LE PESENTEUR SOCIAL DE LA GRANDE-COMORE
27 août 2016Par Mohamed HADJI
Défiant la loi de la Physique, la célébration de mariage traditionnel, dit, "Anda" contrôlée et validée par les "hommes accomplis" autrement dit, Notables, retient sur terre les Comoriens, en particulier, les Grand-comoriens, au-delà du Pesanteur de la Physique. Cette transcendante coutumière détermine la valeur existentielle, sociale et la vie dans notre société. Or, cette mode de célébration du mariage traditionnel et dans le respect des normes coutumières de "Anda Na Milla", disposés et administrés par l'Assemblée de "Boulé" sont dites non obligatoires.
Ainsi, l'artiste s'inspira de cette pensée sur ses proses : " La célébration du mariage dans les us et coutumes n'est ni obligatoire ni recommandée ni une fierté". Une affirmation facultative biaisée, dans la mesure où les effets du système ne distinguèrent pas les adhérents et les tergiversant qui ne voulaient pas cette mesure. Il me semble que les récalcitrants du non obligation de cette transcendance ignorent la réalité sociale de cette société hiérarchisée dont les normes issues du système s'appliquent à tous sans distinguer les adeptes et les contradicteurs. Si cette transcendance n'est plus obligatoire comme certains s'argumentent, pourquoi nombreux parmi nous bravent, narguent, ceux qui n'ont pas fait ou méprisent ceux qui se sont acquittés modestement disaient-ils ?
L'ambiguïté de cette solennité familiale et sociale dit non obligatoire.
Il est vrai qu'aucune loi ou décision coutumières imposées aux Grand-comoriens de faire le Grand mariage. En revanche, l'hiérarchisation de la société a fait cette bringue hebdomadaire, d’une gravité des hommes et femmes leur permettant d'atteindre le cratère social. Une valeur "maslowienne" que la majorité des Grand-comoriens mise ses économies, épargnes; s'endette, gage et endette leur progéniture et proche pour s'acquitter de ce boulet social. A l'inverse de ce festin non obligatoire, les décisions et valeurs découlant du système "Anda-Millatisme" peuvent s'imposer à tous, comme une loi sans distinguer ses fidèles et les détracteurs qui se déclarent sujet du droit positif.
Un administré peut être ostracisé, banni, avec sa famille, par le biais d'un homme accompli de la famille, aux seuls torts qu'il n'a pas respecté les règles coutumières. Administré, riverain ou citoyen ne sont pas sensés d'ignorer la loi du droit positif tout comme celle de "Millanantsisme". Un administré peut être écarté ou relégué au dernier rang quelle que soit sa notoriété, s'il ne s'acquitte pas du festin social du Grand mariage. Dans certains milieus, il faut s’acquitter des zébus. De même, un administré qui célèbre le Grand mariage, il emploi l'adage coutumière " Je paye ceux dont je suis redevable".
Un administré peut être défié de ne pas avoir honoré la dette coutumière. Ses proches aussi peuvent subit cette humiliation. Un mort peut être déterré s'il n' a pas fait le Grand mariage et même après un décès, certains demandent s'il est mort "Guzi" ou Notable ?
A travers les contraintes soumises à l'administré "Guzi", peut-on-dire que le Grand mariage n'est pas obligatoire ?
La vie au tour de Grand-mariage
Les Grand-comoriens passent et éprouvent leur vie dans le Grand mariage. Les grands investissements de l'Ile peuvent se résumer au tour de ce fardeau social. En majorité, on construit, on rénove une maison pour un but: faire son Grand mariage, celui de sa fille ou de sa nièce. Et même, si on construit, rénove sur d'autres raisons, les voies locales fixèrent une date du banquet. Des épargnes, des cotisations sont organisées pour financer une construction, achat de l'or, comestibles festifs, et droit et taxes du grand mariage.
Ainsi les grands marchés d'investissement sont axés sur la construction et l'alimentation. Il va de même les infrastructures locales sont financés principalement par les droits et taxes du Grand mariage et le système de "Milanantsi". L'Etat participe à l'inauguration de ses infrastructures en costumes et habits traditionnels dans le respect du Millanantsi pour brandir la politique politicienne. Par conséquent, le citoyen qui ne s'est pas acquitté du Grand mariage et qui n'est pas dans le protocole étatique doit être relégué au dernier rang de la manifestation. Psychologiquement, le citoyen instruit ou non instruit qui s'intéresse à la vie de la cité, se trouve dans l'obligation d'acquitter la dette sociale pour être considéré. Ou s’il est bravé de « Guzi ». Le grand mariage devient une obligation sociale sans avoir nécessité de texte législatif ou coutumier stipulant son obligation, c’est-à-dire du grand mariage.
L'inspiration des Grand-comoriens au "Anda na Milla".
L'Union des Comores déclare sur son Préambule Constitutionnel: "puiser dans l'islam, l'inspiration permanente des principes et règles qui régissent l’Union", les Grand-comoriens s'inspirent aux Milanantsi. À la différence de la Première, l'inspiration n'est pas marbrée sur la Constitution de l'Ile. Ainsi, le prêche de l'uléma doit respecter le Milanantsi. Un ustahadhu ou Imam doivent faire leur grand mariage pour avoir la place du premier rang à la Grande Mosquée, ou aux diverses manifestations réunissant des Notables. La religion doit s'inspirer de nos traditions et coutumes dans la vie et après la mort.
Dans plusieurs localités de Ngazidja, les familles n'osent plus prononcer la mort d'un proche avant de réunir les droits et taxes des Notables. Plusieurs familles peuvent se trouver dans des problèmes financiers pour assurer un soin ou un rapatriement d'un proche malade, mais une fois l'Ange de la mort ôte la vie du malade, la famille n'ose pas pleurer son mort, avant de réunir les sommes de droit et taxes du système Milanantsisme. A quoi sert le Conseil des oulémas dans ses faits et pratiques sociaux dans un État qui se déclare s'inspirer à l'islam ? Si le Grand mariage et le Milanantsisme font partis de notre patrimoine culturel et du Pesanteur social, les dérives de cet héritage ne nécessiteraient-ils plus l'intervention de l'Etat, des oulémas et de l'intellectuel ?
Mohamed HADJI
COMORESplus