La signaAAture du fameux traité d'amitié, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, n'aura probablement pas lieu. En tout cas pas dans sa conception originelle. L'effet de surprise initialement souhaité est inopérant, notamment parce qu'un traité nécessite la ratification par le Parlement, lequel ne semble plus être considéré comme totalement godillot, aujourd'hui. La campagne de sensibilisation menée par le Comité Maore et beaucoup d'autres patriotes, individuellement ou dans des structures associatives, commencerait à mobiliser l'opinion sur la Question de l'île comorienne de Mayotte.

D'autres scénarios, moins formels, pourraient être envisagés. Par exemple, que le président IKI soit reçu à l'Elysée et qu'à l'issue de la visite, il ne déclare rien au sujet de Mayotte, ni dans un communiqué, ni directement à la presse. C'est la théorie du consentement par défaut : qui ne dit mot consent. À défaut de mieux, cela peut être insidieusement utilisé, si besoin, auprès de l'opinion européenne et internationale.

Sur le fond, certains veulent nous faire croire que le président Iklilou aimerait se démarquer de ses prédécesseurs, sur l'affaire de Mayotte. Nous ne demandons qu'à les croire ! Mais l'on a du mal à entrevoir le début du commencement d'une action concrète allant dans ce sens. Pour autant, nous ne désespérons pas. Compte tenu de cette volonté de démarcation supposée, si l'occasion nous était donnée de conseiller Raïs Iki sur l'épineuse "Question de Mayotte", voilà ce que nous lui dirions.

 

Monsieur le Président,

Il y aura bientôt 40 ans depuis que l'État comorien est sensé gérer cette question. Or, mise à part la courte période de Ali Swalihi, il n'existe aucune stratégie officielle (ni même officieuse) soutenable y relative, ni à la Présidence, ni aux Affaires étrangères. Nous avons une diplomatie de réaction (voire de non réaction) au gré de circonstances souvent exogènes. Vous devez corriger cela, pour être en position de provoquer les évènements et les diriger, et non les subir.

Monsieur le Président,

Pour vous démarquer, à moindre frais, dans la façon de gérer la Question de Mayotte, et vous inscrire dans l'Histoire de façon positive et valorisante, il faut vous engager résolument et associer le peuple comorien, dont le soutien ne vous fera certainement pas défaut, sur cette affaire. D'ores et déjà, il faudrait mettre en chantier la série d'évènements ci-après.

1- Acter, de la manière la plus officielle, le fait que le prochain tour de la Présidence revient, en principe, à Mayotte. Ensuite, réunir de manière transparente, une ou plusieurs commissions d'experts, impliquant le Parlement, l'exécutif national, les exécutifs insulaires, la société civile et des juristes (y compris internationaux si nécessaire), pour étudier les voies et moyens de rendre applicable cette décision. SI JAMAIS, après avis d'experts, la Tournante s’avérerait impossible à organiser pour Mayotte, le tour passerait à la Grande Comore, non pas par une volonté délibérée de l'État comorien de délaisser Mayotte, mais parce qu'on ne pouvait pas, objectivement faire autrement.

2- Impliquer, de façon explicite, la population maoraise dans les instances de prise de décision de la République ; et poser des actes structurels probants et conséquents. Par exemple, un conseiller du Président, chargé de la Question de Mayotte, ferait sens; alors que l’utilité de moult conseillers, hantant les couloirs de la Présidence, reste à prouver. La mise en place, au MIREX, d’une cellule permanente chargée de la question serait également souhaitable.

Par ailleurs, faire voter une loi rendant possible la représentation de la population maoraise au Parlement national, à partir des Législatives prochaines, dans moins de 2 ans. Il y aura, à n’en pas douter, des candidats maorais de l’intérieur comme de l’extérieur de l’Île. Si jamais la France s’oppose à l’organisation du scrutin à Mayotte, les candidats de l’intérieur réagiront probablement. En tous les cas, un recensement spécial peut être fait au niveau de la partie de l'Union, libérée du joug colonial, aux fins d’établir les listes électorales appropriées et mettre en place les bureaux de vote y associés. Ces 3 actions rendront, symboliquement et concrètement, visible et audible votre volonté, et conforteront votre stature de CHEF de l’État.

3- Enfin, solliciter vos pairs africains, à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de l’Union Africaine et de la Journée de Libération de l’Afrique (19 au 27 mai à Addis Abeba), pour que l’UA saisisse officiellement le Conseil Européen, d’une demande en annulation de la décision n° 2012/419/UE, portant érection de Mayotte au statut de Région ultrapériphérique de l’Europe (RUP). Ou, du moins, la sursoir, en attendant clarification, par les instances d’interprétation  juridique, relevant de la Cour de Justice Internationale, pour statuer sur les interprétations du droit ("français" ou "international"?), par les deux parties en conflit.  Ce ne sont pas les motifs qui manqueraient.

Très respectueusement,
Votre compatriote, Abdou Ahmed

Paris ( COMORESplus)

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