IMAG0054Pourquoi, ce silence au moment où plusieurs vies sont perdues et d’autres sont menacés de mort. Plus grave que de menacer quelqu’un par SMS, chers comoriens ? Un homme averti en vaut deux. Si ce dicton   parle bien aux comoriens, alors là ces derniers doivent en valoir mille. La compagnie Yémenia Airways qui n’a même pas respecté la période de deuil suite au crash du 29 juin 2009 dans lequel 152 personnes ont rendu l’âme, malgré la disparition soudaine de ces 152 innocentes, continue sa moisson pécuniaire sur le dos et a la sueur des comoriens. Cette compagnie fortement contestée même avant le crash, en elle seule, absorbe plus de 60% des passagers comoriens en direction de Moroni, depuis la France. Mais aussi elle accumule une tonne  de plaintes de la part de ces passagers; tous transportés par des avions qui ne répondent pas aux normes du transport aérien et pas les moindres : dépourvus de confort, de sécurité, d'hygiène, mauvais traitement  et j'en passe.  

Silence, on vous tue ! 

Certes, ce qui est arrivé ce samedi 3 août 2013, à l’Aéroport Prince Said Ibrahim est  l’illustration parfaite de l’incurie de cette compagnie que j’ose qualifier de génocidaire. L’Avion 310 de Yémenia Airways à bord duquel 292 passagers, en provenance de la Paris a été immobilisé sur la piste de l’aéroport précité à cause d’un atterrissage difficile suite à une fuite de kérosène, qui a creusé  des ornières en plein piste. Fort  heureusement les passagers en sont sortis sains et saufs. On est passé juste à coté d’une deuxième catastrophe aérienne: un second traumatisme national. Cette compagnie, depuis quatorze ans ne cesse de se remplir les poches à la sueur des comoriens, continue de jouer avec la vie de ce peuple orphelin d’autorités. Mais profitant du fait que chaque autorité politique attend sa part du gâteau dans cette compagnie, une fois au pouvoir, « silence, on vous tue » est la réaction la plus fleurie, adoptée. L’exemple le plus frappant fut le cas d’Idi Nadhoime, vice-président en charge des transports du régime Sambi. Le mois d’octobre 2008, dans sa résidence située à la coulée de lave, Idi promettait aux comoriens que si la compagnie Yémenia ne change pas d’attitude vis-à-vis des passagers comoriens, avec le peuple il va manifester contre cette compagnie. Mais hélas ! Au manque du respect aux disparus et aux familles des victimes, le fameux Nadhoim n'a pas empêché la poursuite des activités aériennes de Yémenia Airways sur le sol comorien, ne serait ce qu'une suspension temporaire. Des enveloppes, une part d’action ? On ne sait rien. En tout cas le discours a changé. La véhémence a pris des vacances et le patriotisme est exclu.

Moi, personnellement, faisant partie d’un groupe qui était en échange avec l’aviation civile de Moroni, celle-ci a soutenu que la compagnie Yémenia Airways, doit une somme de 100 millions d’impôt à l’Etat comorien et par mépris elle ne veut pas s’en acquitter. Et de ça personne n’en parle. Cette compagnie figure dans la liste rouge des compagnies interdites de survoler le territoire européen à cause de l’état pitoyable de certains de leurs appareils. Pour contourner l’interdiction, Yemenia Airways utilise les subterfuges que l’aviation civile nous avait dévoilé. Les avions qui partent de Moroni à Sana transportant des voyageurs vers la France, ne sont pas ceux qui assurent la liaison Sana-Paris. Car, ils ne sont pas autorisés de franchir l’espace européen. Ces avions "poubelles" ne répondent pas aux normes des certificats de vol exigés en Europe, mais peuvent convoyer librement des passagers en toute insécurité dans les zones non réglementées. Donc ce mésestime a été constaté par l’aviation-civile comorienne mais sans aucune dénonciation.

Sommes-nous masochistes ou avares inconscients ? 

Du coté de l’autorité politique comorienne, le président de l’Assemblée nationale sous Sambi, Said Dhoifir Bounou, affirmait que c’est bien lui qui avait signé le contrat entre les Comores et la compagnie Yémenia Airways, la période qu’il était ministre de transport du colonel Azali. Mais depuis qu’il n’est plus ministre, il est au courant de rien, pourtant, il avait signé un contrat de huit ans. Renouvelé ou pas, l’évolution des affaires lui échappe. Mais pourquoi les comoriens continuent à se faire toujours du mal ? La plaie causée parle crash du Yémenia Airways saigne toujours, et les comoriens, animés du fatalisme « ndizo mgu ya ndzao » prennent sans cesse les avions de cette compagnie, de la France aux Comores, des Comores à la France et vis-versa. Pourquoi au lieu de s’offre la tranquillité on s’inflige misère et maltraitance ?

On a la critique amère et des mots durs pour nos dirigeants défaillants. Mais un peu d’ autocritique lucide en tant que citoyen et de rigueur. Rien et personne ne nous oblige à prendre cette compagnie de l’humiliation. Ni leur tarif similaire à d’autres compagnies ni les kilos autorisés un peu moins que dans la concurrence ne justifient raisonnablement une telle prise de risque. La diaspora forte en gueule et faible en actions montre ici ses limites dans l’implication et la mobilisation pour la défense des intérêts des citoyennes. Même si il est vrai qu’un voyage demeure avant tout une aventure individuelle. Au moins personne ne pourra affirmer qu’il ignorait ce qu’est Yemenia Airways. 

Ces lignes ne peuvent connaitre une finalité sans évoquer le summum de l’impertinence et du ridicule. La proposition faite conjointement par l’aviation-civile comorienne et Yémenia Airways, d’indemniser chaque voyageur de 20.000 fc, soit 40€. Pourquoi ce mépris et jusque quand les comoriens cesseront de faire du mal aux leurs ?

SAID YASSINE Said Ahmed

COMORESplus  

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