UN LION DE LA SOCIOLOGIE A LYON

Samedi 20 juin a eu lieu, dans la  salle « les Anémones »,  au 238 avenue du Plateau 69009 Lyon-Duchère,   une conférence débat portant sur «  la diaspora et le sous-développement aux Comores » animée par Abdillahi Mistoihi : pédagogue ; journaliste ; communiquant et sociologue de formation. La conférence se voulait instructive parce qu'elle affichait comme ambition une prise de conscience ; une sensibilisation sur les apports et les limites de la diaspora dans le développement de l'union des Comores. Au long de cette conférence, M. A.Mistoihi a tenté de défendre l'idée selon laquelle, le mal du pays vient de la diaspora.  En dehors de ces visés susmentionnées, figurait aussi la volonté de vulgariser une science méconnue auprès des comoriens : la sociologie !

Une rencontre pas comme les autres !

Les Comoriens du Rhône comme ceux des autres régions de l'hexagone, disons le ; ont l'habitude de se réunir autour des festivités qui animent les week-ends : rares sont les rencontres d’échanges  d'idées ; de rappel et de conscientisation sur le devenir de l'archipel des sultans batailleurs  pour reprendre l'expression de l'autre. Donner la parole aux spécialistes ; créer des assises et de rencontres de débats d'idées, de confrontation et d'échange  constituent le point faible des comoriens de France ! Voilà pourquoi cette conférence répondait avec éloquence à un besoin manifeste celui d’instaurer  le pont de communication entre le comorien d'ici et d'ailleurs, car semble t-il de la discussion jaillit la lumière ! C'est ainsi que l'un des participants,  a pris la parole pour remercier le conférencier, pour sa disponibilité et sa volonté de partager ses connaissances, ainsi qu’aux organisateurs !

La conférence proprement dite !

Nul besoin de vous présenter le conférencier ; nul besoin aussi de vous infliger une punition en vous relatant le parcours vertigineux du conférencier par un élément biographique ou bibliographique car Mistoihi est notre Pierre Bourdieu parce que sociologue de formation ; notre Piaget parce qu'il cherche à porter une réponse à la crise de l’École comorienne,  notre  Philippe Alexandre parce que fondateur et journaliste d'un hebdomadaire local. Digne d'un universitaire, le conférencier a  introduit en annonçant son plan binaire. D'une part, un constat à faire partager coûte que coûte et une suggestion basée sur 5 points qui, à ses yeux, constituent le remède miracle  d'une diaspora passive et d'un archipel orphelin.

Parmi les points évoqués et qui noircissent le tableau blanc de la diaspora considérée, par le conférencier, comme l'origine du mal, du chaos et du sous-développement de l’archipel,  figurent l'influence négative que le M'frantsa joue sur le jeune comorien qui se voit entretenu jusqu’auboutisme. L'absence d’investissements de la diaspora ici et ailleurs. La solidarité négative basée sur l'organisation du grand mariage. Le comorien de France est peint, par notre intellectuel revendiqué et assumé de conférencier, comme un Mdrenda anda sacrifiant enfants, éducation et loisirs. Un discours qui dédouane le politique,  sa mauvaise gestion  et  la corruption ? Assertions gratuites ou ces affirmations sont les résultats d’une enquête sociologique avec une méthode de recueil de données bien définie ? Connaissant la rigueur scientifique de notre sociologue de lumière ou lumière de la sociologie comorienne, rien ne laisse présager que ces assertions relèvent du fantasme  ou de la simple volonté de tenir un discours contraire du comorien d'en bas.

Une Assistance conquise ?

Le pacte de la conférence signé entre conférencier et participants se résumait par le titre qui se voulait thématique : sous-développement et diaspora. Or, force est de constater que, la conférence s'est focalisée sur les méfaits du grand mariage qui est qualifié de  Chirk  par notre sociologue chargé de la communication et la promotion au  UCCIA. Interpellé par un participant sur cet écart,  le syllogisme est sorti avec une rhétorique digne d'un sophiste pour prouver que le thème est bien respecté : le grand mariage est source de sous-développement. Or la diaspora est acteur de du grand mariage,  donc diaspora=sous-développement. Un des organisateurs a demandé la définition sociologique de la diaspora; si la diaspora des années 60  a les mêmes  traits pertinents que celle de la 3ème génération. La nécessite  de se lancer dans un exercice consistant à définir chaque concept et donner des chiffre étayant les dires  était le dernier souci du conférencier.

Ce que nous avons aimé !

Nous avons aimé les prises de paroles des participants qui malheureusement sont restés sur leur faim. Nous avons aimé l'intervention d'un jeune qui s'est indigné parce qu'il croyait qu'on parle de sous-développement des Comores or le débat était pris en otage par la culture et les pratiques de la grande île faisant  des îles sœurs les heureuses absentes. Nous avons aussi aimé les remarques portant sur les bienfaits du grand mariage mais malheureusement un débat contradictoire n'était pas au menu du jour. Le temps fort à nos yeux était marqué par le mélange de genre faisant du conférencier le défenseur/promoteur de l'UCCIA. Souhaitant un bon vent à notre sociologue engagé  et une réussite à sa conférence de Marseille ; nous espérons que la thèse défendue consistant à diaboliser, indexer et vilipender la diaspora, cet axe du mal, sera bien détaillée, argumentée, chiffres à l’appui « the data » pour mieux convaincre et persuader les plus sceptiques.

M.Abdel Jawad

COMORESplus

 

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