SOMMES-NOUS LES MIGRANTS DE L'OCÉAN INDIEN
27 juin 2016Si la migration est le mouvement d'un individu ou groupe de personnes, de pays à pays, ou dans le même pays, notre migration semble datée et elle n'est plus la conséquence de la mauvaise gouvernance de l'avènement de l’État. En faisant un tour d'horizon de la migration du peuple comorien, ou une partie du peuple, la Grande-Comores en illustration, nous devions nous interroger si nous ne sommes pas les bohémiens des Îles de l'Océan Indien.
Notre migration n'est-elle plus plutôt héréditaire ?
L'histoire nous retrace une première génération de migration vers l'Afrique de l'Est, en suite, une deuxième génération vers la Grande Île, Madagascar et en fin une troisième génération de migration vers l'Occident et le reste du monde. La recherche des causes et effets de cette migration me semble nécessaires afin d'éviter les raccourcis qui stigmatisent la responsabilité de nos divers Gouvernants et Administrateurs, sans bien sûr déresponsabiliser leurs parts de responsabilité. Il me semble qu'on peut trouver tous les attributs de migration depuis la première génération jusqu'aujourd'hui: une migration du "savoir", économique, commerciale, de travail, des réfugiés, et j’en passe.
En revanche, je conçois qu'il a eu une prédominance de migration économique ou une fin ou transformation de celle-ci, sur les autres catégories qu’on peut surnommer la "migration provisoire" : migration estudiantine ou des réfugiés. Même Feu Ali Soilih a inventé une cause de migration comorienne: les réfugiés culturels. Je fais allusion de son discours: " Namredjei ba Andaa halawa"
De l'Ouest des Îles, qu’on s'y identifie originaire, en référence de notre cultures et civilisations, à l'Est des Îles, la Grande-Ile dont la migration semble encouragée par le rattachement administratif du colon, de nos îles. A Madagascar, notre Communauté semblait bel et bien intégrée socialement, politiquement et économiquement: achat des terrains, construction, instructions, des cadres dans l'administration... Malheureusement, notre Communauté a connu aussi des massacres sur ses deux rives d'accueil de migration: massacre de Zanzibar et massacre de Majunga.
« Aujourd'hui, notre migration est axée vers l'Occident et sur notre Île occupée de Mayotte. »
Nous sommes en face de deux labyrinthes, le "suicide kalachnikovement assisté" de Marseille et notre cimetière marine, aujourd'hui intensifié à l'expulsion entre comoriens, chez eux. En deçà, nous avons la mauvaise gouvernance dont migration est devenue le raccourcissement de la Responsabilité des l’État ou des Gouvernants. Si à Marseille, nous nous dédouanons juridiquement, en parlant de responsabilité parentale, nous ne pouvons en aucun moment nous disculper de la "responsabilité d'origine" soit-elle médiatique ou politique. Claude Guéant ancien ministre de l’intérieur français, a pointé du doigt la Communauté comorienne et non la responsabilité des parents.
Sur notre cimetière marin, et actuellement, le bannissement fratricide, il me semble que la responsabilité est exclusive à l’État. Si nous n'avons pas les dispositifs de rapport de force contre la France, l’État ne peut plus se déresponsabiliser de son obligation de protéger sa population de cette traversée périlleuse, et la non assistance de l'exclusion que connaît actuellement notre peuple sans aucune interpellation diplomatique. Il ne peut plus également se débarrasser de son obligation politique de Santé publique, adéquate, et accessible à tous les citoyens, une des causes de ce déplacement suicidaire inter-îles.
« La responsabilité des autorités »
N'est-ce plus l’État, les Gouvernants, les principaux acteurs qui devaient déterminer et appliquer une politique d'attraction mettant fin ou décourageant la migration et le retour de ses nationaux ? N'est-ce plus, les autorités nantis qui sont les premières à se soigner ailleurs, investissent à l'étranger, achats des immeubles par exemple, avec les fonds détournés ? Comment les simples citoyens ne doivent pas migrer ailleurs à la recherche d'une vie meilleure, si les autorités sont les premiers à se rapatrier pour des soins et des plaisirs ? Que dire, des diatribes accusatoires et contradictoires, virtuelle, entre citoyens Migrants et citoyens sédentaires ?
Nombreux parmi, nos concitoyens sédentaires prétendent du choix de confort des Migrants. Est-ce vraiment le but de migration ou plutôt la recherche d'une amélioration de condition existentielle ? Il me semble que notre migration est atypique, puisque le citoyen ne coupe plus le cordon ombilical avec sa mère patrie (son pays). Le Migrant ne se limite plus du devoir parental et familial, il s'investit localement, soit-il interprété du villagisme, en finançant et réalisant des missions d'utilité public voire en substituant l’État.
Est-ce abusif si celui qui participe au développement de son pays critique la négligence et la voyoucratie au développement de son pays d'origine ?
MOHAMED Hadji
COMORESplus