et dans bien des cas, les faussaires ont berné les administrations. Ce qui permettait à des ressortissants comoriens d’obtenir la nationalité française (l’île des Comores est proche de l’île de Mayotte, NDLR). A la fin de l’été 2009, la singularité de l’affaire conduisait Stéphane Bertrand, le procureur adjoint de Nîmes, à ouvrir une information judiciaire.

 

Le juge d’instruction, Lionel Mathieu, alors chargé du dossier, délivre une commission rogatoire. Laquelle permettait d’établir qu’une centaine de dossiers faisandés ont été déposés à Nîmes, Montpellier, Alès, Marseille, Bordeaux, Nice, Foix, Pamiers, Montauban, Poitiers, Mâcon, Bourg-en-Bresse, Saint- Étienne, le Puy-en-Velay…

 

Les filatures, les écoutes, ont permis de troubler le manège des faussaires qui avaient installé leur atelier de fabrication à Marseille. Il était assez simplement équipé avec des ordinateurs, un scanner et une bonne imprimante. Le tout permettait la falsification des factures EDF ou celles des faux actes de naissance ; certifiés par des tampons plus vrais que nature.

 

C’est dans la cité phocéenne, où réside une importante communauté comorienne, que les faussaires "travaillaient" avec des rabatteurs et des accompagnateurs. Ces derniers guidaient les Comoriens dans leurs démarches et allaient jusque dans les mairies récupérer les papiers avec le demandeur. Le "kit carte d’identité" était facturé entre 1 000 et 3 000 €. Ce joli coup de filet de la Paf sur ces officines pourrait, à terme, mettre au jour une fraude aux organismes sociaux.

 

Hocine ROUAGDIA

Source : midilibre.com

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