corrupL’intervention qui a le plus marqué les manifestants de Misiri a été celle du député Abdoussalami Abdou: Il a réaffirmé l’opposition des élus originaires de l’île de Ndzuwani vis-à-vis du projet de privatisation “tel qu’il est actuellement envisagé”. Une grande partie des employés de la société publique n’a pas osé se rallier aux manifestants, “redoutant des sanctions de la direction générale”.

 

A l’instar de leurs collègues de Moroni, une partie des employés de Comores Telecom de Mutsamudu a manifesté son opposition au projet de privatisation de la société, voulu par le gouvernement et les bailleurs de fonds onusiens. Un meeting a été pour cela tenu au gymnase de Misiri, l’après-midi du lundi, auquel avaient pris part un certain nombre de citoyens et quelques personnalités, dont les députés Abdoussalami Abdou (Bandrani) et Mouhtar El-had (Mutsamudu). Il s’agissait, selon les organisateurs de l’événement, de “sensibiliser la population sur les méfaits de cette privatisation“ et “demander leur soutien dans ce combat“. “La privatisation arrive à grande vitesse. Nous savons maintenant qu’elle est presque inéluctable. Mais il nous reste à attirer l’attention de l’opinion publique sur ses conséquences“, a déclaré Ahmed Ali Bacar, du syndicat des employés de Comores Telecom et de la Confédération des travailleurs comoriens (Ctc), avant de faire l’historique de la société, en rappelant que “de 1981 à 1992, l’ex-Office des postes et des télécommunications avait été dirigée par des étrangers et a toujours été déficitaire“.

 

“Un service aussi cher ?”

 

Plusieurs intervenants, non syndiqués, ont déclaré soutenir le combat mené par le syndicat de Comores Telecom, tout en pointant du doigt les côtés répréhensibles de la société. “C’est bien pathétique votre manière de vous plaindre quand l’autre partie n’est pas là pour se défendre, mais le gouvernement explique qu’il veut privatiser cette société parce qu’elle construit des bâtiments inutiles, accumule un effectif pléthorique et n’arrive pas à se constituer un budget d’investissement…“, a interrogé le docteur Zaïdou. Une autre intervenante, Fatima Chahalane, s’est montrée davantage contrariante : “Vous dites que votre société fait 28 milliards de chiffre d’affaires annuel: c’est bien beau tout ça mais ne pensez-vous jamais à faire bénéficier cette manne à vos compatriotes ? Pourquoi un service aussi cher ?“. Mais elle aura comme réponse à ce coup de gueule que “Comores Telecom est la société qui n’a de cesse de revoir ses tarifs à la baisse“.

 

Opposition

 

Mais l’intervention qui a le plus marqué les manifestants a été celle du député Abdoussalami Abdou, qui a d’emblée voulu battre en brèche l’idée selon laquelle l’Assemblée nationale aurait choisi le mutisme vis-à-vis de la question. “L’Assemblée s’est pour le moment tue parce que cette question n’est pas arrivée au stade où notre institution se devra de se prononcer. Mais c’est une question qui, au final, interpellera le législateur“, a-t-il soutenu. Il a également réaffirmé l’opposition des élus originaires de l’île de Ndzuwani vis-à-vis du projet de privatisation “tel qu’il est actuellement envisagé“. “Nous, députés de Ndzuwani, sommes opposés à cette privatisation et l’avons déjà fait savoir au président de la République ainsi qu’au vice-président”, a-t-il annoncé. Puis, répondant à l’argumentaire du gouvernement à propos de l’”effectif pléthorique“ et des “bâtiments inutiles“, Abdoussalami Abdou a déclaré: “Les bâtiments qu’on dit inutiles ce sont les agences construites chez nous, en milieu rural ; ils nous servent bel et bien! Et s’agissant des recrutements abusifs, tout le monde sait qu’ils s’opèrent en période électorale. Nous avons tous contribué à cette situation; il faut aujourd’hui trouver une issue favorable à tout le monde”.

 

Sécuriser et non...

 

Le meeting de contestation du syndicat de Comores Telecom tenu à Misiri s’est différencié de celui organisé à Moroni sur deux points: d’une part, une grande partie des employés de la société publique n’a pas osé se rallier aux manifestants, “redoutant des sanctions de la direction générale“, comme nous l’a confié un syndicaliste. Et d’autre part, sur le lieu de la manifestation, Misiri, ont été dépêchés des gendarmes, mais contrairement à la place de l’Indépendance, c’était pour sécuriser l’événement, et non pas pour empêcher sa tenue.

 

Sm

Source :Al-Watwan

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