AU CONCERT DES APOCRYPHES
26 oct. 2015Nous sommes à moins de six mois des élections présidentielles de 2016. Dans moins d’un mois, sauf surprise, la campagne devrait être officiellement ouverte. A quelques jours donc de ces grandes échéances, un état de lieu s’impose. Quel diagnostic peut-on faire de la politique comorienne actuelle? Quel est le climat politique général actuel à la veille des grands événements qui approchent ?
Moi aussi
Rarement, les autorités politiques comoriennes n’ont été à la hauteur des exigences du peuple pour lequel elles sont censées agir. De tout temps, le politique comorien a toujours œuvré pour son bien propre et non pour celui de toute la communauté nationale. Cette situation de «chacun pour soi» atteint son paroxysme ces derniers jours avec l’imminence des élections de mars 2016.
En effet, on assiste ces temps-ci à une floraison des partis politiques comoriens. Il est devenu même très difficile de savoir quel parti préconise quel programme, tellement ils sont nombreux et tellement ils disent à la fois la même chose sans rien dire. On ne dénombre pas moins d’une dizaine de partis politiques qui envisagent d’envoyer un candidat à la course à la présidence. C’est l’effet «moi aussi» qui domine. Parce que les autres sont candidats, chacun veut aussi s’y lancer par mimétisme au mépris de toute stratégie ou programme politique. Hallucinant! Nous avons appris récemment la formation d’un parti à sensibilité écologiste et qui s’appellerait «Gnantsou.» Entendez, fourmi. Heureusement, nous n’avons aucune nouvelle de ce parti. Peut-être s’est-il estompé avant l’heure? Ou peut-être cela était une farce? Espérons-le.
Dans une autre galaxie, la multiplicité serait une richesse. Seulement, la multiplicité à la
comorienne mélange tellement de résidus que le citoyen ordinaire ignore tout de la situation politique qui règne. Il se perd presque autant que le politique lui-même qui, à vrai dire, ne maîtrise rien hormis peut-être les belles paroles et les mensonges à répétition.
L’effet le plus pervers de cette situation est que celle-ci rend logiquement le peuple comorien méfiant. Il sait que le politique comorien est habituellement peu soucieux. Aujourd’hui, avec ce concert de partis politiques, le citoyen se demande deux choses. Pourquoi autant de formations politiques? Et si chacun de ces 1000 leaders politiques luttait pour aller lui aussi remplir ses poches ? Il est temps de mettre un peu d’ordre dans toute cette mascarade et assainir la classe politique comorienne. On n’est pas encore en décembre. D’ici là, d’autres individus peuvent eux aussi former des groupuscules à finalité politique. Cela finira par outré sérieusement les Comoriens. Ils ont moins besoins de partis que de propositions pouvant améliorer leurs quotidiens.
Soit programme bateau, soit rien...
A cette période de l’année, peu sont les partis qui ont présenté officiellement leur programme politique aux citoyens comoriens. Si les choses ne s’accélèrent pas à la vitesse de la lumière, on se retrouvera en décembre avec une campagne pauvresse qui n’honorera personne. On se retrouvera alors à élire nos autorités sur la base des affinités personnelles et familiales qui nous lient à elles. En quelque sorte, on fera un bond de géant en arrière à un moment où tous les pays du monde entier pensent sérieusement élan et essor. Les quelques programmes qui sont déjà disponibles sont pour la plupart, pour ne pas dire pour la totalité, généraux. Ils couvrent sans approfondir les problèmes d’ensemble qui frappent le Comores. Problème d’eau, d’électricité, de routes, de justice, de santé, etc. Soyons sérieux. Même le plus sot d’entre nous saurait écrire qu’il y a un problème d’eau aux Comores. Ce que nous voulons, ce n’est pas seulement les constats et les faits; nous voulons surtout des pistes et des propositions pouvant nous mener à un lendemain meilleur.
A vos programmes!
Un chef de parti disait l’autre fois: «ça sert à quoi un programme chiffré?» J’avais envie de lui dire, ça sert à vous empêcher de mentir. Ça sert à avoir notre confiance. Car c’est bien de cela que nous avons besoin pour choisir nos responsables. Chiffrez vos programmes et précisez-les. Nous voulons les détails sur la façon dont vous espérez gouverner notre pays. Aujourd’hui, le vote comorien devient de plus en plus de conviction. Plusieurs personnes voteront pour celui des candidats qui sera à même de proposer un programme chiffré, précis, cohérent et raisonnable.
Alors, chers candidats! A vos programmes. A vos plumes. Décembre n’est pas loin. Et le
peuple comorien peut très bien vous débouter exactement comme vous avez tendance à l’ignorer lorsque vous arrivez au pouvoir. Le monde a changé. Le Comorien d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. Prenez vos gardes !
Omar Mirali
COMORESplus