L’HISTOIRE SE REPETE

Des mois ont passé depuis ma dernière tribune. Je m'étais retranché dans mes sidérations et observais outré, le jeu puéril joué par nos autorités. Aujourd'hui, toutes les lignes rouges ont été franchies. L'artiste ne peut faire taire ses instruments, tout le monde doit agir. Je ne cesse de penser au tour préliminaire des présidentielles comoriennes, lequel aura marqué les esprits de plus d'un par le fameux 104%. Comment, un pays tout entier peut être à ce point ridiculisé? C'est indigne de ceux qui ont osé publié cette honte sur la toile où, Comoriens et non Comoriens y traînent. Nous avons vu ce qui s'est passé au lendemain de cette mascarade de résultats. Un soulèvement populaire s'est formé et à Moroni, on craignait une véritable prise de conscience collective qui aurait conduit à des changements profonds et radicaux. Les autorités au pouvoir se voyaient déjà éjectées et certains jeunes à l'imagination non prophétique se pensaient proche d'un scénario à la tunisienne. Mais c'était oublier que nous étions aux Comores, au pays des fumées sans feu.

Des fumées sans feu

La pensée collective dépeint la jeunesse comorienne d'aujourd'hui comme une jeunesse avertie. Il est vrai que depuis un moment, elle se permet, chose nouvelle, de secouer les pouvoirs en place en manifestant de temps en temps son mécontentement et son dégoût s'agissant de la façon dont notre pays est gouverné. Nous avons vu se former le mouvement Madji na Mwendjé. Un mouvement très populaire qui avait réussi à rassembler jeunes et moins jeunes. Dans d'autres pays, la force qu'avait ce mouvement aurait pu changer quelque chose. Du moins, elle aurait pu faire en sorte que les revendications du peuple soit entendues ou simplement mises en considération. Aux Comores, le mouvement, pourtant très impactant à ses débuts, s'est morcelé et a été tué dans l’œuf. Personne n'a rien vu venir et ne sait les raisons de ce silence brusque. Un autre mouvement, différent du premier par le fond et la forme, s'est formé au lendemain du tour préliminaire des élections présidentielles.

Les résultats de ces élections furent contestées quasiment de tous les candidats. Mais d'abord, chacun des 4 candidats arrivés en tête, se disait victorieux jusqu'à ce que les résultats à 104% soient proclamés et validés par les grandes instances compétentes dont je préfère taire les noms qui ne m'inspirent que répugnance et dégoût. Le mouvement Narawazé, réclamait donc la recompte des votes. Des manifestants campaient à Moroni et là aussi, le mouvement a été tué dans l’œuf. Des jeux d'alliance entre candidats ont tout chamboulé et les autorités malfaitrices n'ont en aucun cas été inquiétée. Elles s'en sont sorties indemnes comme toujours. Si à chaque fois nous nous soulevons sans jamais aller au bout de nos revendications, nous finirons par ne plus avoir la moindre crédibilité. Et les gens au pouvoir, habitués à ces fumées sans feu, ne craignent rien de notre part sachant clairement, au vu du passé, que nous finirons par nous taire avec ou sans gain de cause.

L'histoire se répète

Le mouvement Madji na Mwendjé s'est estompé du jour au lendemain. Personne ne sait ni comment ni pourquoi. Narawaze de même. On a vu, en mars dernier, au moins deux candidats crier victoire après les préliminaires qui ont eu lieu à Ngazidja. Aujourd'hui, l'histoire se répète sous nos Yeux. Mamadou s'est exprimé au soir du 10 avril et s'est dit victorieux. Les partisans d'Azali ont fait de même. Un climat de déjà vu. N'avons nous donc pas tiré les leçons du passé? Cette situation de forfaits qui se répètent doit nous alerter. Y-a-t-il quelqu'un quelque part qui contrôle encore quelque chose? Ou sommes nous condamnés à observer et attendre que tout explose? N'attendons pas le salut de ceux qui nous ont pressés dans ce gouffre. Dans quelques jours, les résultats définitifs des présidentielles comoriennes seront officiellement proclamés. Sera-t-on alors à 200% ? Nous avons aussi notre part de responsabilité dans cette situation de honte et de misère ?

Le futur président des Comores ne sera pas un parfait inconnu. Nous avons mis de côté toute possibilité d'alternative et avons opté pour la continuité. Au fond, nous n'avons aucun problème avec le passé de notre pays. Autrement, pourquoi aurions-nous choisi la source de notre mal? Notre pays sombre et personne ne réagit. Nul ne pourra se dire ignorant de ce qui se passe. Les mêmes erreurs se commettent et nous en semblons impassibles. Mettons un terme à cette mascarade et, comme on n'y peut rien aujourd'hui, préparons nous à une véritable et durable révolution au sens que l'entend notre Cheikh Mc national, dans 5 ans pour que plus jamais, personne ne méprise le peuple comorien.

Omar MIRALI

COMORESplus

 

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