LA FIN DE L’INGRATITUDE POSTHUME
16 mai 2016Accéder à l'indépendance, l'histoire nous relate que notre peuple n'a jamais ou presque reconnu la "politique" ou les "bienfaisances" de leurs monarques, de leurs vivants 'est une fois, ces dits dirigeants nous quittèrent sur cette terre que nous entendions parler, gloser du bienfaisance du roi maudit.
Pourtant, nous avions connu divers monarques: Père de l'indépendance, Père de la révolution, Père de la démocratie, Père du Paradis (Rehemani), et enfin le Père de la Tournante. Ce temps d'ingratitude semble terminé, le putschiste reconverti démocrate a mis fin l'indignité de peuple envers leurs Dirigeants.
Le retour du père de la Tournante
La réélection du Colonel Azali après dix ans de vacance a mis fin à notre ingratitude et peut soulever deux interrogations:
- Soit, notre peuple était indigne aux efforts politiques de nos dirigeants,
Illustrons-nous du père de la Révolution, jugé de son époque régnant la terreur, acculturant et iconoclaste de nos valeurs..., aujourd'hui, devenu un Prophète du bien-être qu’on on veut le ressusciter en vénérant sa tombe.
Du temps de règne du Père de l'indépendance, apostrophé autocratique et Dictateur alors qu'il fut un temps voire aujourd'hui, déifier un homme d'Etat qui pensait à la nouvelle génération. J'en passe à la liste de ses Pères de la Nation haïs de leurs règnes et immortalisés à des hommes illustres en quittant ce bas monde. Je conçois que si nous ne sommes pas des ingrats, notre optimisme est dans la souffrance.
- Soit, nous trouvions le plaisir du bien-être existentiel dans la douleur.
Charlie Chaplin disait " l'homo sapience est masochistes: Il savoure sa douleur sous de nombreuses formes".
Sur ce postulat, peut-on estimer que la vertu de notre peuple est d'avoir des féroces dirigeants. Des dirigeants que nous aurions le plaisir de critiquer de mal gouvernance, de pillages, des prédateurs de deniers à leurs propres comptes, et ses ayant-droits. Il me semble que nous sommes admis et avons conquis de ce type de gouvernance, pourvu que nous fassions le choix de notre sadique exécuteur.
Le choix accidentel du plaisir dans la souffrance.
L'histoire nous apprend que la démocratie peut faire élire un bourreau du peuple ou de l'humanité. En glosant, un certain Hitler a été élu démocratiquement, et l'histoire nous a appris ce qu'il a laissé comme empreinte sur cette terre.
Et pourtant, nous avons aujourd'hui des Partis néo-nazis et des adeptes de la pensée de Mein Kampf et son auteur, son œuvre est devenue la bible des Hindous de ce XXI siècle, possible, s'il était encore vivant, il aurait dû être élu par les rescapés et ses adeptes. Chez nous, nous avons ovationné notre putschiste-démocrate, pourtant, nous lui avons hué, nous lui avons critiqué et attribué de tous les maux, et nous venons de l'élire. N'est-ce pas une confirmation que nous trouvions du plaisir dans la souffrance et la douleur ?
Le libre choix du bien-être dans la douleur.
Le choix du peuple, éclairé, dépourvu de tout ambiguïté est un choix libre qui doit être respecté. C'est la démocratie. En revanche, ce choix démocratique démontre les failles du système. Le peuple peut être indu à l'erreur de choisir celui qu'il a causé des maux. Il suffit d'avoir une bonne usine de propagande ou de financement pour relooker un perfide à un bigot. N'est-ce plus, la démonstration de la réélection de l'homme qu'on a hué pour avoir mal gouverné et balkanisé le pays ? Peut-on vraiment parler d’induction à l'erreur, ou le plaisir du peuple dans la souffrance ?
L'éloge de l'intelligentsia à notre démocratie.
Avec Vingt-cinq candidats aux primaires dont on peut trouver des hommes qui n'avaient pas gouverné ou être accusés de pillages, les élites n'ont pas pu faire un choix, c'est juste dans le triangulaire que nous avions fait le choix de celui qui est apte à gouverner le pays. C'est le fameux choix d'alternance du moins pire et pire.
Quelle hypocrisie !
Un mal, c'est un mal, nous avions le choix de le contourner, nous devions nous abstenir quand ils se sont imposés. Loin de là, on a joué l'hypocrisie. Dans les Vingt-cinq candidats, on n’arrivait pas à trouver le moins pire pour faire campagne, c'est juste dans les trois candidats que nos neurones ont bien fonctionné pour faire le choix. Je me demande si vraiment existe-t-il des opportunistes dans ce pays. Est-ce vrai la démocratie peut être une "arme pacifique" offerte au peuple, à sanctionner les Politiques et renouveler les Démagogues des rêves ? Si oui :
Les élites bien éveillés, bien avertis, du pire et moins pire des ses hommes politiques, n'ont-ils pas pu encourager le peuple à bouder aux urnes pour montrer leurs mécontentements, en laissant les partisans et sympathisants de choisir notre liquidateur sans convier le peuple à creuser leur fosse commune ? Ou comme disent certains, il nous faut une Président, comme si, sur les vingt-cinq, nous voudrions élire un maire. A quoi bon d'exercer le droit de vote, si les dirigeants n'accomplissent pas leurs devoirs ?
Ironie du sort, cet intelligentsia-là nous tangue ses objectivités, se plaint des critiques à ses égards, en se pérennant de saint, et de pape de la démocratie et de l'opinion. On dirait qu'il a gommé ses écrits contre l'homme dont il a fait le choix aujourd'hui, on dirait qu'il nous a hypnotisés et nous a rendus amnésiques de ses parcours lointains et récents. Celui qui ne sait pas comment on change un smoking en boubou mourra mécréant.
Mohamed Hadji
COMORESplus