MAYOTTE, QUE L’ON SE RAPPELLE

Encore une fois, je suis tombé sur l'une des déclarations brillantes du professeur André Oraison sur la question épineuse de Mayotte. Du fond jusqu'à la forme, l'analyse du professeur en Droit à l'Université de La Réunion semble dégager toute la problématique du contentieux. Toutefois, je suis d'accord et me rallie à lui mais uniquement sur une partie de son analyse. Quand Mr Oraison avance l'idée selon laquelle: " Manifestement et jusqu'au scrutin de libre détermination du 22 décembre 1974, la France n'avait jamais envisagé une évolution distincte pour la Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte." Cela me permet de faire un rappel des faits marquants qui démontrent tout le contraire.

L’émergence des Mouvements et Partis indépendantistes dans l'Archipel au début des années 60, leur impacte tant au niveau National qu'au niveau régionale et l'appropriation du dossier comorien par le Comité de décolonisation commençait à faire grincer des dents. Pour les faits concrets, lors d'une visite officielle dans l'Archipel des Comores, Mr MESSEMER alors Ministre de l'Outre-Mer a déclaré ceci dans son discours à Dzaoudzi le 1 janvier 1972:" Mayotte française depuis 131 ans, peut le rester encore pendant autant d'années si elle le souhaite." On comprend alors que sa position n'allait pas changer à la veille des accords du 15 juin 1973, dès lors qu'à cette époque il occupait le poste prestigieux de Chef du Gouvernement.

D'autant plus que Paris pour "tempérer les esprits", décide antérieurement d'adopter le 3 janvier 1968 la loi n° 68-4 modifiant et complétant la loi n°64-1412 du 22 décembre 1961 relative à l'organisation des Comores. Dans son article 13, le législateur donne chaque île, une personnalité morale, fait de chacune d'elle une circonscription qui dispose de son propre patrimoine et ses propres ressources. Pour quelle finalité ?

Pour finir, je réfute la thèse selon laquelle les exactions xénophobes commises impunément à Mayotte depuis le début de l'année sont orchestrées par des groupes d'individus incontrôlés. C'est l'argument que certaines personnes avaient avancé en 2008 quand le même scénario se produisait dans l'île et que des fonctionnaires de la du municipal brûlaient eux même les maisons. Je pense que mon collègue Farid Youssouf n'avait tort de dire que les événements à Mayotte avaient un rapport avec le scrutin présidentiel aux Comores.

Moumadjad Ben Soudjay 

 

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