QUE VEUT LE MAIRE DE MORONI ?
03 août 2015Il est 19h 30. Je remonte la petite pente qui mène vers le carrefour de l'agence Yemenia airways. Une grosse voiture 4X4 se gare à mes pieds. Quand j'avance, une jeune femme à la couleur "tomate mure", plutôt belle mais dont le visage est un peu ravagé par les difficultés quotidiennes m’interpelle :" Bo mwanam’me wa hangu nisaidie pvanu" aidez-moi s'il vous plait. En l'aidant à soulever ses bagages, la voiture s'en va. Et la jeune femme jette un" ebahi utsinipvahize "- tant pis si tu ne veux pas m'amener dans ta voiture". C'est ainsi que j'ai compris que la jeune fille faisait de auto-stop pour aller à quelques pas de là, au niveau de l'immeuble Matelec. Elle m'expliquait qu'elle était vendeuse et qu'elle tenait sa "table" à coté de l'agence de yemenia airways et que ces sacs contenaient en tout et pour toutes ses marchandises. J'ai décidé de l'aider en lui payant un taxi. Et le temps d'attendre le taxi, elle me raconte que le maire de Moroni étais déjà venu les voir pour leur expliquer qu'il sera défendu de vendre de marchandises à la rue. L'arrivée du taxi a interrompu la conversation et je n'ai rien appris davantage sur cette décision du maire de la capitale, Mohamed Daoud alias Kiki ?
J'ai chargé les sacs et j'ai réglé les frais de taxi. En remontant la route vers la coulée, je me mis à repenser à la dame qui a passé toute la journée à travailler et qui fut dans l'impossibilité de se payer un taxi de 250 fc, l’équivalent de 50 centimes d'euros. J'ai pensé aux gens qui tenaient leurs brouettes au marché d'en bas- shindoni sha mbwanii-qu'on avait chassé de leurs emplacements habituels pendant le mois de ramadan, le mois où les affaires marchent bien et où tout le monde s'improvise vendeur dans l’espoir de se faire un peu d'argent afin de pouvoir se nourrir à la fin de la journée, au moment de la rupture du jeune. J'en suis venu à conclure que ce jeune maire met la charrue avant le bœuf en faisant trop de pression aux gens d'en bas avant l'heure. Il devrait penser à la propreté de la capitale en s'attaquant à la problématique des ordures et les difficultés de circulation liées à la saturation des routes de la capitale, à son éclairage... et j'en passe. Il devrait demander l'adoption de la loi sur le statut de la capitale, l'adoption de la grande loi sur les dotations des collectivités territoriales, inviter le conseil municipal à instaurer une taxe d’enlèvement des ordures, mobiliser des fonds en veillant au versement des centimes additionnelles de la patente au profit des communes, à l'instauration de l’impôt sur la propriété foncière. S'attaquer aux vendeurs ambulants est loin d’être la solution.
Que Monsieur le maire n'oublie que la pression faite aux vendeurs ambulants en Tunisie a fait germer la révolution du jasmin qui a embrasé les pays arabes.
C'est ce qu'il vous fera de la capitale et dans la capitale qui chassera les vendeurs ambulants mais pas ce qu'il dira. On ne gouverne pas une ville par la PRESSION.
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