PAVILLON, CERTIFICATION, IMMATRICULATION
06 sept. 2013
La question mérite d’être posée tellement cette énième histoire rocambolesque qu’est cette affaire que l’on peut désormais baptiser la «HassanGate», nous interpelle.
Rappel des faits :
Hassan Mohamed Hassan, jeune entrepreneur de 35 ans, père de famille, se lance dans le transport maritime aux Comores. Non sans mal, il arrive à faire venir deux bateaux rapides, le Zanzibar1 et le Zanzibar2 pour assurer le transport inter-ile de voyageurs et de marchandises. Secteur d’activité prometteur du fait que la demande est très forte par rapport à l’offre, ceux qui se déplacent régulièrement dans nos iles pourront témoigner. Cela fait quelques mois qu’il opère, et à l’unanimité les voyageurs « modestes » sont ravis, le rapport qualité prix est au rendez vous, le service est irréprochable, le confort est assuré, la sécurité est garantie.. en résumé tous les usagers sont satisfaits.
Nid de Crabes ou Nid de Vipères ?
Et patatras, le voilà qu’après dérogations sur dérogations, reports sur reports, demandes de documents sur compléments d’informations etc, il est entrainé dans la machine infernale. Machine par son côté efficace de part le modus opérandi et infernale par son côté rédhibitoire au pays du mutisme et de la suspicion, tant sa mécanique garantit tous les coups bas et les vices volontairement cachés. Le voilà écrabouillé, tenu par les deux pinces de l’immatriculation et de la classification maritime, poussé vers le cul de sac de l’administration, et ses travers tel un oisillon dans son nid en pleine tempête, devant faire face à un vipérine invisible capable de vous « inséminer » son venin à distance via ses multiples membres. Ces derniers opèrent à visage découvert, comme des tueurs à gages dépositaires de l’autorité publique, à l’ombre de la loi, de ses failles et des manquements et sur la foi et le serment de Dieu pour ceux qui les côtoient, d’où leur efficacité... Croyez moi, seule votre mort les importe et celle ci est 100% assurée si la thériaque du médecin lobby, le Néron local ne vient pas à votre rescousse.
Oui la question mérite d’être posée!
Que reproche-t-on aux deux bateaux d’Hassan pour les bloquer à quai? Je me suis entretenu avec l’intéressé et celui ci me jure avoir pris toutes les dispositions qui se doivent, effectué les démarches préalables auprès du ministère des transports et fourni les documents nécessaires permettant de pouvoir naviguer dans les eaux territoriales comoriennes. Objectivement, je prends le risque de le croire car j’ai l’intime conviction que ses bateaux sont beaucoup plus surs que les Kwassa-Kwassas qui naviguent au vu et au su de tout le monde et qui plus est, transportent même des hautes autorités pour Mohéli en période de grosses affluences à l’aéroport Hahaya.
Alors 2 poids 2 mesures ?
Les bateaux Zanzibar 1 et Zanzibar 2 ont été arrêtés temporairement pour défaut de classification. C’est la règle en Union des Comores et je félicite les autorités de bien vouloir veiller à la faire appliquer. Les deux bateaux ont été immobilisés pour se mettre en conformité avec la Loi, encore une fois félicitation!!! Mais puisque les documents requis vous sont transmis, qu’attendez-vous pour donner les autorisations? ... Les réponses tardent à venir, pendant ce temps là, la société agonise et l’oisillon Hassan perd ses derniers plumes. Mon étonnement vient du fait que pendant que l’antidote «administratif» se fait attendre et attendre, des cercueils flottants assurent la navigation inter-ile sans aucun document à jour. Alors, le poids d’Hassan à ne pas pouvoir payer les extra-redevances, les bakchichs et autres faux frais liés au hold-up en bande organisée serait il la source de cette mesure plus qu’arbitraire ? La réponse est inéluctablement OUI... Et oui chers amis, admettez que c’est un peu fort de café!
Ca n’arrive pas qu’aux autres.
Mobilisons nous pour la liberté d’entreprendre dans le respect des lois en vigueur. Apportons notre soutien à cet entrepreneur privé car le développement de notre pays viendra d’abord par la création de richesse et d’emplois. Défendons un autre idéal pour notre génération que celui d’être à la botte d’une mafia institutionnalisée. Dénonçons haut et fort ces malfaiteurs qui opèrent de jour et qui font fortune sur le dos du citoyen. Encourageons ceux qui prennent des risques, ceux qui se battent contre vents et marées, ceux qui ont choisi d’aller affronter la houle et les vagues d'une mer agitée à bord du bateau Comores, ce monocoque qui tangue depuis 38 ans dans l’océan indien. Aidons notre frère, car comme je le répète souvent, ça n’arrive pas qu’aux autres. Sachez juste qu’en tant que témoins, nous sommes aussi leurs gilets de sauvetages.
Irchad Abdallah
COMORESplus