Des Interrogations sur la question des Politiques !

La première est d’ordre technique.

Ce débat doit être le plus équitable possible. Le temps imparti à chacun des candidats, respecté. Le même pour tous. Supposons, au pif, qu’il y ait besoin de 45 mn, voire d’une heure, pour aborder les grandes questions, ô combien nombreuses, qui occupent les Comoriens. Ajoutons à cela les interventions des modérateurs. Tout calcul fait, il nous faudrait plus d’une journée sans interruption pour mener ce débat à bien.

Efficace ? Une autre option serait d’organiser ce débat en plusieurs séances, abordant les différentes thématiques. Est-elle possible pour des gens qui sont déjà en campagne et qui doivent sillonner un archipel très mal desservi en matière de transports maritime, aérien, voire terrestre ? Les animateurs et modérateurs doivent par ailleurs faire preuve d’impartialité et de neutralité. Le pays dispose-t-il de ces personnes-là ? En tout cas, cela relève d’une éthique très peu prisée chez nombre de nos journalistes.

Ma deuxième question concerne la forme de ce débat.

De quoi ces candidats vont-ils débattre ? De leurs programmes ? De leur bilan ? De leurs partis ? De leurs colistiers ? De leurs alliances ? Certains de ces prétendants sont peu connus des Comoriens et ne connaissent les Comores que trop peu. Tenant compte de leurs habitudes caméléonesques, je n’ose imaginer la cacophonie que va générer ce débat. Tout le monde ayant un jour travaillé avec tout le monde, tout le monde ayant, un temps, soutenu tout le monde. En vérité, ces prétendants sont comptables des faits de chacun d’entre eux dans cet espace…

Ma troisième question sera sur le contenu.

On débat sur des choses bien établies, précises, avérées. J’entends par là, des documents et des rapports officiels, et non du hari hari ou de simples suppositions. Nous ne sommes pas sans savoir que chez nous peu de gens publient et que personne ne lit. Très peu de gens, du moins. D’où cette question. Allons-nous reprendre ce que nous lisons sur les blog poubelles, où l’on ne trouve que haines, méchanceté, calomnies et tartufferie, ou plutôt fonder ce débat rendu nécessaire sur la base de rapports gouvernementaux jamais publiés par la presse locale, encore moins au journal officiel ?

Enfin, un tel débat est fait pour conscientiser, persuader et surtout éclairer le choix des électeurs. Mais tout le monde sait que chez nous, on choisit son candidat par intérêt, et non sur la base d’une idée ou d’un bilan. C’est une tendance établie, consacrée. Ne devrions-nous pas réaliser un travail de conscientisation auprès de la population, afin de changer les choses, avant de lancer ce qui doit être un projet novateur et qui marquerait de façon indélébile les prochaines échéances ? Ne mettons-nous pas les charrues avant les bœufs, à force de vouloir singer ce qui se fait ailleurs ?

Souef Ouessou

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