COMORESplus S'EST ENTRETENU AVEC Mr DINI NASSUR, SECRETAIR NATIONAL DU PARTI SDC

COMORESplus : Mr Dini Nassur, quarante ans de carrière politique, vous venez de créer votre parti politique SDC. Un parti de plus dans une offre pléthorique. Pourquoi un nouveau parti, il n’y en a-t-il pas assez ?

Dini Nassur : Je dois être clair pour dire que je n’ai pas crée ce parti, j’y ai adhéré. L’initiative revient à certains cadres de la diaspora comorienne de France motivés par une volonté farouche de donner une noble âme au combat politique. Le SDC/Naribarikishe ye Komori n’est pas un nouveau parti, c’est un autre parti. Il manquait terriblement, dans le paysage politique de Komori, un parti organisé autour d’un idéal, pour un projet et pour autre chose plus sérieuse que la chasse insatiable du pouvoir pour le pouvoir. Vous le savez très bien, que ce que vous appelez offre pléthorique des partis n’est qu’un agrégat de groupements derrière un homme qu’on voudrait providentiel, un messie sans convictions  bref, un gourou dont la seule vertu est la recherche d’un job par la manipulation, la démagogie et l’art de tromper ceux et celles qui lui font confiance. Notre jeune formation politique est venue à point, nommé pour réinventer l’amour du combat pour la patrie et autrement.

CP : Pourquoi Social démocrate et qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’aventure ?

D.N : l’appellation « le social-démocrate comorien » signifie que nous nous situons clairement dans une gauche comorienne avec des valeurs sûres de liberté, de développement économique dans une dynamique incontournable de justice sociale. En shikomori notre formation s’appelle « Naribarikishe ye Komori ». Ce n’est donc pas une aventure, c’est une nouvelle dynamique qui s’inscrit dans le temps pour la construction et la mise en œuvre d’un projet de société à même d’installer durablement notre cher pays dans le progrès.

CP : Quel regard avez-vous, de l’orientation politique actuelle, vous qui depuis 1975 êtes sur la scène politique comorienne ?

D.N : la situation politique du pays est d’un chambardement déroutant. L’absence cruelle d’esprit et d’acte d’engagement pour le développement du pays, pour l’unité nationale et pour  l’intégrité territoriale, est indicateur objectif de faillite politique. Le pays est sous perfusion permanente, le peuple est dans une ’indigence criante et la nation dans une menace de disparition totale. Si ce n’était pas ainsi, notre parti n’aurait aucune raison de se créer. Maintenant, il ne s’agit pas d’avoir un regard mais, de s’inscrire dans une démarche de sursaut patriotique voire révolutionnaire dans le sens d’oser le changement et d’assurer sa pérennisation. Le SDC/Naribarikishe ye Komori se positionne clairement dans le combat de redonner aux citoyens les moyens politiques de reconstruire le pays et d’instaurer la justice dans le progrès. L’objectif est de faire aimer le pays parce que le pays fait mieux vivre les citoyens.

CP : Soilihiste de premier rang, comptez-vous convertir le SDC en parti soilihiste ou cette doctrine est-elle définitivement révolue ?

D.N : La démarche de déstructuration/restructuration initiée par Ali Soilih n’est peut être le manyahuli d’un parti, engagé soit-il. C’est une stratégie de développement de référence qui a marqué l’Histoire du pays avec ses acquis et ses erreurs. Toute formation politique a la latitude de s’approprier les acquis de la révolution et de corriger les erreurs comme cela se fait dans d’autres pays et notamment la France qui a admirablement réussi à s’inspirer de sa révolution pour pérenniser sa nation. Le SDC/Naribarikishe ye Komori entend puiser les ressources de l’Histoire pour contribuer à bâtir l’avenir. Ce n’est donc pas seulement Ali Soilihi à qui nous allons nous référer, nous saurons retenir les acquis de tous les acteurs politiques, sociaux, culturels, scientifiques et de toute autre partie prenante de notre patrimoine national.  

CP : Le SDC est-il dérivé du parti UNDA que vous-même et plusieurs membres de SDC ont initié à Lyon en Avril 2012 ?

 

D.N : Le processus de mise en place de la dynamique SDC/Naribarikishe ye Komori a suivi plusieurs étapes réalisées par des acteurs qui ne demandaient qu’à initier une démarche responsable, fédérative et cohérente au tour d’un projet mobilisateur. L’axe Marseille-Lyon-Paris a connu d’intenses activités qui ont abouti à la création de notre parti.

CP : Lors de la naissance du parti UNDA, des nombreuses têtes, en tout cas des cadres, comme les sieurs Abderemane Said Mohamed (Wadjih), Mahmoud Ibrahim, Abdoulwahab Msa, Ali Abdou Mdahoma, Nakidine Matoir, Abdourahim Bacar, Chamsoudine Ibrahim, Mohamed Abdou(Burundais) et tant d’autres ont porté leurs pierres  à l’édifice, et ils se sont retirés quelques temps après. Comment expliquez-vous cette désertion ?

D.N : On peut aussi ajouter à cette brillante liste nos frères Said Ahmed Said Yassine et Mohamed Bajrafil qui se sont beaucoup employés dans ce processus. Nous avons largement bénéficié des compétences de tous ces cadres pour bâtir l’avenir. Ils ont donné ce qu’ils pouvaient au moment où nous avions besoin des talents, de savoir-faire et de force de conviction pour déclencher la bataille. Les raisons de leurs vacances sont parfaitement compréhensibles et nous sommes conscients de leurs apports dans l’édification du mouvement. Ils savent tous que nous avons toujours besoin d’eux et ils seront agréablement surpris de constater que le flambeau qu’ils ont allumé est fermement repris par des forces nouvelles aussi compétentes et engagées. Le parti est maintenant une réalité, l’idéal est maintenant réalisable et le projet est maintenait fiable.

