472141 498309886864799 1172516341 oDepuis la proclamation des résultats du BAC aux Comores, nos têtes pensantes ont sorti leurs plumes d’or pour faire écho de leurs mécontentements circonstanciels, de leur indignation passagère et saisonnière. Suite à ces résultats chaotiques, chacun s’érige en consultant de l’éducation, des spécialistes malgré eux de l’enseignement aux Comores. Ces masters chef, non, ces Piaget nous ont servi les recettes les plus pédagogiques, les plus didactiques, les plus sociologiques et peu de solutions en guise de dessert. Un constat semble être partagé sans convaincre, une guerre sémantique s’est imposée et pourtant… On copine.

 

Un diagnostic partagé ? Les partenaires et les acteurs de l’éducation nationale comorienne, le programme d’appuis au secteur éducatif aux Comores (PASEC), le service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France auprès de l’union de Comores (SCAC) par le biais du CIEP de la réunion, le citoyen lambda se trouvent actuellement sur un même diagnostic et même constat : il y’a une urgence à reformer le système éducatif comorien et promouvoir et à renforcer l’enseignement de la langue française qui se trouve dans une situation critique malgré son statut de langue officielle et d’enseignement.  

On enseigne comme on a été enseigné.  

Cet état de fait est rendu visible par un faible taux de réussite répétitif dans les examens nationaux, de cela plus d’une décennie. Ce faible taux de réussite, ne dépassant jamais les 4% sans rachat de points, est accompagné d’un socle linguistique très insuffisant témoignant une chute de niveau du français. Nous voulons dire par là que la gravité de la maîtrise du français oral et écrit est pour certains, un problème majeur, source de l’effondrement du système éducatif mais en elle seule, elle ne constitue pas la raison suffisante de l’ébranlement de notre système éducatif si système existe. D’aucuns disent que l’absence de recyclage et de formation des enseignants qui d’ailleurs sont peu ou pas du tout formés est un facteur aggravant. Ce constat dénonce implicitement un corps enseignant, livré à lui-même, armé d’une craie et d’un tableau noir, dont l’unité didactique est basée uniquement sur la description de la langue, des théories, des formules et des théorèmes : on enseigne comme on a été enseigné.  

Pour mieux se défendre et indexer les décideurs qui ne décident walou, le « pilier indéfectible, dévoué et concerné de l'éducation » pour paraphraser une des plumes d’or indignée, crie haut et fort sur l’absence de supports et matériels pédagogiques, l’absence des textes officiels adaptés à la réalité comorienne, des programmes ambitieux sans mesures d’accompagnement ou d’appropriation, des conditions d’exercices dignes d’un mineur, des formateurs fraîchement formés et qui forment personne… Et la guerre est déclarée. Reste la dernière et l’unique explication de la chute vertigineuse du niveau scolaire et des résultats non fleuris. Guillotineur du système éducatif orphelin de père pour les uns, accélérateur de la chute du niveau pour les autres, l’enseignement privé est pointé du doit.

Une guerre sémantique pour rien ? Le secteur éducatif est, depuis l’indépendance, le parent pauvre d’un archipel qui se cherche. Il n’a jamais été la priorité ni outil d’évaluation de nos gouvernements. Pire, nos quotients locaux, nos blogues, nos parlements (4 svp) accordent peu de place pour l’éducation. Comme les fruits des saisons, elle raisonne en nous en fin d’année, quad les résultats tombent ou lors d’un bras de fer entre le syndicat et le gouvernement : c’est la haute saison. Voila pour quoi, n’ayant pas l’habitude de parler éducation, enseignement et orientation, la fin d’année nos érudits se livrent à une guerre de mot quant à l’analyse de la situation innommable que traverse l’éducation. Nos hommes du monde médiatique suggèrent l’expression de résultats catastrophique alors que nos sociologues ajoutent l’idée de crise de l’école pour ratisser plus large. Nos pédagogues de bureau nous imposent un langage trop technique chute vertigineuse du niveau et souvent avec des euphémismes pour atténuer la réalité objectifs nos atteints, socle commun des compétences inférieures à la moyenne, analphabétisme fonctionnelle… Les amateurs de la boxe vont droit au but et qualifient la situation chaotique, une éducation baissant ses gardes dont les acteurs et partenaires ont jeté l’éponge.

Nos pharmaciens…

Pour suivre la masse sans être la masse, son excellence « I qui lit loup » rejette tous ces vocables, les considérant de barbarisme linguistique. Il dépoussière ses notes de biochimie médicale, révise la terminologie pharmaceutique et entomologique pour trouver le terme approprié désignant le mieux l’état de lieu de l’éducation nationale. Parce que le constat est alarment, parce que les symptômes de l’échec parlent en eux même, parce que le diagnostic est partagé, parce que les 4% de taux de réussite persistent et durent, il a conclu qu’il s’agit d’un cas pathologique dans l’éducation

Et comme la maladie est acquise par un nombre très élevé (96% des candidats) notre pharmacien de président préfère contribuer à cette guerre sémantique, en nous proposant l’expression de « épidémie dans le système éducatif comorien ». Rien de si étonnant donc, si après diagnostic, il a écarté un liseur de Platon avec ses séminaires et ses réformettes ne traitant en rien la santé précaire de l’éducation menacée d’une pandémie faute d’une prévention accrue. Qui de mieux pour lire et interpréter un diagnostic posé par un pharmacien qu’un pharmacien accidentellement ministre ou ministre par copinage ? La prévention et le traitement de cette épidémie sont assurés dans le sens où la maison d’éducation est sous l’autorité d’un spécialiste. Vaccins, quelques formules chimiques et une veille sanitaire stricte et voila la maladie rongeant notre éducation surveillée et limitée. Une guerre de mots pour rien, le président « I qui lit loup » et son copain pharmacien nous promettent de renverser la tendance. Mais si le jeune ministre nous sert la même recette, point de voix ne doit se lever : silence on copine. D’ailleurs sans résultats, il sera l’égal de ses prédécesseurs.

Abdel djawad

COMORESplus

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