CP : Il y a quelques temps, une fusion entre votre formation politique et le parti ULEZI a été discutée. C’en est où ? Et pourquoi ?

D.N : Le SDC/Naribarikishe est issu de la fusion UNDA/ULEZI le 10 janvier 2015 à Marseille. Mais, nous avons vite constaté que nous n’étions pas dans la même démarche et cette fusion était une erreur. ULEZI voulait un mouvement d’appui pour les élections de 2016 alors qu’UNDA s’inscrit dans une approche de construction dans le temps et que la prédation du pouvoir n’est pas notre priorité. En fait, pour nous, le pouvoir ne peut-être un objectif mais, un moyen de réaliser un projet. Le fait que nous n’avons pas encore élaboré le projet, chercher le pouvoir nous mettrait en porte à faux avec notre stratégie. Notre véritable combat politique sera mené à partir du moment où nous aurons un projet de société par lequel nous serons à même de servir le pays.

CP : Quelle est la méthode du SDC pour bâtir les COMORES ?

D.N : Nous travaillons d’abord, pour créer les conditions requises afin mobiliser les acteurs de la vie politique, économique et sociale autour d’une stratégie de développement. Nous allons ensuite, contribuer à la prise de conscience sur les enjeux objectifs d’un environnement opportun à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale, à l’Etat de droit, préalables fondamentaux pour réussir le développement socio-économique. Nous choisissons enfin, de nous investir dans le développement local par des actions pilotes de nature à responsabiliser les acteurs locaux, à nous mettre en rapport avec les réalités, une approche pragmatique pour élaborer nos programmes de développement et de gouvernement. Nous nous battons donc pour une décentralisation réelle en vue d’impliquer la population dans les choix politiques et économiques du pays. C’est pour cette raisons que notre parti soutient, sans ambages, les communes pour qu’elles jouent les rôles de gouvernance locale et développement de proximité.

CP : Vous avez été  ministre sous Djohar et commissaire sous Elback, un bilan de vos passages au pouvoir ?

D.N : j’ai tiré la conclusion qu’être membre d’un gouvernement sans avoir participé au combat pour le projet du dit gouvernement, on devient irréversiblement un insatisfait de son action. L’absence d’un programme de gouvernement rend très difficile la visibilité d’un ministre. Sincèrement, mon bilan en tant que ministre se lit dans l’écriture qu’a laissé le gouvernement dont je faisais partie et là je ne crois pas pouvoir me venter d’avoir été accompli. C’est ainsi que je m’inscris dans la dynamique SDC/Naribarikishe ye Komori pour faire en sorte qu’accéder à des responsabilités suggère être co-porteur d’un projet.

CP : Des rumeurs courent : tantôt vous êtes avec Kemal, tantôt avec Azali pour 2016, le soutien c’est avec ou sans SDC ?

D.N : Je n’ai jamais eu d’échanges politiques avec Azali. J’ignore complètement son projet et je n’ai jamais été dans ses rangs. Pour Kemal, c’est un leader politique d’une crédibilité incontestable avec des principes et une histoire de combat, depuis des décennies. Il m’a demandé d’être son vice-président pour les prochaines élections et j’en ai fait part à mon parti. La décision appartient maintenant au parti .

CP : Les médias communautaires, Sites web, blogs, pages facebook, pullulent partout. Pensez-vous que ces derniers, répondent aux besoins des comoriens dans le domaine de l’information dans ce troisième millénaire ?

D.N : les nouvelles technologies de l’information et les possibilités de communication qu’elles portent sont des atouts incontournables pour certains milieux ayant accès aux moyens de diffusion disponible. Je crois que les réseaux sociaux sont prisés par la majorité de la jeunesse, des cadres et des opérateurs pluridisciplinaires. Se passer de l’usage de ces supports, c’est se priver d’opportunité de communication facilement accessible avec ses atouts et ses contraintes. Notre parti se sert des réseaux sociaux pour les échanges entre militants et pour la diffusion de nos activités. Faut-il souligner que ces canaux de communication ne peuvent pas, dans notre pays, remplacer les rapports avec la lecture, l’écoute, les images et les réseaux de proximité. Les médias communautaires sont indispensables pour communiquer avec les acteurs de base qui n’ont pas accès aux réseaux sociaux ou qui ne veulent s’en servir

CP : Un dernier mot.

D.N : Le parti SDC/Naribarikishe ye Komori est celui de la confiance retrouvée. Toutes celles et tous ceux qui voudraient écrire l’histoire dans des belles pages d’un vrai combat politique, le combat qui prend racines dans l’art du changement, ce parti est le leur. Nous sommes agréablement surpris de nous rendre compte que pendant moins d’une année de lutte, nous sommes beaucoup plus nombreux que prévu à nous retrouver dans cette dynamique. C’est d’autant plus exaltant que chaque militant(e) apporte son expérience, son savoir-faire et sa volonté d’agir, ce qui renforce notre conviction d’être une génération qui invente l’avenir. Naribarikishe ye Komori.

CP : Dini Nassur Merci.

D.N : Merci

Propos recueillis par SAID YASSINE Said Ahmed

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